La première nuit de la nouvelle année

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Jongin avait peur du feu.

Ce n'était pas une nouveauté, mais ça avait fait qu'il n'avait jamais assisté à un feu d'artifice de sa vie, trop effrayé que les retombées ne le brûle. Il n'avait jamais été au cirque non-plus, trop effrayé à l'idée qu'il y ait des cracheurs de feu, n'allait jamais aux grillades d'été auxquelles on l'invitait et n'entrait jamais dans les pièces avec des feux de cheminées. Même les bougies, il en avait peur.

Cette crainte était une crainte secrète dont il avait honte mais dont il n'arrivait pas à se défaire. En effet, elle s'était déclenchée lorsqu'un soir, alors que la nuit enveloppait la ville, il avait vu sa mère brûler dans leur maison rongée par les flammes, flammes causées par des fêtards maladroits qui ne savaient pas manier un feu d'artifice. Il avait sept ans, à ce moment-là. Il était jeune et pourtant, plus de dix ans plus tard, il entendait encore sa mère hurler alors qu'une poutre écrasant sa jambe l'empêchait de se relever et de sortir de ce brasier.

Son père ne s'était jamais vraiment remit non-plus et même si il tentait de le cacher en travaillant plus dur que jamais pour pouvoir couvrir son fils unique de cadeaux sans jamais oublier de libérer du temps pour le passer avec le seul vestige de l'amour de sa vie, Jongin l'entendait encore pleurer, parfois, le soir, devant le temple qu'ils avaient construit dans le salon à la mémoire de la défunte.

En soit, éviter les feu de cheminée, les bougies et les cirques n'était pas bien difficile. Par contre, les feux d'artifice du nouvel ans et de la fête nationale, c'était une autre histoire. Tous les 3 octobre et tous les 31 décembre, il se réfugiait dans sa cave, sous une couette, donnant pour excuse à ses amis qu'il voyait de la famille, était malade, devait garder le chien de sa grand-mère dans sa cave pour pas qu'il ne pète un plomb (car il faut savoir que les animaux ont une franche horreur des feux d'artifices), avait la flemme de sortir et ainsi de suite pour attendre, tremblant, les joues inondées de larmes, les oreilles bouchées pour ne pas entendre les détonations, que les feux d'artifices aient cessés et que le feu n'envahisse plus le ciel.

Cette technique avait relativement bien marché jusqu'à cette année fatidique : 2017.

Cette année-là, son meilleur ami, Sehun, avait anticipé toute échappatoire, l'avait forcé à réserver la date trois mois en avance et lui promit que s'il était malade, il viendrait le chercher quand même, fiévreux ou pas fiévreux, pour aller voir l'immense feux d'artifice depuis la colline avec toute la bande comme ils s'étaient toujours promis de le faire mais comme ils n'avaient jamais vraiment pu le faire car Jongin manquait toujours à l'appel. Il avait sortit ses plus beaux arguments, allant de Chanyeol et Baekhyun qu'ils allaient pouvoir admirer se chamailler (et leurs chamailleries étaient de loin la chose la plus distrayante que Jongin ai jamais vu) à Kyungsoo, ce garçon si attrayant dont Jongin voulait tant se rapprocher, en passant par Yixing et Zitao qui revenaient de Chine ou Yifan qui revenait du Canada après de longs mois d'absence.

Dans un premier temps, Jongin avait laissé couler en se disant que Sehun finirait par oublier mais ça n'avait pas marché et en début de mois de décembre, le garçon aux cheveux arc-en-ciel (Jongin n'avait jamais compris l'intérêt de son ami pour cette couleur jusqu'à ce qu'il rencontre Luhan, celui qui avait si aisément ravit son coeur et pour lequel il avait tout accepté, même la teinture de ses cheveux en cette couleur si extravagante) lui avait rappelé sa promesse, ce qui avait relancé Jongin dans sa recherche d'excuse.

Il avait tout essayé : se faire inviter chez sa grand-mère qui habitait à l'autre bout du pays (manque de bol, celle-ci allait en croisière avec une amie pour faire des feux d'artifices sur l'océan), trouver un chien à garder (toujours manque de bol, personne n'avait de chien dans son entourage à part sa grand-mère qui le prenait avec elle sur son bateau), attraper une maladie qui le cloue au lit (malheureusement, son père et Junmyeon, un ami d'école qui prenait soin de lui ainsi que de tout leur groupe comme une vrai mère poule, le couvrirent tant d'écharpes et de manteaux qu'aucun coup de froid ne le toucha) et même appeler son père au secours.

La première nuit de l'annéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant