ROWENA
— Ah, Rowena, vous voilà enfin ! s'enthousiasma une voix un brin réprobatrice dans la cacophonie sonore qui régnait au rez-de-chaussée du château des Serdaigle.
En quelques enjambées, Lord Guilhem Serdaigle fendit la foule qui le séparait de sa fille et vint se placer à ses côtés dans l'encablure de la porte de leur salon de réception.
— Veuillez m'excuser, Père, répondit poliment la jeune femme. Cysla paraissait indécise quant à la façon de me coiffer, expliqua-t-elle, lissant dans le même temps les pans soyeux de sa robe pourpre.
Les yeux d'un bleu ardent de Lord Serdaigle lorgnèrent du côté de sa longue chevelure ébène, tressée avec soin par l'adolescente qu'il avait engagée à cet effet quelques mois plus tôt. Il ne me croit pas, songea Rowena en retenant un sourire amusé. Comment lui en vouloir ? Il ne sait que trop bien de quoi je serais capable pour me soustraire à ses fameuses réceptions mondaines !
Elle avait toujours haï ces grandes fêtes que son père donnait deux fois par an. Lorsque son âge le lui permettait encore, elle refusait purement et simplement d'y assister et passait la soirée enfermée dans sa chambre ou, quand le temps le permettait, à rouler dans l'herbe des champs voisins, mais, le temps des caprices étant révolu, c'était aujourd'hui au moyen de ruses variées qu'elle tentait d'y échapper. Quand elle n'était pas indisposée, c'était sa robe ou sa coiffure qui s'avéraient inadéquates, et toutes ces coïncidences avaient fini par mettre la puce à l'oreille de Guilhem.
— Elle a eu raison, finit néanmoins par conclure celui-ci, masquant à la perfection son agacement. Vous êtes très élégante.
— Je vous retourne le compliment, dit Rowena en jetant un bref regard à la robe myosotis finement brodée de fils d'argent que portait son père.
Flatté, Guilhem rosit de plaisir avant de s'éloigner en lui souhaitant de passer une agréable soirée. Rowena le considéra du coin de l'œil alors qu'il s'arrêtait pour saluer un de ses vieux amis, vêtu de la même manière que lui. La jeune femme avait beau trouver ridicule cette nouvelle manie que son père et quelques autres avaient de troquer leurs vêtements traditionnels contre ces robes amples, certes magnifiques, mais peu pratiques, elle se gardait bien de faire tout commentaire. Elle savait parfaitement que ce n'était qu'un effet de mode ; le résultat de l'animosité qui, depuis plusieurs décennies, grandissait entre Moldus et sorciers, poussant ces derniers à se reclure entre eux et à affirmer leur différence à grand renfort d'accoutrements ridicules.
— J'ignorais que votre père et vous partagiez vos vêtements... ironisa justement quelqu'un à son oreille.
— Nick ! se scandalisa Rowena en se retournant d'un bond vers le nouveau venu.
Le visage rieur, Nicholas Ollivander se tenait à quelques pas d'elle, resplendissant dans des habits tout à fait normaux.
— Nul besoin de faire semblant avec moi, Rowena : je sais bien que vous trouvez aussi amusant que moi cette nouvelle lubie qu'ont nos pères...
— Ce n'est pas une raison pour que d'autres l'apprennent, insista la jeune Serdaigle.
Rowena connaissait Nick depuis l'enfance. Guilhem Serdaigle ayant toujours aimé être entouré de personnes influentes, c'était tout naturellement qu'il s'était rapproché de Lysander Ollivander, le père de Nicholas, qui, par sa qualité d'unique fabricant de baguette d'Europe de l'Ouest, disposait d'un avis écouté et approuvé par l'ensemble des sorciers. Aussi avait-il offert aux Ollivander un manoir situé dans les environs de l'imposant château des Serdaigle, officiellement pour leur permettre de se reposer de l'effervescence citadine, officieusement pour renforcer ses liens avec l'une des familles sorcières les plus importantes du pays. Et, si les relations des deux patriarches restaient purement superficielles, la plus sincère des amitiés liait Nick et Rowena depuis leur enfance.
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Time of Founders
FanfictionOn dit que pour raconter une histoire, il faut toujours commencer par le début. Chercher le fil des événements, et le dérouler jusqu'à remonter aux origines. Il est des histoires que tout le monde connaît. Des fins, heureuses ou malheureuses, qui so...