Dans un monde où tout le monde naît daltonien et ne voit qu'en nuances de gris, seul le sentiment du premier amour permet de voir les couleurs. Castiel, toujours daltonien passé la vingtaine, croise la route de Lucas, un jeune fleuriste lui aussi pl...
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« Cela fait maintenant deux mois que Lucas et moi "sortons ensemble". Ça peut paraître étrange, mais Lucas est ma première relation "sérieuse". De l'extérieur nous avons l'air d'un couple comme les autres : nous sortons ensemble, nous mangeons ensemble, nous faisons des activités ensemble et nous couchons ensemble... Tout paraît normal dans notre relation. A ceci près que tout est factice... Tout cela n'a que pour unique but de nous duper nous-même afin de nous guérir de notre daltonisme... Cependant, je trouve que c'est une agréable duperie... »
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Depuis qu'ils sont en couple, Lucas avait l'habitude de laisser une fleur dans la boite à lettre de Castiel. Si bien qu'il en avait constamment chez lui. Chaque fleur devait être un gage d'amour.
D'aussi loin qu'il se souvienne, Castiel ne s'était jamais senti aussi heureux... Mais alors pourquoi... Pourquoi voyait-il toujours le monde en gris ? Pourquoi, alors qu'il est heureux, le monde dans lequel il vit lui était toujours aussi triste... ? S'était-il dupé lui-même au point de croire à mon propre mensonge sans en ressentir les effets curatifs ? Il semblait heureux mais en même temps, encore plus mal qu'avant... Est-ce de l'amour ou de l'affection... ? Ces derniers temps, ces questions torturaient l'esprit de Castiel.
Le lendemain matin, Castiel décida de rendre visite à Lucas à la boutique. Il avait besoin de se rassurer, de le voir. Alors qu'il arrivait devant la devanture, il voyait par-delà la vitrine Lucas discutant avec Estelle, la jeune fille qu'il avait aimé follement. Ils discutaient, riaient... Castiel, les voyant aussi proches ressentit un sentiment très désagréable en lui. Il était agacé au plus haut point mais ce qu'il avait de mal à accepter, c'était de voir Lucas lui sourire avec tant de douceur, de tendresse. Cela lui était insupportable. Il préféra rentrer chez lui et l'attendre en espérant que ce sentiment anxieux se calme et disparaisse de lui-même... Mais le soir venu rien n'y fait, plus il y pensait plus il était anxieux. Qu'était-il pour Lucas? Juste un ami ? Un amant ? Ou pire... Une personne de substitution ? Plus il y pensait, plus il se sentait torturé et cela lui était insoutenable. Il reçut à ce moment-là un SMS de Lucas :
"Je rentrerais tard, bisous <3"
Castiel se mit à s'imaginer des scénarios : où était-il, que faisait-il et avec qui ? Son esprit fut encore plus tourmenté après ce message anodin.
Plus tard dans la soirée, Lucas sonna à la porte et Castiel lui ouvrit. Au début il décida de faire comme si de rien n'était :
- Bonsoir Castiel ! - Bonsoir Lucas... - Ce sont des iris couleur panaché. Désolé, je ne saurais pas te dire leur couleur exacte... Elles veulent dire "Vous faites mon bonheur chaque jour". Tu m'as manqué mon cœur, dit Lucas en lui faisant un baiser sur le front. - Arrête... - Quoi ? - ARRÊTE ! C'est insupportable ! - Castiel qu'est-ce qu'il y a ? - Je t'ai vu ce matin à la boutique avec Estelle... Je voyais dans ton sourire et dans tes yeux. Tu ne penses qu'à elle... Tu étais avec elle ce soir hein ? -Hein? Qu'est ce que tu racontes mon coe- - Qu'est-ce que je suis pour toi au juste hein !? Juste un cul à baiser c'est ça !? Si c'est le cas, alors baise moi ! - Castiel calme-toi, ce n'est pas ce que tu-
Lucas n'eut pas le temps de finir sa phrase que Castiel se jeta sur lui pour l'embrasser. C'était un baiser violent et emplit de désespoir. Lucas lui empoigna les poignets pour l'arrêter.
- Oy Castiel !
Le jeune homme se tut, Castiel pleurait, il ne le regardait pas dans les yeux... Cette expression si triste, si désespérée...
- Pourquoi... Pourquoi je n'arrive pas à t'aimer alors que je suis si désespéré... ? Pourquoi j'ai ce sentiment de t'aimer si désespérément alors ? demanda Castiel d'une voix tremblante. - Castiel... - Lucas... Nous devrions arrêter cette comédie et rompre. - Quoi !? Pourquoi !? Non Castiel je refuse que tout redevienne comme avant ! - Putain mais tu te rends pas compte que c'est insupportable pour moi !? C'est insupportable de faire semblant de t'aimer et de faire semblant d'être aimé ! J'en ai marre, j'en ai marre que tout soit faux entre nous ! Ça tu ne peux pas le comprendre !? - Arrête Castiel tout n'est pas faux dans les sentiments que nous avons chacun l'un pour l'autre et ça tu le sais ! - Ah ouai? Alors explique-moi pourquoi hein !? Pourquoi alors que tu dis m'aimer chaque jour, pourquoi tu ne peux pas voir les couleurs de ces fleurs que tu viens de m'offrir hein... Pourquoi ?
Castiel avait raison. Si les sentiments de Lucas étaient réels, pourquoi ne voyait t-il pas les couleurs. S'était t-il dupé lui-même au point de croire en son propre mensonge et niant la vérité?
- Explique-moi alors pourquoi... ? Pourquoi je ne peux pas voir les couleurs des fleurs que tu m'offres chaque jour ? Pourquoi Lucas... ?
Lucas n'avait jamais vu une telle expression de désespoir si profond si ce n'est dans ses propres yeux quelque temps auparavant. Il avait le sentiment de se revoir comme dans un miroir et se rendait compte de tout le mal qu'il a fait à son ami:
- Castiel je- - Va-t'en... - Attend Cas- - MAIS VA-T'EN JE TE DIS PUTAIN !! Cria Castiel en le frappant avec le bouquet de fleurs et en le lui jetant au visage.
Il le poussa hors de son appartement et ferma la porte violemment. Castiel se laissa glisser par terre couvrant son visage, couvrant ses oreilles pour ne pas entendre la voix de Lucas.
Lucas frappait à la porte, suppliant Castiel de lui ouvrir pour s'expliquer. Mais rien n'y fait. Comprenant que tout était fini, Lucas s'arrêta de frapper et adressa ses dernières paroles avant de partir :
- Pardonne-moi Castiel... Dit Lucas au travers de la porte avant de s'en aller.
Castiel sanglotait derrière. Il était parti, tout était fini... Il resta immobile quelques minutes. Mais alors pourquoi au lieu de se sentir libéré, il sentit comme une chape de plomb sur son cœur ? Espérant qu'il soit toujours là, il ouvrit la porte, mais plus personne sur le palier... Il était définitivement parti et lui était maintenant seul avec ses regrets, maintenant seul avec ses sanglots et les pétales de fleurs...
