Chapitre 13

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Le soir-même, ma mère et Madame Gerson s'en allèrent. Monsieur Gerson, le mari de cette dernière était venu dîner après son retour, puis ils quittèrent le Palais. Den resta, car il attendait le retour d'Henri et du gouverneur pour leur parler d'une affaire. Et Matt emménagea dans ma chambre, car je refusai qu'il dorme seul.

Au moment de partir, ma mère me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte, mais me reculai rapidement sans la regarder dans les yeux. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point elle m'avait blessée. La veille, nous ne nous étions pas revues. J'avais trouvé la lettre de mon père sur mon lit en montant me coucher, et je m'étais empressée de la cacher sous mon matelas.

Au lieu de chercher le regard de ma mère, je cherchai celui d'Adam. Lui aussi me regardait. Il paraissait soucieux, comme si quelque chose le tracassait. Regrettait-il notre après-midi de la veille ? Je n'avais cessé d'y penser depuis. Je rêvais d'entendre à nouveau ses doigts jouer, et d'apprendre à jouer comme lui.

C'est ce que nous fîmes toute la semaine qui suivit. Quand je ne jouais pas avec Adam, je courrais à la salle du piano, et il m'apprenait à jouer. Et s'il n'était pas là, je répétais ce qu'il m'avait appris.

La nuit était le moment que j'attendais le plus. Nous nous retrouvions à nouveau, et cette fois, c'était lui qui jouait pour moi. J'étais si heureuse, quand nous étions enfermés tous les deux dans cette pièce, emportés par la musique. C'était sans doute les seuls moments où je me sentais à l'aise dans ce Palais.

Quand Adam ne me rejoignait pas pour jour, j'en profitais pour sortir le livre que j'avais volé à la bibliothèque. L'agitation de ces derniers jours m'avait fait oublier son existence, jusqu'à ce qu'Adam s'étonne de certaines notes qui sonnaient faux.

— Ah oui ? avais-je bafouillé en rougissant.

— Qu'est-ce que tu me caches ? m'avait-il demandé en fronçant les sourcils.

— Rien du tout !

Mais devant son regard moqueur, je soupirai et sortis le livre de sa cachette.

Il se mit à rire, et l'ouvrit.

— Sky, si tu savais le nombre de livres que j'ai volé dans ce Palais ! Mais je dois avouer que je n'étais jamais tombé sur celui-là.

Nous nous étions alors mis à le lire. Il était surtout composé de photos du ciel. On y voyait des orages, des couchers de soleil, et même des pluies d'étoiles filantes. Mais il n'y avait aucune explication sur sa disparition.

J'étais émerveillée de voir toutes ces photos. À part les dessins d'Adam, je n'avais jamais vu le ciel tel qu'il était autrefois.

Adam me taquinait en voyant mon air surexcité à chaque fois que j'ouvrais le livre. Mais il était tout aussi impressionné que moi par ce que nous y lisions.

Je découvris ainsi qu'autrefois, les hommes avaient trouvé le moyen de voler dans le ciel, et je m'étais tourné vers Adam en m'écriant :

— Un jour, je volerai là-haut.


— Je t'y emmènerai, m'avait-il répondu en souriant.

Les rares moments où je n'étais pas en train de jouer du piano ou lire le livre, je les passais avec mon frère ou avec Tiana. Je m'attachais de plus en plus à elle, et au fil des jours, je commençais à la considérer comme une véritable amie.

Nous nous racontions tout et n'importe quoi, commentant les tenues des invités du gouverneur qui passaient dans le jardin, se partageant les derniers ragots des servantes, parlant d'avenir et de projets. J'évitais toujours de lui parler de moi. Je n'étais pas encore prête à lui dire qui j'étais.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant