Le Joué des Dieux, I

49 5 3
                                    

Je suis mort. Je pense que je peux le dire, car je me souviens d'une longue chute dans un abîme. Mon nom est Gabriel Danton, si je me souviens bien... car je l'ai porté il y a fort longtemps. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux. Je suis très bien là où je suis. J'ai mérité mon repos éternel et voilà que Monsieur et Madame la Mort me réveille ! C'est inadmissible ! Est-ce que je vais les embêter, moi ? Non. Qu'Ils me laissent dormir ! qu'Ils prennent quelqu'un d'autre, je suis fatigué d'être leur jouet.

Soudain, mes paupières se lèvent ! Finalement je crois qu'Il n'est pas d'accord... Je suis dans une pièce style Rome antique, avec ses colonnes blanches et ses rideaux rouges. Je vois une grande table où sont posées une carafe et deux verres. Effectivement, cela doit faire un moment que je « dors » car ma barbe arrive maintenant au niveau de mes chevilles ! Je suis habillé d'une sorte de drap blanc. Je discerne le jour à travers la grande fenêtre creusée dans une paroi. Tout d'un coup, une envie folle de manger et de boire m'assaille. Je tente de me lever, mais en vain... mes muscles ne m'obéissent plus ! Je me force à les contracter et arrive, tant bien que mal, à glisser de mon lit en rampant. Seule la vision de la carafe me préoccupe ; je ne quitte pas des yeux mon objectif. Quand j'arrive enfin au niveau de la table, je m'empresse de mettre dans un des verres le breuvage. Il sent la cannelle, et a un goût d'amande. Quel délice ! Je sens le liquide me coulait dans le gosier et lentement descendre vers l'estomac. Il devait savoir ce que j'éprouverai en me réveillant, car je suis convaincu que cet élixir n'est pas là pour rien.

Revigorés par la boisson, mes membres commencent à se réveiller. Je me décide à trouver mon hôte, car, aux dernières nouvelles, je ne suis pas mort ici. Je traverse la chambre et arrive devant la porte. Je tourne le loquet. Parfait ! Elle est ouverte. Un long couloir relativement large m'apparaît. Une fois que je l'ai traversé, trois choix s'offrent à moi, à droite, à gauche, ou, la grande porte centrale. J'opte pour cette dernière. Je pousse les lourds battants de bois puis entre dans la salle. Une aveuglante lumière m'attaque les yeux ! Comme si j'avais été dans le noir complet pendant longtemps et que, tout d'un coup, je revoyais le soleil ! Petit à petit, des ombres se détachent et je commence à distinguer quelques formes. Un homme de petite taille s'avance vers moi. Sa longue chevelure argentée ondule sur ses épaules et contraste avec la noirceur de sa peau. Le petit homme me regarde de ses yeux violets comme si j'étais un de ses amis. Mais je n'en suis pas un ! Je sais qui il est et ce qu'Il m'a fait endurer durant mon séjour dans l'autre monde...

- Je vous souhaite le bonjour cher camarade !, me dit-il avec son sourire narquois.

- Je ne suis pas votre camarade.

- Enfin, mon vieil ami ! Ne soyez pas si énervé...

- Ne pas être énervé vous dites ! Vous m'avez jeté dans le néant lors de notre dernière séparation ! Ça fait combien de temps que je suis mort ?

- Si je ne me suis pas tromper dans mes calculs, cela fait exactement deux millions trois cent mille années !

- Je suis tombé pendant tout ce temps ?

- Oui. Enfin, sans compter le moment où vous vous êtes écrasé en arrivant au fond du néants.

Ça par exemple ! Le néant a donc un fond ? L'atterrissage a dû être vraiment extraordinaire ! Nous nous regardons pendant quelques instants puis il brise le silence qui animé l'atmosphère.

- Mon chère Gabriel, tu dois te questionner sur tant de points ! Laisse-moi t'expliquer...

- Vous ne me donnerai aucune explication ! Laissez-moi tranquille ! Vous me devez bien ça !

- Tu crois vraiment que, moi, Chronos, dieu du Temps, je te dois quoi que ce soit ? Non Gabriel, tu n'es qu'une marionnette, qu'un jouet entre nos mains », dit -il sur un ton glacé.

Le Joué des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant