Nous arrivons au collège en même temps que bon nombre de nos camarades, dont Sheridan, qui vient vers nous les mains dans les poches, fidèle à lui-même. Depuis mon coup d'énergie de tout à l'heure, Coby se tient la tête dans les paumes, se demandant sans doute ce qui s'est passé dans mon cerveau de blond, comme il aime le répéter, pour que je me lance dans cette guerre contre ce garçon inconnu qui veut me piquer ma peut-être future copine.
— Il est bien énergique ce matin. C'est la Saint-Valentin qui lui fait ça ? s'inquiète le brun à la coiffure étrange en s'approchant de nous.
— Je lui ai dit pour Daisy, glisse le second, en roulant les yeux.
— Oh oh... je sens le pire arriver.
— Il s'est mis en tête de surpasser le gars dont elle est tombée amoureuse. Il va encore nous sortir ses vieilles techniques de drague nulles qui font grimacer.
Sheridan éclate de rire en se cachant derrière une de ses mains et je me retourne vivement, les sourcils froncés et les pupilles lançant des éclairs.
— Dois-je subitement rappeler à ces messieurs que je suis présent et que j'ai tout entendu ?
— Mais c'est le but, complète l'arrivant en ne parvenant pas à se calmer. Sérieusement, il faut que tu laisses tomber. Si elle t'aimait, elle te l'aurait déjà avoué, tu ne penses pas ?
— Oui, peut-être, mais aujourd'hui c'est beaucoup plus romantique. Ça va se passer comme dans un roman et tout le monde sera content à la fin de la journée. C'est moi qui le dis.
À ce stade-là, ça en devient de l'autopersuasion à un point presque maladif. Plus je défends mon obtention de déclaration de la part de mon amie, moins j'y crois. Sheridan a entièrement raison. Si elle avait le moindre sentiment pour moi, elle me l'aurait dit. Daisy n'est pas une grande romantique. Elle trouve ça bête et un peu sexiste. Elle n'aura sans doute fait aucun effort spécifique et cette journée sera comme toutes les autres. Une bonne tranche de rigolade avec tout le monde. Peut-être même qu'elle aidera à la réconciliation de nos deux amis qui ne peuvent plus se voir en peinture et que nous fêterons ça dans notre café préféré, à la sortie.
— Mouais, je suis pas convaincu, continue le jeune homme à la coiffure élevée en chignon. M'enfin, je m'y connais bien moins que vous autres.
— Tiens, voilà Kat ! Comment tu vas ? changé-je de sujet en un rien de temps. Quoi de beau dans ta vie ?
— M'approche pas Valentin. Les garçons sont tous des cons. Surtout aujourd'hui. Si tu fais un pas de plus, je te crame avec le briquet que j'ai piqué à mes parents ce matin. D'accord ?
J'écarquille les yeux en grand et me recule, les deux mains devant le visage, comme pour me protéger. Il me suffit de me retourner vers qui le regard noir que la jeune femme désigne pour comprendre. Harold est arrivé près de nous.
— Tu pourras au moins passer le bonjour à Daisy de ma part ? S'il te plaît ? Je te ferais ce que tu veux en échange.
— Tu peux pas le faire tout seul comme un grand garçon ? Je suis pas ta boniche ! Et puis sérieusement, Valentin, faut que t'arrêtes avec cette fille. Elle ne t'aime pas. Pas du tout. En fait, tu l'insupportes, à tout le temps la saluer dans les couloirs, avec ton air enjoué et tes blagues. Elle ne te fera pas de déclaration aujourd'hui, et même jamais. Grandis un peu, mon vieux, ça te fera le plus grand bien.
Toute la réplique claque dans mes oreilles comme la pire tornade au monde. Je suis secoué de partout, balloté par le vent et le reste. La jeune femme me fixe de haut en bas, tout comme Harold, juste derrière moi. Elle lâche une sorte d'onomatopée franchement arrogante et s'en va vers la classe sans rien dire de plus. Moi, je suis pantois.
Et ma condition de statue se renforce au moment où Daisy passe devant moi, me salue et me demande de but en blanc.
— Valentin, est-ce que ça te dérangerait de m'accompagner après les cours au collège Clear Lake ? Tu connais des gens là-haut non ? Tu crois qu'on pourra essayer de rentrer, pour que je puisse revoir Tanaka ?
Je tourne la tête comme un robot pour me plonger dans ses pupilles brunes. Toute ma personne me fait mal.
— Ahaha, pourquoi tu veux y aller ? Notre collège n'est pas assez bien ? rié-je, comme si je ne savais rien.
Elle se rapproche de moi et surtout de mon oreille. J'essaye de calmer mon rythme cardiaque pour qu'elle ne le surprenne pas tout comme mes joues rougissantes.
— En fait, je crois que je suis amoureuse. Et j'aimerais bien le lui dire.
Si Daisy écoute bien, je suis sûr qu'elle peut parfaitement entendre le craquement de mon cœur.
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Ciel de couleurs
Teen FictionBleu, rouge, vert, jaune ou violet, toutes les couleurs conviennent à Valentin, tant qu'elles ne sont pas grises et ternes. Mais lorsque les sentiments s'en mêlent, le tout fait un sacré mélange. Comme un arc-en-ciel. Spin-off de Ciel d'été