Sans chercher à échanger sur mes pensées profondes et mes attentes déçues d'adolescente en mal de sensation, je tourne le dos à mon père - qui a l'air d'hésiter entre se faire couler un café et retourner se coucher - et me dirige vers la cuisine où m'attendent une thermos et un billet de vingt dollars.
Un litre de café et de quoi satisfaire mes fringales intempestives ? C'est le meilleur.
- Je ne suis peut-être pas le plus matinal des papa, mais je peux tout de même préparer le déjeuner de ma fille le jour de sa rentrée.
Je me tourne vers mon géniteur, qui se tient appuyé contre le chambranle de la porte, sa robe de chambre à moitié nouée et les cheveux en batailles, et lui offre mon sourire le plus sincère. Entre nous, nous ne parlons pas de sentiment, mais ça, cette petite attention, ça veut dire beaucoup venant de lui. Lui qui est rentré du travail il y a quelques heures à peine et qui a choisit de sacrifier ses heures de sommeil pour moi. Lui qui oublie toujours tout, mais qui a pensé à ma rentrée et à l'impact que ça pouvait avoir sur mon moral. Toutes ces petites choses ont bien plus de valeurs à mes yeux qu'un long discours et elles suffisent à me faire oublier, l'espace d'un instant, ce qui me tourmente.
- En billet... Pile comme j'aime ma nourriture ! Merci. dis-je à mon père en déposant un baiser sur sa joue.
- A ce soir ma chérie. Bon courage pour aujourd'hui !
La main sur la poignée de porte, je m'immobilise en l'entendant parler. La simple mention de la journée qui m'attend suffit à faire réapparaître la boule de bowling qui pesait dans mon estomac et qui occupe à présent tout l'espace disponible dans ma poitrine. J'avale difficilement ma salive en suivant du regard mon père, qui remonte à l'étage en traînant des pieds, comme un ado attardé forcé de se lever aux aurores un dimanche matin. Sur le pallier, il s'immobilise devant la porte de sa chambre, se tourne vers moi, les bras écartés, et hurle, comme s'il était à un concert de rock " Tu vas tout déchirer ! ". Qu'est-ce que je disais, un ado. Mais cette nouvelle mention de ma rentrée suffit à donner le coup de grâce à mes nerfs déjà fragiles.
J'ai besoin d'air, vite.
Je lui fais un signe rapide et me précipite à l'extérieur de la maison, portable en main. Déjà, les notifications des premiers votes et commentaires apparaissent à l'écran et m'apportent un réconfort bienvenu. Mais comme toujours, entre tous les messages qui m'ont été envoyés, ce sont les mots de Melia01, ma plus fidèle abonnée, qui me touchent le plus.
Et bien malgré moi, je me surprend à sourire.
Même si ce n'est pas la plus nombreuse, ma communauté est toujours là pour moi, et je ne peux que m'en sentir reconnaissant. Aussi, je m'efforce d'avoir l'air enjouée lorsque je leur répond, un à un, en apportant un soin tout particulier à la réponse que je donne à Melia.
En immersion complète dans mon téléphone, je suis rappelée à la réalité par un coup de klaxon à quelques mètres de moi. Bien forcée de relever la tête, je remarque qu'une Impala rouge flambant neuve m'attend, devant l'allée de la maison, mon meilleur ami au volant :
- Alors Jam Jar Binks, pourquoi tu te marre toute seule ? T'as croisé ton reflet dans l'écran ?
Je lui tends mon majeur et me hisse sur le siège passager.
- Mazette ! On se refuse rien ! Moi, tout ce que j'ai ramené de mes vacances, c'est un porte-clé, dis-je en examinant l'intérieur cuir de la voiture qu'il vient de se faire offrir.
- Tu sais ce que c'est... La famille Peters ne recule devant aucune excentricité pour sauver les apparences, souffle-t-il, en fronçant les sourcils sans lever le nez de la route.
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F*ck it List
Teen FictionAssez ! Que la capitaine des cheerleader ignore son nom après trois ans dans le même lycée ? Passe encore. Mais que le nouvel élève, et partenaire de labo de Jamie, réponde à son invitation Facebook par "On se connait ?", c'en est trop. Elle est bie...