Chapitre 3 :

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Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Encore un cauchemar. Ca m'arrive de plus en plus souvent ces derniers temps, je ne sais pas ce qui m'arrive. Mon téléphone indique 3:04. Génial. Je suis sûre que je ne vais même pas réussir à me rendormir, c'est toujours comme ça de toute façon. Je m'assois sur mon matelas, mes yeux s'habituant peu à peu au noir de la nuit. J'aperçois que Beck a encore oublié de tirer ses rideaux, c'est incroyable de pouvoir être si tête-en-l'air. Deux cintres sont accrochés au dos de sa porte fermé : il s'agit de nos robes de bal. Elles sont toutes deux enfermées dans des housses pour qu'elles ne s'abîment pas, ou plutôt pour que je ne vois pas la mienne. Beck sait très bien que je pourrais à tout moment dérober son chef d'oeuvre, mais elle sait aussi que je ne ferais jamais ça : ça lui ferait trop de peine. Et tant que je peux éviter de faire de la peine à Beck, ça m'arrange. Donc je n'y touche pas, même si l'envie est très forte. Pour être franche, je ne suis même pas certaine de vouloir y aller à ce bal... Je veux dire, qu'est-ce que je peux faire à un bal ? Je suis nulle en danse, je marche toujours sur les pieds de tout le monde, je ne parle jamais à personne – comment pourrais-je ? Je n'ai même pas de cavalier, qui voudrais de moi en même temps ? Je sais que Beck m'a promis qu'on se ferait un bal entre amies mais elle va quand même finir dans les bras de son crush. Je suis une bonne amie et je ne veux pas gâcher sa vie, alors bien sûr que je veux qu'elle vive son idylle avec celui qu'elle aime, que je veux la voir heureuse, simplement... Moi aussi, j'aimerais être heureuse. Mais c'est plus dur que ça en a l'air.

***

Un bruit strident me réveille. J'ouvre un oeil, encore endormie, et aperçois Beck marteler son réveil de coups pour l'éteindre. Je ris doucement et lui balance mon oreiller au visage avant de reposer la tête sur mon matelas, ma couverture sur le visage. L'oreiller me revient aussitôt.
- T'as bien dormi ? demande Beck.
Je sors la tête de dessous mon abri improvisé. Je fais la moue, et lui désigne le chiffre 3.
- 3h du mat' ? Chiant...
Beck me lance un petit sourire. C'est marrant, quand on y pense... Je veux dire, je considère Beck comme ma meilleure amie, pour la simple raison qu'elle a été là pour moi quand j'en ai eu besoin. A mes yeux, c'est déjà beaucoup. Elle ne m'a pas laissée tomber quand tout le monde le faisait, elle a cherché plus loin que ce que représentait cette petite fille brune à la mine triste. Elle a fait ce que personne n'a fait, et jamais rien ne pourra changer ça.
- Belle ? fait Beck en claquant des doigts. Tu t'es encore perdue dans tes pensées.
Je sors de mes pensées fructueuses et mon regard redevient normal. Beck sourit toujours : elle dit que comme toutes mes pensées restent dans mon cerveau sans jamais n'en sortir, ça créé des cyclones dans lesquels je me perds souvent. Tout Beck, ce genre de réfléxion.
- Tu sais quoi ? J'y ai pensé, hier soir, et je pense rajouté un drapé bleu roi à ma robe. T'en penses quoi ?
Je hausse les épaules en souriant à mon tour. « Comme tu veux ».

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