Chapitre 2 : innocente et ignorante

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Mon cher,

Sais tu ce que ça fait d'apprendre, tout à coup, comme ça, que ta vie est un mensonge ? Que depuis ta naissance on te cache la face caché de ce que tu représente ? Que tu n'es pas censé exister ?

J'envie parfois ton enfance lointaine, dans ta grande fraterie, à cette époque où les enfants jouaient dans les rues, sortaient sur leur vélos dans les campagnes, plus libres que je ne le serais jamais.

J'étais dans le lit de ma mère pour lui faire un de ces calins silencieux, quand elle m'a tout dit. Que mon père était maríé, mais pas à elle. Que j'avais un frère et une soeur, qui n'étaient pas ses enfants. Que personne là bas ne savait mon existence, et que c'était mieux ainsi.

Aussi bizarre que celà puisse paraitre, ça ne m'a fait ni chaud ni froid. Rien. Je pense que j'avais du mal à imprimer, que je ne me rendais pas compte, que tout ça était trop compliqué pour moi. Et que la léthargie dans laquelle j'étais enveloppée depuis toute petite formait un cocon trop épais pour que n'importe quoi puisse me faire du mal.

Je crois que je l'ai oublié, un temps. Tout ça était trop lointain pour moi, trop iréél, trop atypique. Il y a juste certains soirs où je me demandais ce que celà faisait d'avoir un grand frère, une grande soeur.

Même si la curiosité me démangait, je n'avais aucune envie de les rencontrer, aucune envie de casser la routine, aucune envie de changer quoi que ce soit à ma vie. Je ne voulais pas grandir, pas sortir de mes pensées, pas affronter la vie comme on a tous à le faire un jour.

Juste jouer et travailler. Juste rester plongée dans mes rêves, en regardant le plafond de ma chambre. Juste exister sans vivre.

Car je ne vivais pas. J'étais simplement une enveloppe charnelle qui enveloppait un esprit qui ne se souciait de rien, qui n'avait aucune envie de découvrir quoi que ce soit, qui était perdu dans ses rêves de princesses et de dragons, de grenouilles et de chevaliers servants.

Ça parait exagéré quand on sait qu on parle d'une gamine de huit ans, mais c'est pourtant la vérité.

Je me pensais intelligente. Mais tous les bêtes se trouvent intelligents, car leur propre intelligence ne peut pas imaginer plus haut que leur limite. Je ne savais rien à rien, et même avec tout le mal que ça a pu me faire, ce qui s'est passé ensuite m'a aidé à murir et à me forger.

Et je sais que sans toi, tout aurait pu être bien pire.

Bien à toi,

Jo.


Bien à toi, Jo.Where stories live. Discover now