Le garçon qui criait à la maladie [OS]

OS

Merci à @themxclan  pour la correction! 

(12 ans plus tôt)

« Viens, on va faire une blague aux mamans ! »

Loïs me tira par le bras vers nos mères en rigolant.

« Maman ! Maman ! Je crois que je suis malade, je ne me sens pas très bien... »

Son teint de peau vira au blanc et les larmes commencèrent à arriver.

Sa mère lui donna un cachet d'aspirine et l'envoya se reposer dans sa chambre, sachant que le lendemain, l'école nous attendait, elle lui en dispensa.

(Retour à aujourd'hui)

A l'époque je trouvais ça marrant, son jeu d'acteur était impressionnant pour un enfant de 8 ans.

J'avais moi aussi déjà essayé de faire pareil auprès de ma mère, mais bon... apparement mon jeu d'acteur n'était pas aussi bien que le sien vu que ma mère ne me croyait jamais...

Loïs a joué à ce jeu pendant très longtemps, en fait, il a fait ça jusqu'à ce que sa mère comprenne son petit manège. Le médecin avait raison : « Votre fils devrait penser a faire acteur, il joue très bien la comédie ! »

Arrivés à nos 17 ans la comédie de Loïs avait pris fin ; le bac approchait à grands pas, sa mère ne voulait pas prendre le risque qu'il loupe plus de cours que ce qu'il avait déjà fait.

C'était compréhensible, il avait déjà eu beaucoup de chance de n'avoir jamais redoublé malgré ses nombreuses absences.

Le jour de l'examen blanc arriva assez rapidement. Loïs n'arrêtait pas de se plaindre pour tout et n'importe quoi... Je crois qu'il stressait ou alors il n'avait juste pas envie de faire l'examen. Dommage pour lui, ça devait durer toute la journée.

La prof nous appela chacun notre tour, dans l'ordre alphabétique, pour nous placer ; comme lors du vrai bac, « Préparation ! » qu'elle disait.

Loïs fut mit derrière moi, l'épreuve blanche commença .

Tout se passe bien pendant la première heure, les élèves écrivaient dans le silence, tous étaient concentrés...tous sauf un.

Au moment où la cloche retentit pour annoncer la fin de l'épreuve, je me levai prêt à aller en pause, je m'arrêtai au bureau ou Lois était avachi.

Pas très malin de s'endormir pendant une épreuve blanche...

Je lui secouai l'épaule en l'appelant mais rien.

Voulant voir s'il dormait vraiment, je lui soulevai légèrement la tête...Son teint était pâle, beaucoup plus que ce que j'avais l'habitude de voir chez lui.

« Lois ? Lois !? Réveille-toi, l'épreuve est finie ! »

Toujours rien...

« Madame ? Je crois que Lois a un problème ! »

La prof arriva rapidement, mis ses doigts sur son cou pour pouvoir sentir son pouls, il était lent, trop lent...

Je courus chercher l'infirmière sous la demande paniquée de la prof.

A partir de ce moment là, tout est allé trop vite, beaucoup trop vite..

Lois fut emmené à l'hôpital en urgence. L'infirmière ne trouvait plus son pouls et quand elle arrivait à le sentir il était très faible.

Deux semaines sous observation, branché à des machines, Lois avait été diagnostiqué porteur du cancer ...

Malheureusement, c'était la dernière phase. Au vu du fait que Lois ait joué trop longtemps la comédie, sa mère ne prenait même plus la peine de l'emmener chez le médecin.

« Il lui reste un mois, tout au plus.. » Des hurlements déchirés se firent entendre suite aux paroles du médecin.

Une mère, en larmes devant le lit de son unique fils, pleurait à s'en détruire les cordes vocales.

Moi aussi j'étais là...mais je ne pleurais pas. Statufié face à lui, face à cette annonce... je ne savais pas comment réagir.

Alors je suis resté là, alternant mon regard entre lui et sa mère pendant peut-être vingt minutes.. ou deux heures, je sais plus.

Tous les jours je venais le voir, lui reprochant d'avoir joué avec le feu étant petit, lui remémorant nos meilleurs souvenirs, lui apportant le soutien de nos entourages.

Lui ? Il a pleuré la première semaine, depuis il rigole, comme si de rien était.

Quand je lui ai demandé comment il arrivait à sourire après ça, il m'a tout simplement répondu que « C'est la vie , on finit tous par mourir un jour ou l'autre. J'ai joué avec le feu trop longtemps sans m'être un jour, ne serait-ce que brûlé le petit doigt. On ne se rend compte de nos erreurs qu'une fois la fin proche. »