Underwater

24. Aurore

Elle pleurait. Elle venait de claquer la porte des escaliers derrière elle, se retrouvant dans le noir le plus total, et elle pleurait. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi tout ça ? Pourquoi fallait-il que sa vie soit comme ça ? Pourquoi fallait-il qu'on lui prenne tout ce qu'elle avait ? Elle était heureuse, la plus heureuse, puis, au moment où son bonheur devenait quasiment parfait, tout s'était écroulé autour d'elle. Tout ce qu'elle connaissait, tout ce qu'elle aimait, tout ce qu'elle avait construit... Tout. Tout s'était écroulé. Son monde durement construit s'était écroulé, l'emportant, elle, dans sa chute. Tout s'était lentement écroulé tout autour d'elle, jusqu'à la faire sombrer à son tour. Mais pourquoi ? Elle détestait cette vie. Elle détestait ce monde, ainsi que l'autre, aussi. Elle détestait tous les mondes qui pourraient jamais exister, qu'ils soient deux ou quinze.

Les larmes coulaient toujours sur ses joues lorsqu'elle sentit alors une main sur son épaule. Elle se retourna et, dans le noir, essaya de distinguer qui était en face d'elle. Mais elle ne vit rien. Elle sentit simplement une tête se poser sur son épaule et deux bras la serrer. Elle reconnut alors les cheveux longs et bouclés de Luca.

Luca : Eh... Ça va aller, d'accord ? Ça va aller...

Aurore le repoussa et essuya son visage ruisselant de larmes.

Aurore : Comment veux-tu que ça aille ? Comment veux-tu que tout s'améliore ? Je suis victime de flash-backs, n'importe quand et n'importe où ! Personne ne sait comment les arrêter ! Ça risque de tous nous mettre en danger ! Encore plus en danger que ce que l'on est maintenant ! Comment veux-tu que ça aille alors qu'on se prépare à se battre ?

Elle était consciente que s'énerver contre Luca ne lui servirait à rien, qu'il n'y était pour rien, mais ça lui faisait du bien.

Luca : Mais on va y arriver, d'accord ? On va...

Il tenta de la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa violemment.

Aurore : Comment veux-tu qu'on fasse ? On est en pleine guerre ! Contre des sirènes, des tritons, de la magie ! On va devoir se battre contre une armée bien préparée ! Et nous ne sommes que neuf ! Alors comment veux-tu que ça aille bien ?

Il y eut un silence, puis :

Luca : Écoute Aurore... Je ne sais pas comment, d'accord, mais on va y arriver. On va les battre. Je te promets qu'on y arrivera. Même si pour ça on doit suer sang et eau, même si on doit y passer trois ans, même si on est que neuf, on les battra. Je te le promets.

La colère d'Aurore retomba et elle se remit à pleurer.

Aurore : Mais c'est tellement dangereux... On risque d'y rester...

Luca : Je te promets qu'on...

C'en était trop. Il ne manquait plus qu'il fasse une promesse pour être sûre qu'il ne la tiendrait pas.

Aurore : Non ! Ne fais pas de promesse que tu n'es pas sûr de tenir !

Luca : Je te promets qu'on fera tout notre possible pour rester tous en vie.

Les sanglots de la jeune fille redoublèrent. Comment pouvait-il être si calme, si serein, alors qu'ils se préparaient à la guerre ?

Aurore : On y arrivera jamais. Pas si on reste comme ça, en haut. Il faut qu'on s'entraîne. On manque d'entraînement. Et tout ce à quoi vous pensez, c'est manger, vous amuser. Tant pis si on ne mange pas le midi. On a qu'à préparer des sandwichs, et on les mange rapidement pendant l'entraînement ! On a pas le temps de s'arrêter, de remonter manger, puis de redescendre. On perd trop de temps. On ne sera jamais prêts pour se battre. S'ils nous attaquent demain, on est tous morts !