Einundvierzig

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Pendant les jours qui suivirent, Jess sourit beaucoup plus. Mais le ciel nous tomba une fois de plus sur la tête. Il était déjà vingt-et-une heures et nous n'avions pas encore préparé le repas. Nous étions en train de le faire en épluchant des patates : moi avec un épluche-légume, elle avec ses ongles hyper coupants, quand soudain Jess hurla. Son dos était tellement arqué que je me demandai comment il faisait pour ne pas se casser. Elle hurlait à s'en casser la voix. Quand je me fus bien rendus compte de la situation, je me mis à hurler le nom de mon amie qui ne semblait pas m'entendre.
-JESS !
Je ne savais pas quoi faire. Je lui demandai ce qui se passait, ce que je pouvais faire, mais elle hurlait sans discontinuer.
-Alek ! appelai-je, Alek !
Mon amoureux arriva sur le champ alors que Jess se précipitait vers la fenêtre.
-Iris ! Retiens-là ! On est au deuxième étage !
Je me jetai vers mon amie dans un élan de désespoir le plus total.
-Jess, Jess. Reste ici, reste ici, sanglotai-je en l'attrapant par la fourrure. Je suis tellement désolée..., continuai-je.
Les larmes coulaient à flot. Elle se tourna vers moi et posa la tête sur les genoux.
-Je suis tellement désolée, répétai-je.
Elle grogna. Elle semblait vouloir me dire "Tu te répètes, idiote".
-Il n'y a vraiment que toi pour faire ça, tu sais, souriais-je en riant à travers mes larmes.
Pendant un long moment, aucune de nous ne bougea et nous restâmes là. Puis Jess se dégagea doucement. Elle n'avait pas l'air de vouloir s'enfuir et des yeux dorés me fixaient comme s'ils demandaient ma permission.
Je la suivis jusqu'à la chambre d'amis de l'appart. Elle avança jusqu'au miroir de la chambre.
-Tu es vraiment magnifique, chuchotai-je alors qu'elle s'observait, comme pour vérifier que c'était bien elle, là.
Je la laissai s'admirer en regardant moi même sa fourrure blanche magnifique. Puis je posai une question qui depuis quelques temps me taraudait :
-Jess... est-ce que tu comptes partir ?
Elle réagit comme un loup. Elle grogna et montra des dents avant de se reprendre et de me fixer d'un air coupable. Ainsi, elle voulait partir.
-Dans combien de temps ? l'interrogeai-je d'une voix légèrement tremblotante.
Son regard ambré accapara le mien mais je continuai :
-Ça fait depuis quelques temps que j'ai l'impression que tu veux partir. D'une certaine manière, je comprends pourquoi. Mais j'aimerais savoir quand ça se produira.
Elle gronda, gênée. Je compris ce qu'elle voulait dire, qu'elle ne savait pas tout simplement. Cela me soulagea autant que ça me glaça.
-Dis-moi quand tu sauras. J'en ai vraiment besoin, Jess, ajoutai-je, presque suppliante.
Elle ne répondit pas, se planta devant la fenêtre, se laissa tomber sur le sol et se mit à contempler la lune.
-Tu boudes ? me moquai-je.
Grognement indistinct.
-Ooooooh, elle est retombée dans l'enfance notre petite Jess préférée, ironisai-je.
Elle grogna derechef. Je m'amusai à essayer de la faire sortir de ses gonds, sans succès.
Dépitée, je me réfugiai dans la cuisine pour grignoter.

Les Trois faces du Visage ☆ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant