chapitre 47

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Le lendemain je me levais bien avant daour et entamais de faire ma valise.
Aprés cela, je la mis sous mon lit et me recouchais comme si de rien était mais je n'arrivais pas à refermer l'oeil jusqu'à ce que j'entende daour se préparer et sortir en refermant la porte de la maison.
Lorsque j'entendis sa voiture démarrer, je rejetais les couvertures par terre et me levais en vitesse.
Je pris rapidement une douche et m'habillais sans m'attarder sur ce que je portais.
Les battements de mon coeur m'empêchaient de respirer normalement .
Je n'arrivais toujours pas à croire que la liberté soit si proche.

À 9h15, j'avais déja fini de me préparer et attendais dans le salon, la valise entre les jambes, avec une impatience non dissimulée.

À 9h00 tappante, il était là, toujours aussi ponctuel.

Je me jetais dans ses bras dés que je l'ai aperçu.

Il posa légèrement ses mains sur mon dos.
Je savais que ce qu'il s'apprêtait à faire ne l'enthousiasmait guére .
Il m'en avait fait la promesse presque sous contrainte et j'étais consciente du mal que je lui causais mais pour moi, c'était nécessaire.

Je me séparais de lui et le regardais tristement, priant pour qu'il lise ma profonde désolation dans mes yeux.
Mais à la place il me demanda:
                     - es tu prête?

Pas de "bonjour" ni de " comment ça va" ni même de "salut".
Rien que des paroles remplies de chagrin.
Une question remplie d'amertume.

Je ne pouvais pas ouvrir la bouche.
Je me contentais juste d'hocher lentement la tête.

Il prit ma valise et me tourna le dos.
Je le suivis jusqu'à sa voiture.
Il mit la valise dans la malle et m'ouvrit le portière passager.
J'entrais et il alluma le moteur.

Etais-je vraiment en train de faire ce que je faisais?
C'était la question qui me turlupinait l'esprit.
Moustapha conduisait sans me regarder ne serait-ce qu'une fois.
J'étais vraiment partagée entre l'envie incontournable de revoir ma grand-mére et la désolation profonde de devoir quitter le seul frêre que j'aie jamais eu.

J'avais le moral presque à zéro.

Lorsque nous arrivâmes à son agence, il me demanda de l'attendre et entra à l'interieur.
Je l'attendais en regardant de tous les côtés.
C'était une belle bâtisse sur la devanture duquel était inscrit EASY TRANSPORT COMPANY.
Lorqu'il revint quelque minutes après, je le suivis et nous nous retrouvâmes vite fait dans une sorte de hangar où beaucoup de bus étaient placés côte à côte.

Nous nous sommes arrétés devant un bus à moitié plein où il me fit entrer en me suivant.

Bizarrement, je me retrouvais assise devant, à côté du chauffeur, une place avec une vitre qui nous permettait d'avoir une vue totale du paysage durant tout le trajet.

Je compris que ce n'était pas un hasard.
J'étais sûre que moustapha a voulu qu'on me donne cette place pour que je ne sois dérangée par personne et que je bénéficie du confort nécessaire jusqu'a bon port.

Lorsque je me fus bien installée, il rangea ma valise en dessus de ma tête et vint se placer à côté de moi.

Là, il me prit les deux mains et me dit:
                - voila, maintenant on y est. Tu es prête à partir.

Il me remit un billet et me dit.

                    - ceci est ton billet de bus. Tu devras le montrer au contrôleur lorsqu'il entrera.

Je me contentais juste de le fixer car je savais que c'était peut être la derniére fois qu'on se verrait.

Il tâta sa poche et en sortit son calepin puis une liasse de billets.

                   - prends ceci. Je l'ai convertit en fcfa. Tu en auras sûrement besoin.
Je regardais sa main puis pris la liasse de billets.

                     - le voyage durera un bon bout de temps mais ne t'en fais surtout pas. Il y aura trois arrêts. Une agence de rattachement s'occupera de vous et de votre nourriture à chaque arrêt. Tu pourras descendre si tu as des besoins.

Je me contentais de le regarder, incapable de prononcer le moindre mot.
Il me fixa aussi sans ciller.
Je ne pus résister à l'envie de me jeter dans ses bras et je l'étreignis de toutes mes forces.
Je sentis une humidité au niveau de nos deux joues collées.

Moustapha pleurait.
Je pleurais aussi.

Tous ceux qui étaient dans le bus nous regardaient compatissant.

Je le tenais plus fermement dans mes bras et l'embrassais sur chaque joue.

                 - mon frêre... Tu vas tellement me manquer mon dieu.

Il se détacha et essuya mes larmes.

                  - tu vas aussi me manquer mais pars et accomplis ton choix.

Il se leva et sortit brusquement du bus comme s'il me fuyait.

                     - bon voyage. Me lança t-il.

Nous nous regardâmes longuement à travers la vitre du bus puis il s'en est allé d'un pas pressant à l'interieur de l'agence.
Le moteur se mit à ronronner.
Je ne m'étais même pas rendu compte que le chauffeur avait pris place à côté de moi ni que le bus s'était totalement rempli.
Un jeune homme vint vérifier nos billets et lorqu'il fut sûr que tout était en régle, il descendit du bus qui démarra de suite.

Le trajet se passa comme me l'avait dit moustapha.
Nous nous sommes d'abord arrêtés à senoba puis à ziguinchor et enfin à kaffountine.
J'ai eu beaucoup de mal à me nourrir convenablement mais j'ai quand même forcé.
J'avais besoin de forces pour affronter la nouvelle vie qui s'offrait à moi.
Je ne voulais même pas penser à la fureur de daour lorsqu'il se rendra compte de ma disparition.
Tout ce que je savais c'était que s'il daignait montrer le bout de son nez chez grand-mére mariane, je ferais un énorme boucan qui ameuterait tout le quartier pour qu'il me laisse tranquille.
Mais pour le moment, tout ce à quoi je voulais penser c'était aux bras de grand-mére qui m'envelopperaient lorsque je serai là bas.

Le trajet dura à peu prés neuf heures de temps sans plus.

Le bus s'arrêta sur la route nationale de teunguedj prés de keur massar aux abords de 20h.

Je descendis avec ma valise et héla un taxi direction liberté 6.

Si ma valise n'avait pas été si lourde, j'aurais sauté de joie à la seule idée de revoir bientôt ma grand-mére.

Enfin, j'aurais l'opportunité de discuter avec quelqu'un de tous mes malheurs.

J'étais de nouveau à Dakar mon dieu!!!!
À Dakar au Sénégal !!!
J'avais un mal fou à y croire.
Mais j'y étais vraiment.

Je me disais que je serais chez grand-mére.
Oui, chez MA grand-mére.
La seule et unique.

Sombre Réalité (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant