Chapitre 24

1.4K 171 44
                                    

Quand je rentrai après ma visite à l'orphelinat, Adam passa la soirée à toquer à ma porte, mais je ne lui ouvris pas. Le jour suivant, il revint à la charge, mais je l'ignorai toujours. J'étais en train de me coiffer quand il entra sans avoir frappé.

— Mais ça ne va pas ? m'exclamai-je en me retournant. J'aurais pu être...

— J'en ai assez que tu m'évites, me coupa-t-il. Viens, il faut que je te montre quelque chose.

— Je n'ai pas envie de le voir, merci, dis-je en lui tournant le dos.

Il me prit par le bras, et me retourna face à lui. Nos visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

— Tu as fini ? C'est fou ce que tu es têtue ! Viens avec moi, et après, tu bouderas.

Je repoussai sa main.

— D'abord, explique-moi où tu m'emmènes.

— Je ne peux pas le faire ici, dit-il en jetant un rapide coup d'œil à la porte. Il faut que tu me fasses confiance.

Je soupirai.

— D'accord, mais ça a intérêt à être une révélation fracassante.

Il sourit.

— Avec ma famille, tu peux t'attendre à tout.

Nous sortîmes tous les deux du palais. Adam avait demandé aux gardes de nous laisser, en leur expliquant que nous allions simplement à la roseraie.

Mais nous ne nous y arrêtâmes pas, et Adam m'emmena jusqu'au mur qui délimitait le jardin. Je n'étais jamais allée aussi loin auparavant. Il sortit une clé de sa poche et ouvrit la lourde porte qui était en face de nous. Elle donnait sur une forêt. La fameuse forêt où Matt allait retrouver Tiana, et qui n'était accessible qu'à la famille du gouverneur.

Je suivis Adam tandis que nous nous enfoncions au milieu des arbres. Son sourire avait disparu. J'avais l'impression que plus nous avancions, plus son visage devenait sérieux.

Au bout d'une bonne demi-heure de marche que nous fîmes en silence, nous arrivâmes dans une petite clairière, avec un grand lac. Ça devait sans doute être le seul lac de tout Ashes. Au milieu de celui-ci, une île envahie par les arbres se dressait. Adam se tourna vers moi.

— Comment peut-il y avoir un lac, alors qu'il ne pleut jamais ? lui demandai-je.

— Ce sont des tuyaux qui régulièrement importent l'eau créée dans les usines jusqu'ici.

— Mais c'est du gâchis ! Tant de gens meurent de soif dans les quartiers sud !

— Tu sais autant que moi que toute est injuste dans cette ville.

Je soupirai.

— Il va falloir qu'on nage, me dit-il au bout d'un moment.

— Quoi ?

—  C'est le seul moyen d'arriver à cette île.

— Mais...

— Ne t'inquiètes pas, ça n'est pas aussi loin qu'il n'y parait.

Il s'avança vers le lac, et je l'interpellai :

— Attends ! Je ne sais pas nager.

Il se retourna vers moi, étonné.

— Les cours étaient trop chers, et de toute façon, les piscines sont envahies par les riches qui n'hésitent pas à mettre dehors ceux des classes inférieures.

Il hocha la tête.

— J'aurais dû y penser.

Il se tut quelques instants, songeur.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant