Dans un monde où tout le monde naît daltonien et ne voit qu'en nuances de gris, seul le sentiment du premier amour permet de voir les couleurs. Castiel, toujours daltonien passé la vingtaine, croise la route de Lucas, un jeune fleuriste lui aussi pl...
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« Onze roses rouges... ça veut dire "Tu es celle que j'aime le plus au monde"... Allez courage Lucas, tu as choisi les plus belles roses de la boutique... Aujourd'hui tu lui dis ! »
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- Lucas! Viens donc vite ! Estelle est là ! - J'arrive ! cria le jeune homme avec son habituel air joyeux. - Lucas, tu ne devineras jamais ce que Estelle vient de me dire ! Vas-y Estelle dis-le lui vite! - Ha ha du calme ! Bon voilà Lucas. Je vais me marier dans l'année !
Lucas sentit alors en lui quelque chose se briser, qu'était-ce ? C'était comme si tout son monde, son univers s'écroulait. Il restait hébété comme sonné.
- Lucas ?
Le jeune homme reprit le fil du présent d'un coup comme si de rien n'était et joua la comédie :
- Nee-chan... C'est vraiment... FORMIDABLE ! Tu vas te marier c'est vraiment formidable ! Finalement quelqu'un a voulu de toi ! ... Attends j'ai quelque chose pour toi dans l'arrière-boutique, je te l'apporte !
Le jeune homme s'en alla chercher le bouquet qu'il avait confectionné pour faire sa déclaration. Il le regarda. Onze roses rouges voulaient dire "Tu es celle que j'aime le plus au monde". Il décida d'enlever une fleur du bouquet. Lucas retourna ensuite dans la boutique avec les fleurs :
- Nee-chan, c'est de ma part... dit Lucas en lui tendant le magnifique bouquet.
Même la grand-mère de Lucas qui avait des années d'expérience derrière elle avait rarement vu une composition avec d'aussi belles roses. Les rouges formaient une mosaïque profonde et froide puis intense et brûlante à la fois. Les pétales semblaient luire d'un éclat iridescent tant elles étaient belles et parfaites. Leur parfum d'une grande suavité soulignait la beauté simple mais absolue de ce bouquet.
- Oh mon dieu... Lucas... Elles sont tout simplement sublimes... - Il y a dix roses, dans le langage des fleurs ça veut dire...
Lucas n'arrivait pas à lui dire... Lucas connaissait la signification de dix roses, mais ce n'était pas ce qu'il voudrait dire à Estelle. La jeune femme prit alors Lucas dans ses bras et se mit à pleurer de joie.
- Dix roses rouges... Cela signifie "Tu es parfaite" c'est ça Lucas ? - Félicitations nee-chan... Je suis si heureux pour toi...
Lucas était sincère, il était plus qu'heureux pour Estelle. Mais cela ne l'empêchait pas de souffrir en silence. Pour le jour du mariage, Estelle avait demandé à Lucas de faire les compositions des bouquets mais elle voulait surtout qu'il soit son témoin pour la cérémonie. Lucas devait apporter l'alliance qui unira sa bien-aimée à quelqu'un d'autre que lui. Dans toute son innocence, sans s'en rendre compte, elle brisa petit à petit Lucas qui, pour ne pas ternir le bonheur de celle qu'il aime, garda ce sourire, ce masque aussi longtemps qu'il pouvait.
Le monde lui semblait maintenant terne et morose. Les couleurs commencèrent petit à petit à lui échapper tandis que le monde autour de lui perdit toute sa fraîcheur et ce même dans la boutique colorée par mille et une fleurs et nuances...
- Baa-chan... De quelle couleur sont ces hortensias... ? demanda Lucas d'une voix détachée. - Allons bon, tu vois bien qu'ils sont bleus non ? - Ah oui c'est vrai désolé...
Peut-être avait-il trop pleuré, mais le fait est qu'au bout d'un moment, Lucas perdit la notion des couleurs pour être de nouveau plongé dans un monde froid, stérile et gris...
Perdre cette faculté était possible, mais c'était des cas très rares. En effet, il était possible de perdre une partie de la perception des couleurs. Mais redevenir entièrement daltonien était rarissime. Cependant aussi rare qu'étaient ces cas, que simple était leur remède: il fallait de nouveau retomber amoureux. Si seulement c'était aussi simple...
Les années passèrent et personne ne réussissait à allumer un feu assez fort pour pouvoir de nouveau éclairer les yeux de Lucas. Ou plutôt, Lucas, jamais ne laissa personne réussir à allumer ce feu, s'isolant dans la froideur de son monde, gardant dans son cœur assassiné le souvenir des jours naïfs et de ses rêves oubliés. Personne ne verra plus son cœur, son cœur ne verra plus personne.
