Vert

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La Saint-Valentin est un instant de grand stress pour ma personne. J'ai de la chance qu'on n'ait pas fait de remarques au moment de partir, car je crois que j'aurais fini par exploser. Depuis deux ans maintenant, j'espère une déclaration d'une fille en particulier. Je lève les yeux au ciel en pensant à elle, murmurant son prénom du bout des lèvres.

— Daisy...

— Tu rêvasses encore, le blond ! On se réveille, c'est le matin !

Je me fais littéralement bousculer par mon meilleur ami, qui a dû venir me rejoindre sur le chemin vers le collège. Je me masse les côtes de douleur en lui frappant le haut du crâne.

— Tu fais mal, Coby ! Et je ne rêvassais pas.

Ses yeux bruns se plissent et il se détourne de moi. Deux secondes plus tard, le voilà en train de m'imiter.

— Prends-moi pour une quiche. Tu pensais à Daisy, à la douce couleur de ses cheveux, au bonheur d'avoir une jolie déclaration. En clair, tu rêves !

— Merci pour le soutien, ça fait toujours du bien. Dis, tu n'espères pas quelque chose non plus d'une certaine personne ? Comme Amelia, par exemple ?

Il rougit subitement et je jubile. La vengeance est un plat qui se déguste immédiatement, chez moi.

— Je... comment tu sais ?

— Sheridan, déclaré-je, plaçant mes deux mains derrière ma tête, comme pour m'étirer.

— Et lui, comment il est au courant ?

— Il a deviné. Me demande pas comment. Mais ça l'a bien fait marrer de le répéter à tout le monde.

— Toute la classe le sait ? s'exclame-t-il en se reculant d'un coup, un peu excessif.

— Quand même pas. Mais Harold, Daisy et Kat sont aussi dans le lot. Y en a peut-être d'autres, j'en ai aucune idée.

— Je vais le tuer. Si seulement il s'intéressait à quelqu'un, je tiendrais le coup de maître parfait. Mais apparemment, c'est trop compliqué pour monsieur.

Nous rions tous les deux, imaginant parfaitement notre ami lâcher un galère en voyant une fille devant lui. Il est drôle sans vraiment le vouloir, je crois, ce qui nous tord les boyaux à chaque fois.

— Et pour Kat ? Comment ça se passe ?

— Ils sont en froid en ce moment. C'est pas encore cette année que ça va se faire entre eux deux. Apparemment, Harold aurait dit quelque chose qui n'aurait pas plu à mademoiselle et ce serait parti dans une sorte de bataille de regard à celui qui éclaterait le premier. Elle a pleuré une petite larme en s'enfuyant. Je crois que cette fois-ci, elle a vraiment le cœur brisé. Personne n'a la solution et on ne sait plus avec qui trainer sans vexer l'autre. Je les adore, mais il serait temps qu'ils se rendent compte qu'ils sont amoureux l'un de l'autre ces deux-là.

— Oh, mais t'inquiète, lorsqu'ils nous verront former le couple parfait avec Daisy, ils en seront si jaloux qu'ils finiront par se déclarer. C'est trop top, on pourra faire des sorties à quatre !

— Rêve pas trop le blond. J'en ai entendu des vertes et des pas mûres à ce sujet.

Je me braque, fixe mon meilleur ami. Ses pupilles sont baissées, il m'évite forcément. Je devine trop facilement quand on me ment.

— Elle serait sortie en ville avec quelques filles, dont Kat. Et là, elles seraient passées devant l'autre collège, tu sais, au Nord. C'était la sortie et elle y aurait vu, je cite, l'amour de sa vie.

Mon cœur redescend dans le fond de mon estomac pour être broyé avec une scie circulaire. J'ai envie de hurler subitement sur cette pauvre âme qui m'apporte la pire nouvelle qui soit.

— Quoi ?

— Elle raconte à tout le monde qu'elle a eu le coup de foudre pour ce garçon. Brun, ténébreux, hyper mystérieux. Elle a repris contact avec de vieilles connaissances qui vont au collège Clear Lake et qui voient qui est ce gars. Il s'appelle Tanaka quelque chose, apparemment.

Je serre les poings, enragé. Coby se recule légèrement, comme effrayé par ma position.

— C'est pas toi qui vas gagner son cœur, espèce de gus qui débarque de nulle part. Je connais Daisy depuis l'enfance, je l'aime depuis presque autant de temps, je serais celui à qui elle se déclarera, point final.

— Pitié Valentin ne me dit pas que tu vas...

— Et c'est une promesse que je fais sur ma vie ! le coupé-je en levant le poing. 

Ciel de couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant