Le vent siffle le long des carreaux brouillés par l'épaisse brume du dehors. On entend des cris, des sifflements, des femmes pleurent de l'autre côté. Des voix d'hommes transpercent le brouhaha et soudain le silence. Un silence pesant. Je sens dans ma poitrine un changement s'opérer, la perte d'un élément, mon cœur est creusé, rongé par la perte. Je vois une silhouette féminine que je reconnaîtrait d'entre mille se glisser le long de la vitre, des mains se poser contre celle-ci. Mais je ne sais plus qui elle est. La silhouette se met alors à taper contre la fenêtre, dissipant la buée, un visage crispé apparaît.
Qui est-elle ? Elle semble souffrir elle aussi. Elle hurle. Elle hurle mais je ne comprends pas. Il me semble entendre mon nom. Je détourne le regard. Cette femme semble folle, je l'ai peut-être vu dans les journaux. Je me tourne alors vers l'infirmière :
- qui est-elle ?
- C'est ta mère tu ne la reconnaît pas ? Me questionne-t-elle
- Ma mer ? la mer est une femme ?
- Celle qui t'as mise au monde Maïa.
Je me retourne vers la femme, puis vers infirmière.
- Elle est folle la mer. Je ne veux plus la voir sous cette forme là.
L'infirmière me souri et part. La mer se retransforme en silhouette soudain emportée par deux ombres d'hommes. Le silence est agréable. Je me remets devant la télévision.
Il n'y a rien d'intéressant à la télévision de l'hôpital, les chaînes relaies des infos diverses en continue se contredisants souvent d'ailleurs. Ils parlent d'ailleurs actuellement d'un bus scolaire qui aurait été percuté par une chute de roche le long des falaises de Birmin et aurait fait une chute de 15m. Je coupe la télé, c'est insensé. Nous sommes tous en vie, notre bus n'a pas pu tomber de 15m dans la mer.
Il est tard et Marta crie de toutes ses forces dans le bus tandis que Mme Jure essaie de donner les instructions pour la visite du phare mais personne ne l'écoute. Moi, j'ai mon casque sur les oreilles et j'en rie de voir se spectacle dont je n'entends pas un son sur du Anton Tchekhov. Je ne vois plus. Tu ne vois plus. Le noir., le froid, l'humidité. Une chute courte puis plus rien. L'hôpital.
- Comment suis-je arrivé ici ?
Face à l'incompréhension général je continue :
- Je veux dire.. Je sais que c'est malheureux l 'accident tout ça, mais je me sens bien et je peux marcher, manger, courir, sauter.. Mais je ne me rappel pas être venue ici.
Le médecin et l'infirmière se regardent en silence. Le silence. Le silence est omniprésent depuis hier 16h02. Je le sais je regarde constamment l'heure, c'est comme un toc chez moi. Personne ne me parle sauf pour me « rassurer » en quelques mots. Bon c'est sur il y a la mère., mais je ne la comprend pas alors je préfère peut-être le silence.
- Bon vous savez quoi ? Je préfère le silence, vous êtes muet.
- Nous vous... te gardons juste en observation. Ton traumatisme t'a sûrement laissé des séquelles et nous aimerions les trouver avant qu'il ne t'arrive malheur à l'extérieur.
L'infirmière est insignifiante. Vraiment, je n'ai plus 15 ans. Je maudit aussi se foutu médecin qui ne sait que lire ses notes et pourtant ne sait en produire une seule via sa bouche., je me dis qu'il est forcément muet.
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Audaces
ParanormalMaia pense qu'elle est à l'hôpital à cause d'un accident de son bus scolaire avec toute sa classe. Elle ne ressent aucun manque de sa famille, ne ressent pas le besoin d'en avoir une. tout les enfants autour d'elle pensent la même chose. La mer est...