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Je me perchai au-dessus de cet immense cratère. Je me souvins de cette histoire ; l'histoire de ma vie. Celle que j'avais vécue à Sunnydale. Le nombre incalculable de monstres et de dangers à anéantir, qui avait finalement été anéanti. Les amis, les ennemis, les amours, les connards. Je repensai à Parker, mais très brièvement. Il était minime, désormais. Une fine parcelle de poussière dans ma mémoire.

Je regardai cet espace inhabité, les décombres qui, au fur et à mesure que mes yeux s'y perdaient, semblaient s'apparenter au néant. La lumière de la lampe-torche que j'avais dégotée dans le bus n'arrivait même pas à éclairer les dix premiers mètres du gouffre. Pour la première fois, je pouvais l'admettre ; c'était effrayant.

Tu es certaine de vouloir y aller de nuit? s'inquiéta Spike.

— Oui, approuvai-je. Ça risque de prendre du temps, donc il vaut mieux commencer tout de suite. Et une fois le soleil levé, il risque de faire trop chaud. Je risquerai de m'évanouir, ou dans le pire des cas, de mourir de déshydratation.

Spike n'approuva pas, soudain affolé par cette idée.

Ma pelle et ma lampe-torche dans les mains, je pris place sur le rebord du cratère en tentant de poser mon pied sur une paroi afin de pouvoir descendre en toute détente. Néanmoins, après avoir glissé en position assise sur quelques mètres, le talon de ma chaussure ne tarda pas à glisser contre une roche et je dévalai la pente. Je déboulai à une vitesse éclair jusqu'en bas et sans aucun contrôle. Mon crâne se heurta à des rochers plusieurs fois, et ce fut sans parler de la douleur atroce dont mes côtes furent victimes. Avant même de m'immobiliser à la fin de ma chute, je songeai que certaines d'entre elles devaient certainement être fêlées ou cassées.

Buffy! hurla Spike en me rejoignant.

Le début de mon cauchemar venait de débuter. Finalement, cette idée était stupide. J'étais armée d'une pelle, blessée à la tête et aux côtes dans un cratère profond d'une quarantaine de mètres, sans eau alors qu'un soleil plombant et accablant finirait par se lever tôt ou tard. Il m'était impossible de remonter la pente dans mon état.

... et surtout, il m'est impossible d'abandonner Spike...

— C'était quoi l'idée de descendre comme ça ? me cria Spike, à la fois inquiet et en colère.

— J'ai glissé !

Nous nous étions engueulés. Pendant un bon moment. Les heures avaient passé alors que Spike tentait de me diriger vers l'énergie que dégageait l'amulette. Mais Sunnydale avait beau être une petite ville, avec ce tout nouveau point de vue, ce n'était plus mon impression. Sans eau ni nourriture et cette balade à travers les montagnes de roches et de matériaux impossibles à identifier, elle me semblait infinie.

●●●

Dès le début des lueurs bleues du matin, je rampais sur le sol. Je rampais, mais je persistais à donner des coups de pelle un peu partout. L'amulette était sous mes pieds. Je le savais. Nous le savions tous les deux. J'étais prête à creuser pendant des jours jusqu'à ce que je n'aie plus un souffle de vie.

J'avais passé les huit dernières heures à marcher, à écouter attentivement les directives de Spike du mieux que je le pouvais. Rien que le fait d'essayer d'entendre sa voix et d'essayer de comprendre ce qu'il disait me paraissait difficile.

Quand je levai la tête et que j'aperçus le ciel prendre des tons azur, je paniquai. Je déplaçai des roches et persistai à donner des coups de pelle. Mes mains saignaient. J'étais à bout de nerfs et du côté de Spike, c'était la même chose.

Plus je m'épuise, plus je l'épuise.

Plus je suis en colère, plus il est en colère.

Plus je suis triste, plus il est triste.

Buffy, arrête-toi, m'ordonna-t-il. Tu dois prendre une pause.

Enfin, je me laissai m'effondrer d'épuisement. Je me couchai sur le dos. Quand je sentis la fatigue ainsi que le sommeil arriver à la vitesse d'un train prêt à me passer sur le corps, la voix de Spike me secoua :

Ce n'est pas le temps de flancher, amour! Dès qu'on retrouve cette fichue breloque, je retrouve mes forces et je t'amène directement aux urgences!

— Oh, non. Je t'en prie, gémis-je. Pas l'hôpital...

Je toussai jusqu'à ce que ma gorge m'envoie un goût métallique sur la langue. J'avais l'impression que bientôt, un mélange de poussière et de sang sortirait de ma bouche. Cette idée fit contracter mon estomac et je me positionnai sur le côté pour vomir. Cependant, mon estomac était trop vide et mon corps trop déshydraté pour expulser quoi que ce soit.

Je me retournai, à plat ventre, et quand ma main tenta d'essuyer ma bouche, elle se fraya un chemin entre deux roches, pantelante. Je n'avais plus la moindre force. Et alors que j'allais perdre connaissance, mes doigts touchèrent quelque chose qui leur parut familier ; les mailles d'une chaîne en métal, d'un collier.




Conséquences - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant