Clément.
Mes parents sont si sociables que je me demande parfois si je n'ai pas été adopté. Ils aiment le contact ; ils adorent discuter ; ils vénèrent les relations humaines. Tout cela m'échappe complètement, moi qui préfère le silence aux débats interminables sur la politique. La simple idée de devoir communiquer avec des gens qui sont là par politesse me dégoûte.
Et voilà qu'il y a des invités dans l'entrée.
Je n'étais pas au courant. Cela faisait à peine une heure que j'étais levé. J'avais la ferme intention de passer ma journée sur un nouveau jeu vidéo récemment acheté et rester en jogging sans bouger de ma chaise de bureau. C'était ce que je faisais depuis déjà une semaine et mes plans n'étaient pas près de changer.
Enfin, jusqu'à ce que quelqu'un décide de frapper à ma porte.
Je reconnais les coups hésitants de ma mère et, à la vue du bazar régnant dans ma chambre, m'empresse de ranger mon bureau. Deux énormes piles encadrent mon ordinateur ; l'une est composée de cartes mémoires, de cassettes de jeux vidéos, d'écouteurs et de câbles ; l'autre est un fouillis d'objets scolaires. En fourrant cette dernière dans mon sac à dos, je remarque mon agenda, et le souvenir de mon année au lycée me revient brusquement en mémoire.
J'ai toujours eu des facilités à l'école. En primaire et au collège, je n'ai jamais eu besoin de me concentrer ou de me fatiguer à faire mes devoirs. Au grand désespoir de mes professeurs, je ne participais pas et me contentais de griffonner quelques dessins dans la marge de mes cahiers.
Etre attentif était de toute façon impossible pour moi. Outre mon extrême ennui et mon total désintérêt pour les matières enseignées, je dormais trop peu la nuit pour avoir de l'énergie le jour.
Le soir, je préfère me perdre dans la dure lumière de mon ordinateur. Je peux passer plusieurs heures sur mon PC, jouant à des jeux de stratégie ou codant de nouveaux programmes.
Mes parents ne se gênent évidemment pas pour me faire remarquer que je gâche tout mon "potentiel" et, que si cela ne tenait qu'à eux, ils m'auraient déjà retiré tous mes "objets technologiques" et m'auraient inscrit dans une école spécialisée pour les "petits génies".
Ma mère est sûrement la plus déçue des deux, mais aussi la plus discrète. Souvent, elle se contente de me sermonner d'un regard noir. Et, lorsqu'elle le peut, elle ne manque pas d'essayer de me construire une vie sociale.
- Habille-toi, on reçoit des invités, aujourd'hui ! m'annonce-t-elle joyeusement.
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Destination : Vie Parfaite
Teen FictionE N P A U S E Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets. "Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...