-Chapitre 4- Vers la fin

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Calling out your name...

Je hurle encore et encore, je ne sais combien de temps.

Il n'y a personne pour m'entendre crier, personne pour me voir pleurer, personne pour me prendre dans ses bras, personne pour me consoler, personne pour m'aimer... Et je n'ai plus personne à mes côtés pour l'entendre crier, plus personne à mes côtés pour le voir pleurer, plus personne à mes côtés pour le prendre dans mes bras, plus personne à mes côtés pour le consoler, et surtout, plus personne à mes côtés pour l'aimer...

Cela a toujours été comme ça, j'ai été naïf de croire qu'une seule personne pourrait changer cette malédiction qui s'est toujours acharnée sur moi.

Au bout d'un long moment, je stoppe mes hurlements mais mes larmes continuent à couler sur mes pauvres joues. Je me crispe tout entier et je serre les dents. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, je me dois de rester tenace... Je baisse la tête et viens la poser contre mon aimée, comme un dernier contact avant l'ultime séparation.

Puis je me relève, la tête toujours basse. J'entends de nouveau des pleurs, et cela me rappelle pourquoi j'étais venu ici à la base. Je regarde plus en profondeur et découvre que la gueule du titan refermait autre chose, un petit corps : ma fille.

Elle, contrairement à sa génitrice, est encore en vie et a l'air quasiment intacte. Le titan n'a certainement pas réussi à la broyer fort heureusement. Je me précipite vers elle et la prends dans mes bras. Elle pleure beaucoup, mais ne fait étrangement que peu de bruit. J'essaye de la bercer du mieux que je peux afin de la calmer, mais il faut croire que je n'ai pas beaucoup de fibre paternelle puisque celle-ci continue de pleurer sans s'arrêter. Au bout d'un moment, elle tend son petit bras vers un endroit vague. En y faisant plus attention, il se trouve que c'est vers sa mère qu'elle pointe le doigt.

Je l'en approche et ma fille tiens de sa minuscule main un doigt de ma bien-aimée. Cela semble la calmer presque instantanément car elle arrête de verser des larmes. Je finis par la poser sur le torse du défunt corps auquel je tiens une nouvelle fois la main, tandis qu'elle se recroqueville légèrement.

Un temps après, je la reprends dans mes bras et lui dépose un baiser sur le front.

Je ne réalise pas... Je n'ai réussi à sauver que ma fille.

De longues minutes, je reste debout dans la plaine rougeâtre, ne sachant quoi faire. Je suis seul, sans monture, un bébé dans les bras. Alors, désespéré, je commence à mettre un pied devant l'autre, puis j'avance, dans une direction inconnue. Je marche lentement, seul, sans espoir. Inutile de préciser que mes défunts camarades s'étendent tout autour.

Je continue éternellement d'avancer, sans but. Je relève la tête fût un moment, et je m'arrête. Loin devant moi se tient le titan poilu.

Je n'ai que faire de ce qu'il peut m'arriver désormais. Alors je me remets en route, tout comme lui. Nous nous dirigeons l'un vers l'autre, tels deux hommes qui se défient, et c'est certainement le cas.

Lui fait d'immenses et lourds pas lents, tandis que j'avance rapidement par des pas de fourmi comparés aux siens. Je ne cesse de fixer son regard de mes yeux acier qui se veulent habituellement impénétrables, mais qui sont actuellement vacillants.

Je n'attends plus rien de la vie. Je n'ai plus aucune crainte, plus aucune peur. Mais aussi plus aucun espoir, plus aucun but, plus aucune destinée...

Il peut bien m'écraser, m'étriper, me découper en petits morceaux, me déguster, cela ne compte plus pour moi à présent.

J'avance doucement mais sûrement vers le bestial jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'à un peu plus d'une cinquantaine de mètres l'un de l'autre et nous nous stoppons net. Alors, j'entends une voix lourde et grave s'élever :

- C'est dommage hein. Tu venais tout juste d'avoir un enfant et tu vas déjà mourir.

Je cherche autour de moi d'où peuvent provenir ces paroles, mais je ne vois personne. Je mets un temps avant de réaliser que les mouvements de lèvres du macaque correspondent aux dire que je viens d'entendre. C'est alors que je comprends que... c'est le titan poilu qui vient de prononcer ces mots. Un titan... sachant parler... L'Humanité est définitivement perdue. Nous n'avons réellement aucune chance. Je ne réagis pas plus que ça. Après tout, plus rien n'est capable de m'étonner à présent.

- Tant qu'on y est, abrège la scène.

- Je vais m'en faire un plaisir.

J'en déduis qu'il doit avoir une très bonne ouïe pour entendre les paroles d'un humain se trouvant à une distance plutôt éloignée tout de même.

Il reprend sa marche en ma direction tandis que je reste patiemment immobile, attendant ma fin.



Je deviens lassant à force, c'est ça ? Ne plus avoir de raison de vivre, tout ça, c'est dépassé vous dites. Je n'ai jamais eu de raison de vivre. En tout cas, jusqu'à ma vie avec [t/p]. J'ai toujours été un homme... plat disons, rien qui ne puisse me faire vraiment ressortir du lot, au contraire. Toujours froid, distant, impénétrable, associal, c'est mon moi depuis des années. Et il faudrait un miracle pour le changer. Un miracle, comme [t/p]...

Alors que je repense à ces moments passés avec elle, quelque chose survient.

Rien ne peut se passer comme prévu, n'est-ce-pas...

Lames Hautes [Livaï x Reader/OC] -Tome 2 de Vie Fantôme- EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant