Chapitre 11

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Le deuxième jour de ma troisième semaine, on nous annonça que le chef de la ville nommé par Endemol venait d'arriver. Il arrivait dans l'après-midi pour nous rencontrer. La plupart de mon régiment était assez excité et la matinée passa vite. Pour ma part, le stress montait, j'avais inexplicablement peur de le rencontrer, qu'il se rende compte de mes activités illégales et qu'il fasse du mal à mes grands-parents.

Pour évacuer ce mal-être, je me dirigeais vers la salle d'entraînement de la caserne, juste après avoir donné mon pique nique de midi à une gamine qui traînait dans le coin. Devant le sac en sable, je donnais des coups violents. Je venais de débuter la boxe et cela s'annonçait plus compliqué que le krav maga. Il fallait frapper plus fort et j'étais habituée à mettre au sol mes adversaires en finesse.

J'essayais de lâcher ma haine dans ce sac et non pas sur les humains, je m'imaginais frapper Endemol tout entier et à mon dernier coup, je poussai un cri de rage.

Je m'apprêtais à aller chercher ma bouteille d'eau lorsque je me rendis compte qu'un homme était tout près de moi. C'est étrange, car je n'avais pas remarqué sa présence pourtant je suis souvent très attentive à mon environnement.

- Tu te tient mal quand tu frappes.

Je le regardai assez agacée, je n'aimais pas particulièrement mes collègues mais je vit que son visage ne m'était pas familier. C'était un garçon aux cheveux châtains et aux yeux marrons, un physique assez banal mais je ne sais pas, il dégageait quelque chose que je ne pouvais pas définir. Son regard était dur mais ses yeux reflétaient une infime douceur, c'était le genre de personne dont le regard ne s'oubliait pas facilement.

Il continua.

- Concentre ta force dans tes bras et relâche tes abdominaux, et il m'attrapa par la taille et me tourna en face du sac de sable.

Je le regardais, électrisée par son geste et à bout de souffle, je répondis un faible ''okay''. Mais, il rajouta.

- Tu n'es pas très musclée, tu dois en profiter pour être plus agile que ton adversaire, il continua de me regarder dans les yeux et je ne pu m'empêcher de soutenir son regard, la bouche entrouverte, à cause de l'effort que je venais de produire ou de notre promiscuité.

Après avoir chuchoté un faible merci, quelqu'un appela un Monsieur Camozzi et visiblement c'était cet étranger qui me quitta sans un regard.

Quelques minutes après, je me dirigeais vers la salle centrale et lorsque j'entrai je vis que pratiquement toute la caserne étaient déjà rassemblée. Tout le monde était impatient de voir le nouveau chef.

Il ne restait plus de places assises, je restais donc debout et lorsque l'on annonça le dirigeant, je vis Monsieur Camozzi, l'inconnu de la salle d'entraînement. J'étais paralysée, je n'avais même pas réfléchis que c'était évident que l'homme qui m'avait aidé était le nouveau !

Je ne pouvais pas nier qu'il dégageait quelque chose qui m'intriguait. Même si toutes mes pensées étaient dirigées vers Eliad, le dirigeant ne me laissait décidément pas indifférente. Il avait une prestance indéfinissable, c'était le genre d'homme que personne n'oserait défier.

Il fallait que je sois discrète. Je m'étais déjà faite remarquée dans la salle d'entrainement et il ne fallait pas que cela recommence.

Après avoir servi un petit discours, il voulu rencontrer sa garde rapprochée et nous convia dans une salle plus étroite.

J'entrai la dernière et me mis dans un endroit discret afin qu'il ne me reconnaisse pas. Dans mon groupe, on me lassait tranquille et personne ne fit attention à moi. Ils avaient compris que je ne voulais pas me mélanger. A la fin de son speech, au cours duquel il ne sembla pas vraiment très concerné par sa sécurité, il fit sortir tout le monde.

J'avançais avec les autres. Mais, sur le pas de la porte, il m'attrapa le bras et en me regardant exactement comme dans la salle d'entraînement mais avec un léger sourire moqueur qui lui donnait un air étrangement sympathique.

- Je ne savais pas qu'ils engageaient des soldats nuls en boxe comme élites.

Chauffée par sa pique, je répondis du tac à tac, sur le même ton:

- Je ne savais pas qu'ils choisissaient des gamins comme chefs.

Il était évident qu'il avait la vingtaine, sinon légèrement plus. Je me décrochai de son emprise et je partis sans demander mon reste.

                                                                                 ***

Assez retournée par ce qui se venait de passer, je décidai d'aller rejoindre Eliad chez lui, on était mardi et j'étais en avance pour la réunion des résistants. Après avoir toqué, une grande blonde que je connaissais pas vînt m'ouvrir, elle me regarda de bas en haut puis me laissa entrer.

Et ce que je vis dépassa tout entendement : Eliad était entouré d'au moins cinq filles en tenues plus que légères, ce n'était même plus des sous-vêtements, il les embrassais, tandis que d'autres le caressaient. Il bu au goulot d'une petite bouteille de Wisky avec le regard d'un homme ravi et comblé.

Je ne pouvais plus bouger.

La trahison était trop douloureuse.

Mais quel enfoiré.

- C'est une putain de blague?

Il reposa sa bouteille et lorsqu'il me vit et son regard changea aussitôt, il dégagea presque avec violence les autres filles et se leva pour me rejoindre.

- Je peux tout t'expliquer Nina!

Mais j'étais déjà sur le perron, je voulais fuir de cet appartement.

- Je n'ai pas besoin d'entendre une vieille tirade plates d'excuse!

- Nina, je suis désolé ! Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, pardonne moi ! pardonne moi !!

Il attrapait mon bras afin de m'empêcher de partir mais je me défis brusquement et attrapa son menton.

- Je ne suis pas ce genre de femme qu'on trompe. Laisse-moi partir.

Ma voix était si froide. Et il comprit qu'il ne pourrait pas m'embobiner, alors je descendis précipitament les escaliers sentant les larmes que j'avais retenues arriver.

Je ne l'avais plus vu depuis ces deux dernières semaines et ces filles en étaient sûrement l'explication. Je ne faisais que très rarement confiance et Eliad avait su la gagner si facilement. Trop facilement.

Même s'il m'avait apporté de belles choses, il fallait que je tire un trait sur lui. Hors de question que je pardonne cet écart à un homme. Et même si mes expériences amoureuses étaient limitées, j'étais intimement persuadée que ce qui avait commencé entre Eliad et moi était bel et bien fini.

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