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Vendredi 

— Nous sommes arrivés, Monsieur.

— Merci Andrew.

Arnaud appréciait la discrétion de ce garçon qui avait suivi une formation de majordome dans l'une des meilleures écoles de Londres.
Certes, son salaire annuel était mirobolant pour un employé, mais compte tenu des lieux où il l'emmenait et des habitudes de l'homme d'affaires, Andrew méritait même une belle augmentation.

Il ouvrit la portière pour permettre à Arnaud de s'avancer sur le tapis qui allait jusqu'à une porte en métal.
Devant, un portier qui aurait pu avoir sa place dans n'importe quelle équipe de rugby attendait.

Arrivé à sa hauteur, Arnaud sortit de l'intérieur de sa veste une carte laquée noire. Il n'en fallut pas plus pour que l'homme incline la tête dans sa direction et s'efface non sans avoir donné l'ordre rapide d'ouvrir la porte.

Compte tenu du genre de soirée qui avait cours entre les murs de pierre, mieux valait faire profil bas.

Une fois franchi le seuil, Arnaud de Ferrand gagna une alcôve où une magnifique blonde vêtue d'un tailleur chic, ses cheveux retenus en un chignon serré lui adressa un sourire chaleureux et courtois.
Comme l'exigeait le code des employés du Club, elle ne devait rien porter en dessous.

— Bonsoir Monsieur. Je vous débarrasse.

Elle avait une voix grave et sensuelle, les cris qui devaient monter de sa gorge quand on la baisait devaient être délicieux.

Toutefois, Arnaud ne s'attarda pas sur les fantasmes que lui inspirait l'hôtesse d'accueil. La belle brune avec qui il avait échangé l'obsédait. D'où lui venait la certitude que cette fille pourrait être une soumise de choix ?

D'un point de vue strictement physique, elle remplissait tous ses critères. Grande, mince, cheveux foncés. Et de l'aplomb. 

Arnaud aimait les femmes de caractère, elles se révélaient des mets de choix.
Il se souvenait encore avec une certaine excitation de sa première vraie séance avec Éva. À sa main frappant ses fesses parfaites parce qu'elle avait refusé de retirer sa culotte et de l'appeler monsieur, au bâillon pour la punir de son insolence. De son sentiment de triomphe quand elle s'était mise à genoux pour lui demander pardon. Et dire que dans la vie, elle était directrice commerciale à l'internationale d'un grand groupe de cosmétiques.

Mais ce temps était révolu. Et la place semblait promise à une étudiante avec du répondant et des convictions affirmées.
Tandis qu'il remontait un couloir décoré de peintures toutes plus suggestives les unes que les autres, Arnaud sourit. Il espérait qu'elle accepterait sa proposition. Et surtout qu'elle serait novice en la matière.

Novice, mais pas vierge. Dans ce cas, il renoncerait non sans amertume. Les jeux auxquelles il soumettait ses propriétés étaient trop intenses pour les proposer à une fille n'ayant aucune expérience sexuelle.
Il n'était pas un mièvre héros d'une pseudo comédie érotique pour initier une femme au sexe et faire son éducation.

Avant de franchir un lourd rideau de velours carmin, le quarantenaire jeta un ultime coup d'œil à son téléphone : aucun nouveau message.
Déçu, il bascula en mode avion. Il avait beau faire partie du carré or VIP du Club, les règles étaient les mêmes pour tous les membres : interdiction de recevoir le moindre appel ou message dès lors que l'on pénétrait dans la première salle.

L'intérieur du Club affichait un luxe discret : bois, chrome, lumière tamisée, ambiance feutrée.
Une partie de la pièce était occupée par un immense bar tout droit sorti d'un film sur la prohibition. Un barman en costume chic s'y affairait. Et mieux valait avoir un compte en banque bien fourni avant de s'asseoir sur l'un des tabourets.

Soumise (éditée chez Vipérine)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant