Les beaux quartiers , ces ensembles de belles et grandes maisons, soigneusement entretenues pour que l'on ne puisse pas une minutes soupçonner ce qu'il s'y passe à l'intérieur. Les gens pensent tous que derrières ces murs une parfaite famille vie en harmonie et regarde un film près de la cheminée en sirotant une boisson chaude. Malheureusement ce cliché de téléfilm de Noël cheap est bien loin de la vérité.
Plus la pelouse est belle, plus la voiture garée dans l'allée est luxueuse, plus on attendra de votre famille qu'elle soit irréprochable. Mon père à fait refaire tout le gazon de notre jardin pour 35 000$, et il y a une magnifique Porsche cabriolet garée devant chez moi. Alors imaginez à quel point la barre est haute. Mon père ADORE jouer à ce jeu de la famille parfaite, ma mère déteste, mon petit frère est trop jeune pour comprendre et moi j'y joue quand ça m'arrange. Je suis une sorte de caméléon, je m'adapte a peu près n'importe quel style et n'importe quel situation. Mais j'avoue que la plus part du temps je suis la gentille petite fille à son papa parfaitement apprêtée, coiffée, maquillée, en talon, toujours avec son sac à main hors de prix, acheté avec l'argent volé dans le porte-feuille de mon père.
Qui lui même l'a volé d'ailleurs. Mon cher père fait du détournement de fonds et a des comptes cachés en Suisse ou aux Bahamas. Je l'ai appris il y a quelques temps en écoutant à la porte de mon salon pendant une dispute entre mon père et ma mère -oui, j'écoute aux portes-. Je crois que le plus triste c'est que ça ne m'étonne même pas, je m'en suis toujours douté mais je ne pensais pas qu'il aurait les couilles d'en faire. Je me demande de quoi je vais hériter... Du jour au lendemain des huissiers pourrait débarquer, saisir les œuvres d'art de mon père, les bijoux de ma mère, tout le set-up gaming ultra sophistiqué de mon frère et ma collection de sacs et de chaussures de luxe. Je pourrais tout perdre, et me retrouver dans un HLM pourris, condamnée à m'habiller en prêt-à-porter bas de gammes, avec mon père en prison, et des dettes tellement énorme que je devrais les rembourser jusqu'à la fin de ma misérable vie , et que je léguerais à mes enfants à ma mort . Alors à quoi bon se priver ? Voler un voleur fait-il de nous un voleur ? Je ne sais pas et à vrai dire j'en ai rien a foutre. Donc je dépense des milles et des cents dans tout et n'importe quoi : vêtements, chaussures, sacs, maquillages..... drogues, cigarettes, alcool ...
Oui je fume. Oui je bois. Oui je me drogue. Enfin je me drogue, je fume des joints j'en suis pas a prendre des drogues durs, je n'en ai même jamais consommé. Ça m'attire mais me repousse en même temps. Je ne me considère pas comme une droguée ou une toxico d'ailleurs, même si ça devient de plus en plus fréquent et que j'ai de plus en plus de mal à m'en passer.
Donc voila je mène une sorte de double vie, un jour je flâne dans les quartiers chics parisiens, je mange à la Maison de la Truffe, et je sirote un chai tea latte à la terrasse d'un café en fumant ma clope, habillée d'une grosse fourrure blanche et de bottines à talons. Et le lendemain je passe un après-midi chez mon copain à me défoncer la gueule en fumant des joints en culotte et en sweat oversize devant Netflix avec un bon gros grec pour la fonsdale.
Au fond si je suis comme ça c'est parce que je suis perdue je pense, j'hésite entre deux coté de moi même . Une partie de moi agit comme une adulte responsable et commence a s'inquiéter pour mon avenir, entraînant une furieuse envie de se reprendre en mains. Tandis que l'autre ne pense qu'a faire la fête, voir mes amis, mon mec, s'amuser, chiller et s'éclater le crane à coup de bédo . Cette partie de moi est apparue suite à ma dépression, une sorte de comportement auto-destructeur jemenfoutiste , ou plus rien ne compte vraiment à part le moment présent, comme si l'on allait mourir le lendemain. Alors on se détruis la santé pour se sentir en vie, on joue avec notre santé pour planer et oublier nos problèmes pendant quelques heures. Peu importe de toute manière dans un monde aussi instable que le miens. Un monde aussi enviable qu'invivable. Un monde ressemblant à une sorte de doux enfer.
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La nouvelle petite bourgeoisie, quel doux enfer
Short StoryLes beaux quartiers , ces ensembles de belles et grandes maisons, soigneusement entretenues pour que l'on ne puisse pas une minutes soupçonner ce qu'il s'y passe. Les gens pensent tous que derrières ces murs une parfaite famille vie en harmonie...