Beige hâlé

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Désolée pour la taille ridicule de cette partie ><


J'écarquille les yeux comme un poisson et le fixe de haut en bas. J'ai l'impression d'être une caisse claire d'une batterie : mon cœur tape de partout.

— Je... quoi ?

— C'est l'ambiance qui me fait dire ça. Le festival de musique. Le fait qu'on ait des t-shirt sympas. Le fait qu'on ne soit que tous les deux. Je suis désolé si je te gêne, ce n'était pas ma volonté.

— Non, non, c'est bon.

Je baisse la tête, me mordant les lèvres pour me calmer et éviter de faire une connerie. Mais apparemment, la partie de mon cerveau qui gère la parole n'est pas du tout de cet avis et lance à la cantonade.

— Dis, est-ce que tu es en train de me draguer ?

Curtis s'arrête et me fixe. Je vis une expérience un peu bizarre où je me vois sortir de mon cœur et observer ce qui se déroule devant mes yeux. Le bleu dans le vert, son visage a une expression neutre au possible.

— Oui. Mais tu semblais réceptif. Alors j'ai continué. Ça te dérange ? Ça te dégoûte ? N'hésite pas, je ne veux pas te mettre mal à l'aise. Mais j'espère que tu resteras tout de même mon ami et que tu n'iras pas raconter d'histoire sur mon compte aux autres.

— Non ! hurlé-je pour l'arrêter. Je n'ai jamais été comme ça. Et puis... ça me fait plaisir d'intéresser quelqu'un. Ça change des râteaux.

— Alors je peux continuer ?

— Oui. Tu peux. Mais j'espère juste que tu ne te moques pas de moi. Je déteste ça au plus haut point.

— Non. Tu m'as réellement tapé dans l'œil.

Je hoquette de surprise et rougis encore plus. Je pourrais me transformer en une flaque dans la seconde. Il faut qu'il arrête d'être aussi détendu alors que je ressemble à rien et que mon pauvre cerveau est rempli de tout un tas de questions. Il reprend le chemin comme si de rien n'était et me laisse pantois, en plan, un peu comme un con. Je secoue la tête comme un chat et le rattrape en deux foulées. Mon cerveau prend encore une fois les décisions à ma place et demande.

— Du coup, on peut dire qu'on est en rendez-vous ?

— Si tu en as envie, ça peut être le cas.

Je ne réfléchis pas. Mais cette fois-ci, ce n'est pas dérangeant. J'ai bien envie de ne pas réfléchir. Ça contre-balance bien avec le reste du temps.

— Je crois bien que oui.

Il sourit encore une fois avec les dents dehors. J'aimerais bien imprimer cette image dans ma tête. Nous reprenons la marche vers le centre, proche l'un de l'autre. Comme cette journée en rentrant de la plage, nos mains se frôlent, nos regards se croisent et mon cœur explose. Mon beige trouve le plus hâlé, s'amuse, tourne un peu. On est tous les deux hésitants, on se regarde d'un coin, sans sourire. Et nos auriculaires finissent par se joindre, accompagnés quelques minutes plus tard de deux de leurs congénères. C'est délicat, tout chaud, bienfaisant même.

J'ai l'impression de marcher sur un nuage.

Ciel de couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant