Me taire à jamais

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Heyyyy ! Voilà voilà un nouvel Aokaga comme promis ! C'est tout court pour changer ! Breef, j'espère qu'il vous plaira, bonne lecture !
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Me taire à jamais

[Aomine]
Je gardai les yeux baissés, refusant de les lever, par peur que la douleur ne s'y lise. Mais je dus bientôt m'avancer et fus donc forcé de porter mes iris loin du sol dallé, sur l'autel, sur des chaussures, plus haut.
Il était face à moi... Magnifique, resplendissant dans son costume blanc. Il souriait, vivant sans doute le plus beau moment de sa vie...
"Oui, je le veux."
Mon cœur se brisa une fois de plus. Comment une voix si douce, si brûlante et chaude pouvait-elle proférer de telles paroles, tranchantes ? Ce son si mélodieux m'emplissait tout entier, bien plus qu'il ne noyait cette jeune brune, cette gamine.
"Si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais."
J'avais envie de crier ma peine, de hurler ma douleur et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Pourquoi ?
Je vis les alliances et me concentrai sur mon souffle, pour me calmer. Je reçus un petit coup de coude de ma voisine, la meilleure amie de cette femme que je haïssais de tout mon être.
"Ça va ? souffla-t-elle tout bas, d'une voix langoureuse.
-Ouais... Ça me fait bizarre d'être ici."
Elle me sourit et passa un bras autour d'un des miens.
Le rouge nous aperçut et sourit d'autant plus ; c'était le seul au courant. Je grimaçai légèrement et me défit de l'étreinte désagréable de la blonde.
"Vous pouvez embrasser la mariée."
Le pire moment...
Au lieu de l'embrasser, l'ancien as me lança un regard empli d'interrogations, comme s'il voulait que je valide ses actions. Je lui souris, parce qu'il me faisait encore chavirer... je l'aimais trop...
Alors il l'embrassa, mais je ne vis rien, mes profonds abysses orientés vers le sol. De grosses gouttes, traîtresses, affluèrent dans mes yeux, menaçant de tomber. Je n'avais jamais craqué, pendant toutes ces années, mais là... c'en était trop.
Imaginer ses lèvres, si parfaites, que j'avais tant désirées, se poser sur celles d'une autre... Alors oui, je pleurais.
Je n'étais pas le seul, mais l'émotion n'était pas la même.
Je me sentis très à l'écart soudain.
Après ce bref baiser, je sentis un regard sur moi et séchai mes larmes d'un battement de cil avant de regarder enfin. Il me demandait s'il avait bien fait. Je laissai mes lèvres parler pour moi ; il y lut très distinctement : "tu vas passer une bonne nuit, chaton", et rougit, très fortement. Il était adorable. Depuis toujours.
Ce fut vers moi qu'il se tourna en premier, me serrant dans ses bras. Son parfum inonda mes narines, désagréablement.
"Ouais moi non plus je suis pas fan, c'est celui que portait le père d'Akame...
-Félicitations. T'as vraiment grandi depuis la première fois... Tu te rappelles ?
-Bien sûr !"
Je tapotai sa nuque et lui souris une nouvelle fois, au bord d'une seconde crise de larmes.
"Porte-toi bien.
-Oi tu dis ça comme si on allait plus se voir ! One-on-one trois fois par semaine minimum d'accord ?!"
J'acquiesçai, n'y croyant pas vraiment : elle ne le laisserait pas faire, et le tigre était trop gentil.
J'étais à la fois blessé et touché que l'américain m'ait choisi pour témoin... Officiellement j'étais son meilleur ami, quoique nous nous engueulions souvent, souvent pour rien, mais c'était oublié aussi vite que cela était apparu.
Depuis la fin du lycée, peu après que je me sois rendu compte de ma préférence, j'avais compris : c'était lui ou personne. Et je devais bien me rendre à l'évidence que j'avais perdu. Je l'avais su dès que mon regard sur lui avait changé, mais l'espoir que la fortune m'offre son cœur subsistait. Envolé.
Mais il fallait bien vivre, même si l'envie manquait. Une part de lui m'appartenait en quelque sorte, le lot de consolation.
Si je lui avais avoué ? cela y aurait changé quelque chose ? Sans doute... sans doute pas... Qui pourrait dire ? Je me hais de ne pas avoir osé ! Moi ?! Moi ne pas pouvoir avouer mes sentiments ? m'en sentir incapable ?! Et pourtant si... Plus que la peur de perdre son amitié - il m'aurait compris -, il y avait celle du rejet, de la brisure de mon rêve... un monde avec lui et moi... un monde simple et parfait.
Et un ballon.

Me taire à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant