Magical... Boy ? - Terraink

Excuses

Thomas n'en pouvait plus.

Tous ces corrompus qu'il n'avait pas réussis à sauver depuis peu...
Il se sentait tellement inutile.

Juste bon à recevoir des avances d'un pervers masqué, qui arrivait à le rendre plus faible qu'il ne l'était déjà avec de simples mots et de simples caresses...

... Non voulues, à la base.

Passant une main dans ses boucles brunes encore trempées et pleines de nœuds, il arrêta le jet d'eau brûlant sous lequel il s'était glissé.
Depuis peu, quand il rentrait après un combat, ce n'était plus comme avant.

Déjà, Damien n'était plus là.
Mais ça, c'était entièrement sa faute, à ce tas de merde.

Ensuite, Mouki ronflait déjà au bout du canapé.
Mais ça, ça ne l'étonnait plus, venant de ce tas de merde.

Et pour finir, il était totalement conscient, et avait comme quelque chose lui manquant.
Sauf qu'il ne savait pas ce que c'était.

Mais, venant de lui, ça ne l'étonnait plus non plus...

Quelques jours s'étaient écoulés depuis cet étrange interlude avec l'homme masqué, et depuis il n'avait pas réussi à apaiser une seule de ces créatures, à son grand désarroi.

C'était comme si ses pouvoirs devenaient de moins en moins puissant, l'amenant à tuer simplement les corrompus, et non à les apaiser comme il en avait prit l'habitude.

Mouki le lui avait bien dit.
S'il ne parvenait pas à les calmer avant leur mort, leur énergie vitale ne venait pas alimenter sa puissance.
En gros, il devenait de plus en plus faible au fur et à mesure que ses combats devenaient de plus en plus sanglants.

En soupirant il s'entoura la taille d'une serviette et sortit de sa minuscule salle d'eau, ignorant les gouttes se former derrière lui et le suivre dans sa progression au sein de son appartement.

Il faisait sombre, et les images de son dernier affrontement tournaient sans arrêt dans son crâne histoire de le rendre encore plus mal qu'il ne l'était. Il ramena ses cheveux en arrière et les attacha avec un ruban qui traînait.

D'ailleurs, il l'avait reconnu.
Ce bout de tissu était à Victoire.
C'était le seule chose qui était restée d'elle une fois qu'il l'avait apaisée.
Et le seul mot qui lui avait échappé avant qu'elle ne s'éteigne était "Damien".

Damien.
Encore lui.

Thomas soupira en se disant que son monde tournait véritablement autour de lui.
Autour de cet abruti.

Sans réellement qu'il sache pourquoi, ses doigts se perdirent pour jouer avec la petite boucle d'oreille. Qu'il ne pouvait pas enlever, bien sûr.
Il ignora le tas de poils et de bourrelets ronflant sur le canapé pour s'approcher de la fenêtre qu'il ouvrit sans grande conviction, savourant l'air calme et plein d'humidité malsaine de la ville.

S'apprêtant à s'appuyer contre le garde-fou et à s'allumer une cigarette, un sursaut le fit presque sauter au plafond lorsqu'un léger coup à la porte se fit entendre.

"Thomas ?"

Thomas reconnût aussitôt cette voix et se contenta se soupirer fort.

"Chuis pas là.
- Laisse-moi entrer.
- Pas envie."

Profitant d'un instant de silence venant de l'autre derrière la porte il alluma sa cigarette et frissonna à cause d'un courant d'air qui s'infiltra sous sa serviette.

"S'te plaît, il fait froid.
- Ouais, j'te crois."

Tout en parlant, Thomas enfila un T-shirt qui lui semblait propre et un slip qui le lui paraissait tout autant.

"J'arrive."

Envoyant d'un geste mou la serviette trempée sur le carlin qui ronflait toujours, le bouclé se dirigea vers la porte après avoir trouvé un jean qui traînait depuis une semaine sur la table basse.

Sa main sur la poignée ne montrait pas un signe d'hésitation.
Il ouvrit la porte et un petit sourire se forma sur son visage.

"Salut David" Parvint-il seulement à articuler, avant de grimacer en voyant une nouvelle silhouette, pas tout à fait inconnue, arriver derrière son ami.
"Salut" Jetant un œil à l'autre derrière lui, le David en question haussa les épaules. "Tu le connais ?
- Malheureusement, ouais."

C'était Damien.
Encore lui.

Thomas s'écarta pour laisser passer David, défiant du regard le plus grand qui s'était adossé à la fenêtre en face de sa porte d'entrée.

"Fais comme chez toi, j'arrive tout de suite."

Sans attendre la moindre réponse de son ami de fac, le brun referma la porte derrière lui, frissonnant encore une fois.
Le palier était tout sauf chauffé, visiblement.

"Qu'est-ce-que tu veux ?
- C'est qui ?"

Le fait que son meilleur ami réponde à sa question par une autre lui fit hérisser le poil.

"Un ami."

Damien haussa un sourcil, mais il n'était aucunement enclin à s'énerver ou quoi que ce soit, contrairement au plus petit.

"Je vois." Il reprit son souffle, baissant les yeux avec étonnement sur les pieds nus de Thomas. "Je voulais m'excuser... Pour la dernière fois. J'ai été con.
- Plutôt, oui."

Passant une main dans ses cheveux, le brun soupira.

Il n'avait pas envie de se disputer avec lui.
Ça faisait presque une semaine que ce manège durait.
Et il avait beaucoup de mal à ne s'imaginer, ne serai-ce qu'une seule minute, un jour de plus sans lui parler et sans l'entendre.

"Je suis toujours en colère contre toi." Avoua simplement Thomas, en essayant d'ignorer la chaleur qui prenait possession de son cœur. "T'as vraiment été un abruti, à dire des trucs pareils... T'imagines pas à quel point tu m'as blessé, sale con."

Attendant la suite, Damien semblait totalement pendu à ses lèvres.

"M'enfin... T'es venu ici pour t'excuser, donc... Je suppose que je dois te demander pardon moi aussi."

Sans qu'il ait le temps de comprendre quoi que ce soit, Thomas se retrouva trop serré dans les bras du châtain, qui semblait tout de même faire attention à ne pas le briser.

Parce que maintenant, il savait qu'il en était capable, et pas seulement physiquement.

"Pardon." Murmura simplement Damien, enfouissant sa tête dans les boucles encore humides, remarquant les petits bras l'enlacer en retour.
"Ouais, moi aussi, désolé..."

Thomas n'osa rien dire de plus, de peur que son meilleur ami remarque sa voix tremblante.
Comme son corps entier.

La chaleur dans son cœur s'était diffusée partout, de la pointe de ses cheveux à ses orteils, en passant par ses mains qui pouvaient deviner le corps de Damien contre le sien.

Aucun des deux n'avait vu David sortir sa tête de l'ouverture de la porte, un sourire un peu bête au visage, et un peu plus bas, la tête de Mouki qui les observait avec les oreilles couchées.

Il n'avait pas l'air ravi.