Vierunddreißig

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-Ô heureux poignard ! Voici ton fourreau... Rouille-toi là et laisse moi mourir !
Je fis semblant de me tuer avec l'arme factice que je tenais entre les mains puis m'effondrais sur Adrian qui ne bougea pas, toujours dans son rôle.
-Parfait, approuva Mme Garrey. Nous n'allons pas faire la fin aujourd'hui ! nous informa-t-elle ensuite.
Je me relevai. Cela ne me gênait plus maintenant de tomber comme ça sur Adrian. Je le connaissais un peu mieux.
-Ça va, Iris ? me dit-il avec un clin d'œil.
Je hochai la tête puis rejoignis Alek. La séance s'acheva.

Une semaine. Deux semaines. Trois. Un mois. Le temps avait passé. La pièce était pour demain soir. Nous étions le 27 mars. Vendredi 27 mars. Malgré le temps, je n'étais pas encore parvenue à tirer les vers du nez à Jess. Elle s'obstinait à ne rien vouloir me dire. Une autre que moi aurait trouvé cela blessant, mais je savais qu'elle voulait juste ne pas me faire des problèmes. Et moi je courais droit dessus pour l'aider.

-Iris !
-Hm ? Oh pardon !
Je secouai la tête pour réorganiser les pensées.
-Où en étions-nous ?
Alek sourit puis dit :
-Acte III, Scène V.
Je me mis dans la peau de Juliette et lançai :
-Veux-tu donc partir ? Le jour n'est pas proche encore : c'était le rossignol et non l'alouette sont la voix perçait ton oreille craintive. Toutes les nuits, il chante sur le grenadier là-bas. Crois-moi, amour, c'était le rossignol.
Ce à quoi Roméo, Alek ici, répliqua :
-C'était l'alouette, la messagère du matin et non le rossignol. Regarde, amour ces lueurs jalouses qui dentellent le bord des nuages à l'orient ! Les flambeaux de la nuit sont éteints et le jour joyeux se dresse sur la pointe du pied au sommet brumeux de la montagne. Je dois partir et vivre, ou rester et mourir.
Il m'aidait à apprendre mon rôle mais il connaissait aussi beaucoup celui de Roméo et des autres, il aurait pût interpréter n'importe qui.
J'inspirai et continuai :
-Cette clarté là-bas n'est pas la clarté du jour, je le sais bien moi; c'est quelque météore que le soleil exhale pour te servir de torche cette nuit et éclairer ta Marche vers Mantoue. Reste donc, tu n'as pas besoin de partir encore.
Et ainsi nous enchaînâmes les répliques pendant de longues heures.

Les projecteurs illuminaient la scène. Le trac me faisait trembler.
-Calme toi, me dit doucement Alek en dessinant des cercles sur le dos de ma main. 
La tenue qu'il portait lui allait magnifiquement bien. La mienne était simplement composée d'une robe blanche.
-Prête ? demanda-t-il avec un sourire craquant.
-Non, avouai-je.
-T'inquiète pas, ça va aller.
-Iris ! m'appela une voix.
C'était Mme Garrey. Elle semblait complètement paniquée.
-Adrian ne pourra pas jouer, il est à l'hôpital. Il s'est cassé une jambe. On va devoir annuler, se lamenta-t-elle.
Je regardai Alek l'air de dire : "Ça va aller, hein ?"
-Attendez madame, il reste une solution...

Les Trois faces du Visage ☆ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant