Chapitre 22

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Je compris rapidement ce que signifiait conséquences pour Henri. Il m'interdit d'assister à toute apparition publique avant notre mariage, et m'expliqua ensuite que quand je serai sa femme et qu'il aurait plus de pouvoir sur moi, il n'hésiterait pas à me faire payer mes insolences.

Le soir-même, en me changeant, je lisai l'article qui avait paru dans le journal officiel à propos de mon discours :

Une Princesse pas comme les autres.

Lors de la fête de l'anniversaire de notre bien-aimé Prince Adam, l'heureuse élue qui à eu accès aux couloirs du Palais sous le bras du Prince Henri, a tenu à s'adresser au peuple pendant l'apparition officielle sur l'estrade.

Mais elle n'a pas parlé des 21 ans du Prince, non. Notre chère Princesse semble être une tête brûlée. Après avoir raconté la mort de son frère dans de sombres circonstances, elle a d'une voix pleine de volonté fait savoir au peuple qu'elle faisait encore partie de sa famille.

Chaque citoyen ne peut s'empêcher d'admirer l'audace de cette jeune fille encore inconnue il y a quelques semaines. Quelques-uns d'entre eux en on déjà fait leur idole. Mais jusqu'où ira la Princesse pour rester fidèle au peuple ? Saura-t-elle jongler entre ses devoirs d'épouse de notre futur gouverneur, et son désir de rester éternellement une fille en haillon ? À suivre...

Je descendis dans la salle de bal, en priant pour ne pas croiser Henri ou le gouverneur. Cet article me peignait comme une rebelle, et il n'avait pas tort. Mieux valait que je les évite quelques temps. Mes prières furent exaucées, et j'arrivai dans la salle déjà bondée.

— Voilà notre rebelle, dit Tiana en se jetant sur moi. Je voulais venir te voir dans ta chambre, mais j'ai été... occupée, continua-t-elle d'un ton rêveur. Alors, tu as mis Henri hors de lui ? Tout le monde en parle, ici.

Je secouai la tête.

— Il va me tuer en apprenant que tout le monde est au courant.

— Oh, il le sait déjà. Si j'étais toi, je l'éviterai toute la soirée. Le connaissant, il doit être en train de te préparer une petite vengeance...

— Est-ce que ça va être toujours comme ça ? Je me venge, il se venge, je me venge, il se venge... Ça ne peut pas s'arrêter ?

— Pas tant qu'il n'aura pas gagné. Sauf si c'est toi qui laisse tomber.

— Hors de question, dis-je d'un ton catégorique.

— Bien, alors... que la partie commence ! Mais fais attention à toi. Cette tonne de fond de teint cache à peine la marque rouge sur tes joues. En tout cas, moi je la vois.

— Zut, ça va encore plus faire jaser.

— Ne t'en fais pas, ils craignent trop la colère d'Henri pour suspecter quoi que ce soit. Du moins, pas ce soir. Demain... c'est une autre histoire.

Je soupirai.

— Qui est invité ce soir ?

— Toutes les personnes plus ou moins proches de mon père. Oui, ta mère aussi, dit-elle d'un ton plus doux en comprenant la réponse que j'attendais réellement.

Je lui avais expliqué que nous étions en froid, sans lui donner les détails du pourquoi.

— On ne peut pas boycotter la soirée ? dis-je en soupirant encore une fois.

— Si tu tiens à ta peau, il ne vaut mieux pas, dit-elle en souriant. Et puis, vois le bon côté des choses. Étant le roi du bal, Adam devra danser avec toutes les jeunes filles de la noblesse.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant