September, 20th 1939

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Elise, ma douce Elise

Je suis entrain de préparer mes affaires, mais quelles affaires? Comment suis-je censé savoir quoi prendre à la guerre? Comment Elise, comment? Je ne sais même pas si je pourrais t'écrire là-bas. Mais je te promets d'essayer, à défaut de te promettre dans revenir vivant. Je ne pense pas en être capable. On parle de la guerre, du champs de bataille, de centaines d'hommes armés de fusils, programmés à tuer, tuer pour survivre, tuer pour sauver sa propre peau. C'est horrible, je suis terrorisé. Je n'ai qu'une infime chance d'en revenir vivant. Et si jamais c'était le cas, je reviendrais avec de nombreuses séquelles, physique surement et surtout psychologique, je ne serai plus jamais le même. Comme le vieux Dowling, tu te souviens de lui? Ce pauvre homme qui est décédé en août, il avait fait la première guerre mondiale, et pendant des années n'avait pu sortir de chez lui, terrifié. Enfant il était mon voisin, les soirs d'orage je pouvais l'entendre hurler de terreur, par ma fenêtre je l'apercevait pleurer dans les bras de sa femme. Le bruit de l'orage lui rappelait celui des bombes. Un jour des touristes allemands sont arrivés dans le village. Tout le monde a tenté de faire en sorte que Dowling ne s'en aperçoit pas, mais c'était aussi un homme merveilleux bourré de gentillesse, il a donc voulue leur faire la conversation, mais quand il a entendu l'accent allemand dans leur anglais chevrotant, il est devenu comme fou. Il s'est mis à leur lancer des pierres. Les allemands sont partis sur le champs. On ne les a plus jamais revu. Nous n'avons plus jamais revu un seul allemand depuis ce jour là d'ailleurs, à croire que la rumeur c'est répandu dans toute l'Allemagne. La femme du vieux Dowling est décédé quelques jours avant que tu n'arrives, je pense que c'est ce qui a engendré sa propre mort ce 21 août, il ne supportait pas son absence. Elle qui l'a épaulé pendant tant d'années, qui l'a consolé à chacune de ses crises d'angoisse, qui l'a aidé a surmonter sa terreur de l'orage, il ne pouvait pas vivre sans elle. Il est mort d'un chagrin d'amour. Je trouve ça beau, mourir d'un chagrin d'amour, à 93 ans c'est beau. Mais promet moi que si jamais je meurs au front tu ne te laisseras pas mourir, tu es jeune, tu as toute la vie devant toi, alors je t'en supplie, si je ne rentre pas de la guerre je veux que tu vives ta vie encore plus intensément qu'avant je veux que tu vives ta vie pour nous deux.

Dans l'espoir de te revoir et avec tout mon amour,

T.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 27, 2018 ⏰

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Lettres à ÉliseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant