5 : Elser

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" Le silence me fait peur... Il me donne trop de temps pour penser..."

Je me fais réveiller par le bruit strident et insupportable de mon réveil. Vous savez ? Celui que l'on a envie de faire « valdinguer » contre un mur. Je redresse mon buste et m'empresse d'aller éteindre cette sonnerie assourdissante de sur ma table de nuit. Je m'étire dans un petit grognement de lionceau, puis m'extirpe de sous la couverture. Je descends, tout en me frottant les yeux. Le réveil est assez rude. A vrai dire, je suis encore crevée. Mais je décide de déjeuner malgré tout. Je suis toute seule dans la grande cuisine. Pour changer ! Mais cette fois ce n'est pas parce que mes parents travaillent, au contraire, ils dorment encore ! Mais le lycée et ses obligations en tant qu'élève -qu'on doit forcer à se lever beaucoup trop tôt- m'appellent. Je me prépare des toasts : pain, beurre ; que je mange avec la lenteur d'une tortue. Je suis un vrai zoo à moi seule.
Je remonte ensuite dans ma chambre et marche jusqu'à mon dressing. J'en sors un jean et un sweat-shirt vert émeraude que je jette sur le lit. Je vais rapidement dans la salle de bain prendre une douche, et je m'habille. Dans les dernières minutes qu'il me reste, je me mets un peu de mascara et du baume à lèvres incolore contre le froid. J'ai la peau facilement sèche à cette période de l'année. Même chose en été... et en automne... printemps... ouai, en fait tout le temps. Après je descends à toute vitesse les escaliers et enfile mes converses d'un orange assez rétro. J'attrape mon manteau que je mets aussi.

Me voilà prête à partir. J'emmène mon sac sur les épaules, sans avoir besoin d'en changer le contenu. Il est rare que je me mette à travailler après les cours. Rester concentrer des heures, assise sur un bureau... pas trop mon truc. Je sais, c'est le truc de personne, mais je suis légèrement hyperactive et pour moi la concentration est très dure voire impossible dépassée une demi-heure. Donc un trieur me suffit amplement.

J'ouvre la porte et me voilà partie ! Dehors devant le portail, Gabriel m'attend, assis sur le trottoir. En me voyant, il se lève et frotte ses cuisses pour enlever les saletés.

- Désolée ! m'exclamais-je.

- De ?

- Je n'ai pas d'argent sur moi !

- HAHA très drôle.

Je souris. J'adore taquiner Gabriel et observer ses réactions. Bien que celle d'aujourd'hui soit décevante et bien trop classique à mon goût.


Aujourd'hui et sans surprise, ce fameux test en anglais avec le plus extraordinaire et magnifique, notez l'ironie dans ma voix,professeur d'anglais. Celui qui m'apprécie tant. Je sais d'avance que l'heure qui va suivre va m'être des plus insupportable.En effet en arrivant devant l'amphi dans lequel va se dérouler le contrôle, nous sommes tous placés, un siège sur deux, pour éviter la triche.

La triche... Un si joli mot pour dire qu'on a pas révisé et qu'on assume pas !

Comme je m'y attendais, monsieur Miller me place au premier rang, pour garder un œil sur moi. Quand je vous dit qu'il m'apprécie. Seul un idiot croirait en ma volonté à copier sur la feuille du voisin sans une once de culpabilité par la suite.

Les sujets sont distribués. Les premières questions me donnent envie de vomir ; les suivantes, l'envie de pleurer. Je ne peux ignorer que pendant ma lecture, le professeur me scrute d'un regard noir qui me déstabilise fortement, bien qu'il m'est dur d'admettre qu'il m'oppresse. Ma seule et unique pensée est alors de prendre mes jambes à mon cou et m'enfuir ; partir loin de cette salle. Mais alors c'est Gabriel que je décevrais. Il n'y a rien de pire que le regard d'une personne à qui on tient, attendant tellement de vous et finissant par un soupir, lasse de votre attitude.

Je regarde de nouveau ma copie, encore vierge de réponses. Je déteste rendre copie blanche. C'est comme faire face à une phobie pour moi.Comme cet écrivain devant son histoire qui n'est plus capable d'écrire un mot, tout en étant terrifié que son histoire s'arrête ;prenne fin.


Question 1 : How many people  were killed by Richard III ?

Richard III, de Shakespeare. C'est en effet une pièce de théâtre que je devais lire. Je n'ai pas dit que je l'avais fait.

Question 2 : What is a Palimsest  ?

Là mes espoirs s'écroulent.

Question 3 : Who is Buckingham for Richard ?

Le Titanic à perdu Jack comme le contrôle m'a noyé. Il y a toujours une première fois à tout. Aujourd'hui et ma première copie blanche. Je me lève de mon siège et remets ma trousse dans mon sac à dos. Je m'avance ensuite vers monsieur Miller et lui rend,honteuse, ma copie. Il sourit alors, heureux à l'idée de me rendre un zéro.

Je sors de la salle d'examen, sous l'œil affligé de mon ami. Je me rends aux toilettes, le seul endroit qui ne m'en veux pas encore.

Je me penche pour regarder si aucune ombre de pied ne dépasse pas de l'un des toilettes avant de conclure que je suis bel et bien seule. Je me rapproche du lavabo pour me laver les mains. Je me regarde ;grossière erreur.

Je suis pitoyable. Je le pensais ; en voyant mon reflet j'en suis sûre.Quelle horreur que mon reflet.

Insupportable !

J'éclabousse mon reflet avec rage comme pour m'auto faire foutre. Je suis plus qu'en colère. Je me relave les mains en me griffant chaque parcelles de peau, refoulant ma rage. Minable, je suis vraiment minable.

Tu aurais dû la lire cette foutue pièce, Elser. Tu sais lire ?T'as des yeux ? Qu'est-ce que t'es conne Elser.

J'éteins le robinet et me regarde à nouveau. Mes joues sont rouges. Aussi rouges que mes yeux. Mais aussi noirs que mon cœur. Je ne peux plus retenir mes larmes douloureuses. Je n'ai qu'une envie, c'est pleurer.Je me met contre le mur à côté du lavabo et me laisse tomber parterre. Je me recroqueville et entoure mes genoux de mes bras.

Je veux cacher mon visage. Je le rentre entre mes genoux, et je repense au regard de Gabriel quand il m'a vue quitter la salle d'examen.

La porte s'ouvre soudain, frôlant mes pieds dans un courant d'air.

- Elser, pourquoi t'es partit ?

- Laisse-moi, Gab.

- Non je reste. Je ne veux pas que tu te retrouves seule. Personne ne devrait pleurer seul.

Je relève ma tête vers lui et le regarde. Son intention est sincère et sans jugement.

- j'en ai marre, je veux plus aller en cours.

- La Elser que je connais est plus forte que ça.

- Non cette Elser est vraiment très faible en réalité ; c'est vraiment qu'une pauvre conne, une salope ! M'exclamais-je, pleurant, en me frappant le crâne à coups de poings.

- Elser, Elser, écoute moi ! Il stoppa mon poing en attrapant mon poignet, tu es loin d'être une conne et encore moins une salope. Un test ne défini pas qui tu es et un échec montre ta force. Jusqu'à maintenant tu t'es toujours relevé.

- Si tu savais ce que j'ai fais au lieu de réviser.

- Tes erreur ne définissent pas qui tu es.

Je haussais les épaules avant d'essuyer les larmes sous mes yeux.

- Tu vois même si tu n'as pas révisé le prof ne t'a pas tué, souri-t-il, tu lui a même fait plus plaisir qu'une bonne note.

- Pfff, rigolais-je, si il veut je continue, au pire regarder la télé plutôt que des livres ne me dérange pas tant que ça.

- Faux ! Ce qui te ferait plus plaisir que la télé c'est ton bon vieux livre Peter Pan que tu as dû lire euh.... combien de fois déjà ?

- Après la dixième fois j'ai arrêté de compter.

- Voilà pourquoi je ne sais plus ! Allez viens.


Encore accroupi, il se relève et me tend sa main avec un grand sourire. Je la saisis et me redresse à mon tour. 

Frôlement de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant