Jane Ty met un certain temps avant de me répondre. Probablement à cause d'un combat intérieurement qu'elle mène. Elle me dévisage, ses yeux s'humidifient, elle lâche un soupire pour se détendre et se reprend.
- Je... je suppose que je ne dois pas voir d'inconvénients à cela, bredouille t'elle.
- Je ne veux vous forcer à rien Madame, je réplique doucement.
- Jane, me corrige-t'elle, suivez-moi.
J'obtempère et elle me conduit au salon de notre première rencontre. Je m'assois au même endroit que la dernière fois et attends qu'elle s'assoit à son tour, en face de moi.
- Je vous écoute.
Mon carnet et mon stylo entre les mains, je réfléchis une fraction de seconde par où je vais commencer, je n'ai pas besoin de plus de temps.
- La dernière fois, vous m'aviez plus ou moins laisser entendre que vous pensiez que votre fille s'est faite assassinée. Qui aurait pu lui en vouloir ? je pose le plus délicatement possible.
- Je n'en sais rien. Oh mon dieu je ne sais pas, j'aimerais tellement le savoir ! lâche-t-elle dans un cri, Emma était tellement, je ne sais pas, une fille merveilleuse. Personne n'aurait pu lui en vouloir.
Je note attentivement ses moindres paroles, mais aussi ses faits et gestes. Elle se tortille les mains assez violemment, comme si elle était terriblement anxieuse ou pire, comme si elle se sentait coupable.
- Vous avez des enfants Lieutenant ? me demande t'elle soudainement.
Je secoue la tête négativement, tout en sentant mon coeur se resserrer lentement.
- Un conjoint ? continue t'elle.
- Il est mort dans une fusillade l'an passé, je lâche.
- Pardonnez-moi, réplique-t'elle plutôt par politesse que par compassion.
- Ne vous en faîtes pas, je réponds.
Un léger silence déplaisant s'installe, mais Madame Ty s'empresse de le briser.
- Si vous voulez en savoir un peu plus sur Emma, allez contacter Ambre Cobb, la jeune blonde sur la photo, précise-t'elle. Elles étaient amie depuis leur enfance. Ambre est dans le même lycée.
- Très bien, je vous remercie pour votre accueil Madame, je me dois d'y aller à présent.
Je me lève lentement et mon hôte en fait de même, je lui tends ma droite pour qu'elle puisse la serrer. Au lieu de ça, elle prend ma main à deux mains et la tire vers elle.
- Merci, merci de vous préoccuper du sort de ma fille. Je sais bien ce qu'il se dit dans la presse et au sein du voisinage. D'ailleurs, il doit se dire la même chose dans la police. Que mon petit ange se serait suicidé. Mais vous, vous ne lâchez rien et je vous en remercie.
- Ne me remerciez pas Madame, il en va de mes principes, je ne peux pas me permettre de laisser un meurtrier courir les rues.
Madame Ty me gratifie de son plus beau sourire, qui, en temps normal devait rosir ses pommettes et faire briller ses yeux.
- Une dernière chose Lieutenant, ajoute t'elle avant que je tourne la poignée, ne vous inquiétez pas pour mon mari, c'était des paroles en l'air. Il a juste envie de ne plus entendre parler de toute cette histoire.
- Contrairement à vous, je constate.
- En effet, il est dans le déni le plus total, approuve t'elle, disons que chacun à sa manière d'affronter la mort.
- Et qu'il n'y en a pas une meilleure que d'autres, je complète en baissant légèrement mon regard.
- Je n'aurais certainement pas dit mieux, admet-elle.
Cette fois, on se sert la main et je sors de la maison. C'est l'ordinateur d'Emma sous le bras et le pas légèrement lourd que je rejoins Davis probablement morte d'impatience.
Dès que j'ouvre la porte côté conducteur, Davis me harcèle de questions auxquelles je réponds avec un infime précision. Je ne veux rien omettre de lui dire.
Lorsque nous arrivons au commissariat, je m'empresse de sortir de la voiture pour arriver à mon bureau. J'avais tous les mots de passe potentiels que Paul m'avait donné. Maintenant, il fallait qu'il y en est un qui fonctionne.
Davis me suit de près, et je peux aisément lire l'excitation qui se dessine sur son visage. Je branche l'ordinateur et l'allume.
- Je crois que je n'ai jamais été aussi impatiente et excitée à la fois de ma vie, lâche Davis sans lâcher du regard une seule seconde de l'ordinateur.
- Vraiment ?
- Pas vous ?
- Non, j'ai été confronté d'innombrables fois à ce genre de situation, je répond dans un sourire.
- Et si les codes ne fonctionnent pas ? s'interroge soudainement Davis en changeant de sujet.
- Malheureusement, c'est le risque principal ma chère, je soupire.
Je sors de mon sac le précieux morceau de papier griffonné par les soins de Paul et je commence à le déchiffrer. Lorsque l'ordinateur se met en route, la photo des dix adolescents que j'ai emprunté fait également office de fond d'écran.
J'appuie sur une touche au hasard et l'ordinateur me demande le mot de passe.Je tape la première proposition.
L'ordinateur refuse.
Je ne me décourage pas le moins du monde et continue d'écrire les mots de passe les uns après les autres.
Mais sans aucun succès.
- Merde, lâche Davis en renversant sa tête en arrière.
Je ne réponds pas et laisse mes méninges s'activer.
- Ne soyez pas défaitiste Davis ! J'ai une idée ! je crie presque victorieuse.
Davis remet sa tête sur ses épaules et hausse un sourcil.
- Vous aviez dit que si nous demandions à nos collègues de le pirater nous n'aurions pas le loisir d'avoir toutes les informations et la seule détentrice du mot de passe est décédée, râle t'elle.
- Justement, tu te trompes sur un point, je dis dans un sourire.
- Sauf votre respect, Emma Ty est réellement décédée, insiste Davis.
- Mais elle n'est certainement pas la seule détentrice du mot de passe, je rectifie.
- Qui alors ?
Je tourne l'écran un peu plus vers Davis.
- L'un de ces jeunes.
- Et comment est-ce que nous allons les retrouver ?
- Je sais que son amie d'enfance s'appelle Ambre Cobb et qu'elles étaient dans le même lycée.
À ces mots, le visage de Davis s'illumine et elle se lève.
- Ne perdons pas une seule seconde alors!
NDA :
Salut mes loustics, je m'excuse pour mon absence mais j'étais en pleine période d'examen. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur ! À mercredi !
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Tremblements
Mystery / ThrillerEmma Ty, une jeune fille de dix-sept ans se serait suicidée, pourtant tout laisse à penser le contraire. En effet, elle avait tout pour elle et la vie lui tendait avidement les bras ainsi qu'une joie de vivre incommensurable. De plus, Emma n'a jama...