CHAPITRE 10

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Ce n'est que le lendemain matin qu'Ada regagnant son domicile. Mary avait tenu à la raccompagner, mais elle avait refusée, en prétextant qu'elle serait en retard pour sa convocation si elle le faisait. Mais la vraie raison, c'était qu'elle voulait faire durer au maximum le temps qu'elle mettrait avant de rentrer chez elle, et marcher des kilomètres était le meilleur moyen d’y arriver. Aussi, une fois postée devant la porte, Ada passa plusieurs minutes à observer la serrure avant de se décider à sortir sa clé, mais ses doigts tremblaient tellement qu'elle dû finalement s’y prendre à deux mains avant d'arriver à insérer la clé.

L'intérieur de sa maison était bercé par les rayons du soleil qui se diffusaient à travers les vitres. C'est comme s'il n'y avait personne, d'un pas silencieux, elle se déplaçait en frôlant les meubles, afin d’éviter tous représailles, ou coups de feu. Les chiens la regardaient la tête inclinée sur le côté sans comprendre sa nouvelle nervosité, et encore moins cette démarche étrange.

Aller dans sa chambre était la première des choses que voulut faire la belle métisse, mais pour ça, elle devrait au préalable passer devant celle de Nathanaël, et ça c'était plus facile à dire qu'à faire. Elle regardait le couloir d’un œil hésitant et craintif, comme si à tout moment un lion se matérialiserait devant elle pour l’engloutir, préférant reporter une pareille éventualité, elle resserra fébrilement les doigts autour de son trousseau de clé, et alla en cuisine se préparer une tasse de thé qu'elle mit plus de trente minutes à boire.
De temps en temps elle regardait la montre à son poignet, en se répétant à chaque minute qui passait que la prochaine serait celle qui la ferait partir pour sa chambre, mais adossée au l’évier de la cuisine avec sa tasse retenue entre ses deux mains sur ses lèvres, elle ne bougeait toujours pas. Elle avait finalement quitté cet endroit pour carrément s’asseoir.

Le temps passait, et si elle continuait à rester assise sur cette chaise, il était certain qu’elle serait en retard pour son travail, et prendre le risque de se faisait renvoyer actuellement serait catastrophique, avec les charges qui ne faisait qu’augmenter, elle prit alors son courage à deux mains, déposa sa tasse d’une main tremblante sur la table, avant de se lever lentement pour marcher jusqu’à l’entrée du couloir.

La porte de Nathanaël qu’elle avait entrouverte hier avait été complètement refermée, ses yeux se posèrent ensuite sur le pas de la porte, pour y voir que son plateau repas était toujours au même endroit qu'hier, et cette constatation la blessa. Instinctivement, elle passa les doigts sur l’éraflure qu’avait failli faire la balle sur sa joue, quand les trous sur le mur et la porte lui rappela la raison de son départ précipité de la veille.
Il ne fallait pas trainer devant cette porte, ni déranger son dangereux occupant.

C'est donc en courant presque qu'Ada passa devant la chambre fermée de Nathanaël pour atteindre la sienne, rapidement, elle se déshabilla, rejoignit la salle de bain, prit une douche éclaire, la plus rapide de tous les temps et retourna en silence se réfugier dans sa chambre telle une petite souris qui voulait éviter de réveiller le grand méchant chat.

La jeune métisse aux traits avenants était sur le point de partir, lorsqu’elle remarqua sur l’armoire basse, l'écrin qui renfermait ses nouvelles bagues sans savoir quoi en faire. On lui avait ordonner de les passer à son doigt, mais elle ne pouvait décemment s'y résoudre. Ces anneaux avaient beaux avoir été achetés pour elle, qu’elle ne s’en sentait pas propriétaire pour autant, elle prit alors une chaînette qu'elle ne portait pas de son coffret à bijoux, retira le pendentif, puis le remplaça par ses bagues, et l'accrocha autour de son coup, en prenant soin de les dissimuler sous ses vêtements. La température du métal contrasta pendant quelque temps avec la sienne, mais elle s’en accommoda, puis sortit en refermant la porte derrière elle. Les traits toujours tendus, Ada regarda la distance qu'il lui fallait encore parcourir pour passer devant sa porte. Un vrai parcours du combattant pensa-t-elle en avançant d’un très petit pas. Elle remarqua e nouveau qu’il n’avait pas touché à son repas, et même si elle ne voulait pas l’accepter, cela lui fit encore plus mal que la veille. Ne pouvant pas le laisse là, elle se mit à quatre pattes, le souffle bloqué dans sa cage thoracique pour plus de silence, puis elle avança sur ses genoux a pas de velours, jusqu'à la porte, elle prit le plateau d'une main, et continua le reste du trajet toujours à genoux. C'était triste de se comporter de la sorte dans sa propre maison, mais elle ne pouvait faire autrement. N'ayant plus le temps de se remplir le ventre avec autre chose qu’une tasse de thé à moitié bue, elle rangea le contenu du plateau dans le réfrigérateur, donna à manger à ses chiens, et s'en alla en refermant la porte avec moins de douceur pour lui signifier qu'elle était partie, si bien sûr il ne dormait pas.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant