Les Trois faces du Visage ☆

Dreiundvierzig

Elle essaya plusieurs fois, sans succès.
-Non, pas comme ça, dis-je. Essaye plutôt de ne pas "écouter". De ne pas les ressentir.
Elle acquiesça. Elle paraissait avoir une vague idée du concept.
-C'est génial ! m'écriai-je quand elle y parvint.
Elle se jeta à mon cou, enthousiaste.
Je ressentis subitement de la joie. D'hilarité. J'avais envie de rire. Je me mis à glousser doucement, puis de plus en plus fort, heureuse dans vraiment savoir pourquoi.
-Euh, Iris ? s'inquiéta mon amie.
Alek approcha.
-À quoi as-tu pensé là tout de suite quand tu l'as touchée ? demanda-t-il.
Je continuai de rire comme une baleine, toute guillerette.
-Je... je voulais que tout le monde soit heureux, balbutia Jess.
Alek ne dit rien, se contentant de réfléchir.
J'avais envie de chanter. Je me mis à fredonner la première chanson qui me passait par la tête : ce qui s'avéra stupidement être un groupe dont ma mère raffolait et dont je ne pensais plus avoir de souvenir car elle ne l'écoutait plus en ma présence depuis que je l'avais critiqué ouvertement.
-Tu as voulu qu'elle soit heureuse et ton don à fait le reste ! lança triomphalement Alek.
-Euh, ah bon ? s'étonna-t-elle
-Ré-essaye ! ordonnai-je.
Je me sentais un peu mieux et j'avais cessé de chanter.
-Envoie-moi de la peur ! proposai-je.
-De la peur ?
Elle se semblait pas vraiment d'accord avec l'idée mais posa tout de même sa main sur mon épaule pour tenter de me transmettre l'émotion.
-Tu n'y va pas assez fort ! Tu ne le veux pas ! dit Alek.
-Mais...
-Un don, ça se maîtrise ou ça devient dangereux, Jess, la coupa-t-il. Incontrôlable. Tu crois que c'est facile ? Non. C'est dur. Mais mieux vaut que tu sache le dompter plutôt que l'inverse. Tu pourrais blesser quelqu'un.
Je ne pouvais qu'approuver. Il fallait qu'elle s'entraîne.
-Mais, elle va avoir mal ?
-Non, peur.
Elle posa une nouvelle fois sa main froide sur mon épaule. Je frisonnai. Crainte. Peur. Angoisse. Inquiétude. Horreur. Épouvante.
Prise d'une peut intense, je hurlai à m'en déchirer les poumons. La gaieté avait disparut laissant place à un sentiment effroyable. Une peur sans fond qui me tordait les boyaux.
Elle me lâcha aussitôt, comme si mon contact la brûlait.
-Tout va bien ? Tu n'as rien ?
-Ça va, l'interrompis-je avant qu'elle ne commence à s'inquiéter, ça va.
Je la pris dans mes bras comme quand nous étions petites. Soudain elle fut à l'autre bout de la pièce.
-Je...je...
Son visage exprimait à la fois de l'envie, de la honte et d'autres émotions étranges.
Elle ne dit rien et disparut dans la seconde - ou milliseconde - qui suivit. Je restai plantée là, à attendre bêtement devant ce vide qur laissait son absence. Alek m'enlaça.
-Elle n'est plus la Jess que tu connais, Iris.
Je le savais bien. Et cela me désolais.
Je passai l'après-midi avec Alek. Je reçus deux appels de mes amis entre emps. Ils m'avaient plusieurs fois demandé où était Jess et je leur avais dit qu'elle était très malade. Maman, elle, avait compris qu'il fallait me laisser tranquille et elle me laissait beaucoup de liberté. En fait cela faisait longtemps, depuis de début de la transformation de Jess, que je ne l'avais pas vue.

Il était assez tard dans l'après midi quand je retournai voir Jess. Elle mettait en vrac un tas d'affaires dans un sac. Je pris un valise et la tendit en entrant.
-Tu auras besoin de ça, dis-je.
J'avais envie de pleurer.
-Quand ? demandai-je simplement.
-Demain, répondit-elle, le plus tôt sera le mieux. Je suis devenue dangereuse, Iris. Trop dangereuse. Je ne maîtrise pas encore suffisamment mes pouvoirs même si vous m'avez aidée. Et puis je ne supporte plus de boire du sang humain. Ça m'a trop changée. Je veux devenir végétarienne, grimaçai-je .
Je souris malgré les larmes qui coulaient maintenant.
-Alors avant confions-nous tous nos secrets, lançai-je sur un coup de tête, je ne veux pas que tu partes et que je regrette de ne pas t'avoir dit certaines choses.
-Nous nous reverrons, Iris, je te le promets. Mais si ça peut te permettre de mieux supporter mon départ alors d'accord.
-Je commence, décidai-je.
J'inspirai. Expirai. Puis me lançai :
-Je... je suis Mystère.