Chapitre 11 : Pluie

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Il pleuvait aujourd'hui.

Ce n'était pas, en soit, quelque chose d'hors du commun. Cela arrivait souvent au mois de mars. Cependant, ce qui était bien moins courant, c'était de voir le Roi d'Edolas attendre, impatient, sur les marches de la cour du château, trempé jusqu'aux os.

« Mon seigneur, s'écria le valet de chambre temporaire de Jellal, vous ne devriez pas rester dehors par un temps pareil.

Le Roi ne prit même pas la peine de lui répondre. Il espérait que Coco reviendrait rapidement de ses congés et qu'il pourrait tout aussi rapidement se séparer de cet incompétent valet qui semblait penser que sa royale personne n'était pas faite pour survivre à la pluie et qu'il vaudrait mieux qu'il rentre au château. Au chaud. Alors qu'il pleuvait. Qu'Erza était sous la pluie. Et qu'elle revenait. Enfin !

Et qu'elle était en retard !

Ses troupes étaient revenues le matin même, victorieux. Ils avaient été accueillis en héros par la population. Il y avait même eu une fanfare à leur honneur. Le spectacle aurait été parfait si leur commandant n'avait pas manqué à l'appel. Jellal avait appris, alors que la panique avant commencé à le submerger en constant l'absence d'Erza, que cette dernière avait croisé quelques hommes suspect sur le chemin et qu'elle avait décidé de les suivre. Seule.

Jellal soupçonnait bien que ce n'était pas la véritable raison de son escapade. Erza avait simplement souhaité éviter de rentrer chez elle sous les hourras, les félicitations et la félicité du peuple. Car elle avait dû prendre des vies et de ce que le Roi avait pu comprendre, elle ne voulait pas être acclamée pour cela. C'était une leçon qu'elle avait appris de son alter-ego de Fairy Tail.

Cela n'empêchait pas le Roi de trouver son absence plus que regrettable et d'avoir décidé lui-même d'attendre qu'elle ne rentre. Après tout, c'était lui qui l'avait envoyé combattre.

-Mon seigneur, insista son valet, il pleut de plus en plus. Rentrer donc vous mettre à l'abri. Je suis certain que le commandant Knightwalker ne vous en voudra pas !

L'agaçant valet de chambre semblait décider à l'ennuyer, remarqua-t-il.

-Il est d'usage que le Roi lui-même félicite ses commandants vainqueurs dès leur retour. Qui suis-je pour bafouer la tradition ?

Evidemment, il n'avait rien à faire de la tradition. Il était un Roi réformateur, il avait changé profondément Edolas, avait créé de nouvelles institutions, était adepte du plébiscite et avait rendu le pays plus démocratique. Beaucoup de traditions n'avaient pas survécus à son règne pourtant encore court. S'il s'agissait de quelqu'un d'autre qu'Erza, il se doutait qu'il n'aurait pas attendu dans le froid qu'elle arrive.

Mais il oubliait le froid qu'il faisait dehors, il oubliait le manège de la pluie, il ne ressentait pas ses éclaboussures. Il attendait qu'Erza revienne et qu'elle le réchauffe de son air espiègle comme elle était la seule à savoir le faire.

Il en était là de ses pensées quand soudain, il aperçut au loin une chevelure rouge qui ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Aussitôt, il quitta les marches et se pressa vers elle. En quelques secondes il était face à elle –suivi de son inutile valet- et la détailla du regard.

Erza était trempée. Elle avait troquée son armure pour une tenue un peu plus chaude, une veste rouge sur les épaules, et un pantalon noir. Ses cheveux mouillés étaient collés à son visage, et des gouttes d'eau dégoulinaient de ses cheveux et se perdaient dans son coup et vers des endroits inconnus.

Elle sembla surprise de le voir là et ne manqua pas de lui faire comprendre :

-Majesté, que faites-vous dehors ?

Jellal aurait bien voulu lui répondre que c'était uniquement de sa faute s'il était actuellement trempé mais sa mauvaise foi l'aurait mise en colère. Et le Roi d'Edolas n'aimait pas du tout quand Erza se mettait en colère, c'est pourquoi il répondit :

-Je viens féliciter un de mes commandants pour la réussite de sa mission et aussi lui rappeler qu'il est du devoir de ce dernier de rentrer avec ses hommes. Pas avant, ni après.

Erza le foudroya du regard et, brusquement, redressa sur ses épaules son sac (Jellal s'amusa d'ailleurs de constater qu'elle n'en avait qu'un quand Erza Scarlett en avait une trentaine).

-Je ne vois pas l'utilité de gagner un combat pour votre royal fessier si c'est pour que vous mouriez de froid, idiot ! renvoya-t-elle, cinglante.

Le temporaire valet de chambre s'étouffa à l'entente de ses mots, effrayé à l'idée qu'une simple femme –fut-elle commandante des armées- venait d'insulter le Roi lui-même. Mais Jellal ne se sentait pas insulté du tout. Au contraire, il sourit à la jeune femme.

-Heureux de voir que ces deux mois n'ont pas eu raison de votre langue acérée, commandant Knightwalker.

Elle haussa les épaules, amusée.

-Je suis flattée, votre gracieuse seigneurie royale, de votre intérêt. »

Elle ricana à ces titres pompeux, les yeux brillants.

Là, sous la froide pluie de mars, le Roi d'Edolas n'avait pas eu aussi chaud depuis deux mois.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant