C'est beau. C'est quoi ?

J'étais assis dans un café en hauteur avec Jade -une amie- on regardait la vue que nous donnaient les buildings. On ne parlait pas.  De toute façon on ne parlait jamais énormément.
Puis on entendit la femme de la table voisine crier d'une voix trop aïgue et insupportable pour mes pauvres oreilles. Un homme, son mari sûrement, essaya de la calmer et lui demanda la raison de ses cris.
"Là...là-haut..." lui répondit dit-elle en pointant le haut du building d'en face. Je levais la tête en continuant de boire mon café fatigué de tous cette agitation et vis Jade faire de même. Je cherchais se qui affolait la femme quand je vis une silhouette masculine sauter. On entendit la femme hurler encore plus fort ,si possible, et le barman appeler les pompiers ou le samu- je sais pas trop. Je soufflai encore plus excédé par l'agitation qui régnait et continua mon café.
"C'est beau. C'est quoi ?" Me demanda Jade.
Je la regardai attentivement et sentis un rictus moqueur apparaître au coin de mes lèvres avant de répondre d'un air lasse:
" Une tentative de vie."
Triste phrase pour parler d'un suicide
n'était-ce pas ? Pourtant plus j'y pensais et plus je trouvais ça vrai et logique. Je tournais enfin la tête vers Jade et la vis me regarder intriguée.
" Une tentative de suicide si tu préfère. "
Elle hôcha la tête puis continua de boir son thé et de manger ses gâteaux. Je lui laissais de l'argent pour payer mon café puis partis vers mon appartement. Je regardais les gens sourire, rigoler, parler, pleurer, crier, chuchoter, se regarder, s'embrasser. Je ressemblais à une coquille vide à côté de tant de sentiment. Ils paraissaient heureux d'être en vie. Je soupirais et recommançais à marcher en me disant que demain je retournerais à ma pauvre vie monotone. Je me disais aussi que j'aimerais faire le grand saut comme le jeune homme de tout à l'heure mais que je manquais cruellement de courage comparé à lui. Une pensée me traversa l'esprit tout aussi sombre que les autres:
"Pendant que ceux qui ont peur de la mort vivent, ceux qui ont peur de la vie meurent. Et ceux qui on peur des deux attendent."

Comme moi.