Elle était là, avec ses baskets trouées et son jean déchiré, assise sur les marches du lycée. Comme toujours, elle fumait. Son carré brun était ébouriffé par le vent, et la fumée quittait sa bouche pour s'envoler vers le ciel bleu. Les élèves qui passaient près d'elle semblaient flous.
Elle me vit arriver de la rue en face, alors que je traversais le passage piéton. Je ne sus jamais si elle me souriait ou me fusillait du regard, ce matin-là. Au pied des marches, j'hésitai. L'ignorer ou lui faire la bise? Finalement je me contente de passer à-côté d'elle en lui faisant un petit signe de la main. Elle n'a pas répondu, concentrée sur sa cigarette. Elle était belle, ce matin, comme toujours. Son teint s'accordait parfaitement avec le bleu du ciel, le gris des marches et le rouge de mon cœur. Cette fille passait sa vie à fumer, sans rien dire. La journée, elle se présentait aléatoirement aux cours, mais je ne l'avais jamais vue en français. Son sac faisait toujours un bruit de verre, tantôt plein, tantôt creux. Tout le monde savait que, du haut de son mètre douze, elle avait plus de caractère que n'importe qui, et que l'alcool ne l'arrangeait en rien.
Je sortis de mes pensées et finis de gravir les marches en direction du premier cours de la journée -auquel elle ne se présenterait pas, et auquel je passerai plus de temps à griffonner des rimes qu'à écouter le professeur.
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elle était là SOUS CONTRAT D'ÉDITION
Roman d'amour«Elle était là, avec ses baskets trouées et son jean déchiré,» A & V, elles sont là, mais surtout à la fin. Parce qu'elles auront juste assez de temps pour s'aimer et qu'on est jamais content de ce qu'on a.