Il prit ce détour : une sorte de raccourci pour regagner le village. Un sentier surtout fréquenté par les fermiers, les bûcherons et leurs bêtes de somme et de trait.
Sur le chemin, leurs traces et empreintes étaient bien là, si fraîches, marquant leur récent passage.
Dans l'air, l'odeur du fumier se mêlait à celle de la bouse de vaches. Toutes ces émanations, qui se propageaient de part et d'autre du sentier, sentaient bien l'animal, la ferme, la campagne, enfin !
Il en avait l'habitude. Son sens olfactif s'en fut imprégné, depuis déjà très longtemps. Son enfance et sa jeunesse ne connurent d'autres espaces que celui de la ferme et celles qui se trouvaient à proximité.
Cependant, comme tout le monde, il ne cessait de rêver de changement : quitter la ferme et la campagne et aller s'installer en ville.
- " Là-bas, au moins, tu as d'autres odeurs ! Tu peux bien avoir un avenir : tu peux te marier d'une citadine qui saurait s'occuper de toi, de ta rééducation, tu finiras par apprendre L'abécédaire de la modernité. Elle saura donner une bonne éducation à tes enfants. D'ailleurs, parlons enfants : en avoir deux ou trois suffira à une famille heureuse ! "
Lui, il arriverait par trouver un travail convenable et respectable !
Chemin faisant, il ne cessait de ressasser ce monologue avec ses certitudes et ses doutes. Tout le long de ce sentier, aux côtes et aux pentes abruptes, aux tournants et aux escarpements tortueux, suivant le mouvement des collines qui les séparaient de la ferme, plus bas, dans la vallée. Parfois, il était obligé de couper court à son rêve éveillé, car il lui fallait rendre le salut avec bonhomie à un fermier qui le croisait. Mais vite, il reprenait son monologue qui n'en finissait pas. Quand, soudain, il vit un objet, par terre, sur le bord du sentier. Il le prit, le tourna, le retourne, souffla dessus pour en dégager la poussière et se dit : voilà l'objet qui va sans aucun doute m'aider à changer toute ma vie ! Un fer à cheval !
Un fer à cheval qui dut se détacher du sabot d'un équidé.
Il le ramassa, comme le ferait un enfant trouvant une pièce de monnaie par terre : tout joyeux, tout heureux !
Il constata que le fer à cheval était bien muni de trois de ses clous. Il lui apparut tellement beau qu'il décida de le garder. Il le mit dans sa musette et continua sa marche vers la ferme.
Il ne devait pas en être si loin maintenant.
Le temps passa, les choses évoluèrent.
Il était devant la porte de son appartement. Il remarqua, dès que son épouse lui ouvrit la porte, que le fer à cheval était toujours bien à sa place. Il sourit. Il était heureux.
-Papa, papa. Te voilà, enfin,..
Ses enfants se précipitèrent, comme toujours, l'accueillir avec leurs cris de joie et de bonheur !
Il revenait de son travail. Oui, il avait décroché un poste de serveur au bar - touristes dans un grand palace de la métropole.
Ses habitudes changèrent. Son attrait, sa morale et sa langue de communication aussi. Son épouse devait en être pour quelque chose, puisqu'elle était citadine née !
Mais il ne cessait de se répéter au fond de son esprit que le fer à cheval était bien la source de son bonheur.
Enfin, son bonheur à lui, puisque depuis qu'il ne quittait plus son porte-bonheur :
le fer à cheval.
il ne cessait d'être heureux avec son épouse et ses deux enfants : un garçon et une fille !
Abdelmalek Aghzaf
Fès, le 16/05/2014.
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Nouvelle inédite : Fer à cheval
FantasyLE FER À CHEVAL serait un porte-bonheur, d'après les récits anciens, les traditions, les cultures, les mythes et les superstitions, à travers le monde entier. Y croire ou ne pas y croire, peu importe !