Tranquille.

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Anaëlle

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Anaëlle.

Il est huit heures. Tout est calme. Rien ne vient briser mon fragile moment de paix. Pas de bruit, pas de cris, pas de galopades dans la grande maison silencieuse. Il n'y a que moi et le bruissement des pages de mon livre.

Cette tranquillité est si rare que je la savoure comme une droguée en manque. Elle m'est vitale et pourtant je n'y ai pas souvent le droit, étant la plupart du temps privée de tout moment de répit. Entre mes frères et soeurs hurlant et courant partout, renversant des vases par-ci par-là et bousculant l'autre qui se met à pleurer, je ne peux pas me poser. Je ne dois pas. Mes parents travaillent même le week-end pour pouvoir nous nourrir, et il faut bien quelqu'un pour gérer la fratrie. Je regrette simplement de ne pas avoir quelqu'un d'autre à qui confier cette lourde tâche lorsque j'ai besoin de faire une pause.

Captivée par l'histoire et perdue dans mes pensées, le cri provenant d'une des chambres du fond ne parvient pas tout de suite à mes oreilles. Cependant, lorsque deux autres s'y ajoutent, je ne peux les ignorer plus longtemps. Je soupire longuement en rangeant mon livre sur son étagère. Voilà. Mon instant de tranquillité est terminé et une épuisante journée commence.

Théo apparaît dans l'encadrement de la porte. Il a l'air exténué, comme s'il avait passé la moitié de sa nuit devant son téléphone, ce qui n'a absolument rien d'étonnant.

- Tu t'en occupes ? grogne-t-il tout en traversant nonchalamment le couloir.

- Je ...

Face à son regard insistant, je ne réponds rien et sors de ma chambre pour calmer la fratrie dont les cordes vocales sont déjà bien échauffées.

- Anaëlle ! hurle à s'en briser la voix une des Triplés, Larissa.

- J'arrive, soupiré-je tant en accélérant le pas.

Je traverse sans grande motivation le long couloir et passe devant les nombreuses portes qui composent l'étage. Il y a celle qui est décorée de paillettes, de nombreuses photos de stars masculines et placardée de violentes affiches « DEFANSE D'ENTRER » - noter la faute d'orthographe. En face, plus sobre mais pas moins représentative, celle qui a été repeinte en trois couleurs différentes, ce qui donne un résultat final plus proche du marron que du violet. Sa voisine, elle, est ornée de ridicules éléphants de toutes les couleurs possibles et imaginables, un sourire machiavéliquement sage aux lèvres. Un peu plus loin, encadrée par la salle de bain et les toilettes, il y a la mienne, vide de décorations notables mais pleine de gribouillis infâmes. Pour finir, une porte peinte de noir et agrémenté de panneaux STOP et une autre entièrement couverte d'œuvres d'art représentant des princesses aux longs cheveux roses et au corps semblable à des patates informes attendant leur preux chevalier dont le visage fait plus peur que le dragon perché sur son donjon terminent l'interminable couloir de l'Enfer.

Destination : Vie ParfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant