Chapitre 14

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Achevez-moi, s'il vous plaît.

Je cherche des infos dans mon livres et griffonne quelques trucs sur mon cahier lorsque j'entend la rouquine soupirer. Je me retourne pour la voir, allongée sur le dos, fixant le plafond.

-T'as quand même pas cru que j'allais tout faire toute seule?

Elle se rassois et me regarde en grognant.

-Je comprends pas.

-Qu'est-ce que tu comprends pas?

-Tout.

Je soupire en balançant ma tête en arrière.

-C'est pourtant hyper facile.

-Ouais bah on a pas tous les facilités de Madame McCall en histoire.

-Madame McCal, c'est ma mère je te signale.

-Ne joue pas sur les mots.

Je la regarde en haussant un sourcil alors qu'elle soupire en tournant les pages de son livre. Je décide de me lever pour m'asseoir à coté d'elle, voir légèrement derrière, et essayer de l'aider.

-Déjà, t'es pas à la bonne page.

-Mais c'est marqué page 48 sur la feuille.

-Oui, sauf que t'es à la page 38.

Je me penche en avant pour tourner les pages et garde cette position pour lire rapidement les textes. Nos épaules sont collées et je me sentir son regard posé sur moi mais je n'y prête pas attention, ou du moins j'essaie.

-Regarde, t'as la réponse juste... je tourne la tête vers elle sans avoir prévu que son visage serait toujours en ma direction. Nos visages sont très proches et nos yeux ancrés dans le regard de l'autre. Un silence de plomb prend place mais je décide de le briser Juste là dis-je en reposant mon regard sur le texte, le doigt sur la ligne.

-Ah euh, merci.

Je retourne m'asseoir sur la chaise de bureau et reprend mon analyse de texte lorsque mon portable se met à vibrer. Je regarde le message de mon père qui me demande où je suis et qui me dit qu'il m'attend pour l'auto-défense.

-Et merde soupirai-je

-Qu'est-ce qu'il y a?

Je mets en veille mon portable et repose mon regard sur mon livre.

-Rien du tout.

Je l'entend se lever et la vois poser son livre juste à côté de moi.

-Je comprends pas ça, ils mettent deux dates différentes pour le même truc, c'est pas logique.

J'allais répondre mais mon portable vibre et l'écran s'allume sur un message de mon père.

"Si tu rentres pas tout de suite petite salope tu v..."

Je l'attrape rapidement mais visiblement pas assez pour que la rouquine ne voit rien.

-Tu ferais peut-être mieux de rentre, sinon il va...

-On a un devoir à faire.

-Mais...

-T'as pas envie de me parler de tes parents donc je te laisse sur ce sujet, alors arrête de me parler de mon père.

-C'est pas du tout pareil...

-C'est quoi que tu comprends pas?

-...

Je lève les yeux vers elle, elle me fixe tout en tenant son livre.

-Sadie?

-C'était...les dates.

-Ah oui, en fait c'est pas vraiment la même chose...

Je tente d'oublier ce qu'il vient de se passer tout en lui expliquant ce qu'elle ne comprend pas.

-Ok, merci.

Elle retourne s'asseoir et nous continuons de travailler, je lui lance parfois quelques coups d'il mais elle reste visiblement concentrée sur ses documents, alors je fais de même en essayant de lui parler le moins possible.

PDV Sadie :

Flashback :

Ma tête cogne violemment contre le sol. L'odeur d'alcool est tout aussi présent dans cette maison que je n'arrive plus à supporter depuis presque treize ans. J'essaye de me relever mais mon "père" me donne un énorme coup de pied dans le ventre qui m'envoie valser contre le mur sous les rires de ma "mère". Nathan se précipite vers moi mais il se fait attraper à la gorge. Il tente de se débattre mais cet ivrogne est beaucoup trop fort. Il lui donne un coup de poing qui l'assomme légèrement, provoquant l'arrêt de tout mouvement. Il le jette à l'autre bout de la pièce. Sandra assise sur un des tabourets applaudit. Son mari s'avance dangereusement de mon grand frère. Je tente de ma relever mais elle arrive vers moi et, de son talon, appuis sur mon abdomen, qui doit être couvert de bleus, me faisant hurler de douleur. Bertrand nous lance un regard en coin mais se retourne bien vite vers sa cible. Nath' essaie de se lever en grimaçant mais il se prend un coup de pied dans la mâchoire, faisant voler sa tête en arrière. Il se retrouve allongé sur le sol, l'"homme de famille" à califourchon sur lui, lui assénant des coups de poings sur tout le corps.

-Arrête ! hurlais-je.

Mais comme à chaque fois, il continu sans même me prêter attention. La femme Me redonne un cou de talon et je hurle de nouveau. Je suis beaucoup moins amoché que mon frère mais les bleus se font tout de même ressentir. Mais je ne pleure pas. Aucun de nous deux ne pleure. Même si ça peut être horrible, nous avons finit par avoir l'habitude.

Une fois que Bertrand en a marre, il traine Nathan, qu'à moitié conscient, sur le sol jusqu'à une pièce. La pire pièce de cette maison. Sandra, toute heureuse, sautille presque sur place en claquant des mains. Elle se dirige aussi vers la pièce et ferme la porte après que son mari soit sorti. Il se dirige ensuite vers la canapé pour allumer la télé sans me prêter aucune attention. Il semblerait qu'il ne soit pas d'humeur aujourd'hui. Je me recroqueville sur moi-même, comme je le fais au moins trois fois par semaine, et cache le plus possible mes oreilles, assourdissant tout les gémissement qui retentissent dans la maison. Je suis crispé, les yeux fermer, les mains et les genoux sur les côtés de ma tête.

Au bout de ce qui doit être un quart d'heure, la porte s'ouvre et la "mère" sort, réajustant sa coiffure. Je me dépêche d'entrer et retrouve mon frère, seulement vêtu d'un caleçon. Il relève ses yeux inexpressifs vers moi. Je m'approche de lui et prend un de ses bras sur mes épaules. Il a du mal à tenir sur ses jambes. Je me dirige vers la salle de bain et l'assois sur le sol froid. Je me précipite dans la cuisine et récupère des glaçons avant de revenir tout aussi vite près de Nathan. Je prend plusieurs serviettes et réparti les glaçons. Ils ont finit par se rendre compte qu'on en aurait besoin de beaucoup pour ce qu'ils veulent faire, alors ils ont fait en sorte qu'on en est suffisamment.

Je pose une des serviettes sur le ventre de Nathan et une autre sur sa joue. Il a à peine assez de force pour les tenir. Je vais chercher la trousse de secours et imbibe un coton d'alcool. Je lui désinfecte les blessures qu'il a. Je vais ensuite dans notre chambre commune pour lui ramené des vêtements propres. Lorsque je revient, j'allume l'eau de la douche et me place en dessous. Je dépose ses affaires non loin de lui. Je me dirige ensuite vers la sorti pour qu'il puisse se laver complétement mais suis retenue par sa main. Je le regarde donc. Son air inexpressif est maintenant déterminé.

-Un jour, je te promet, on partira loin de ces connards.

SadnessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant