Dès que le taxi passe le long de la côte, le port Vauban se dessine avec sa grande roue illuminée.
Anna regarde par la vitre du taxi qui les emmène. Ève se fiche du paysage qui défile, elle fixe ses mains. Elle essaie de trouver une parole pour la faire rire, mais à la place elle lui a demandé l'heure. Anna regarde sa montre.
- il est onze heure.
- Et tu travailles demain ? Enfin c'est bête comme question, évidement que tu dois travailler.
Dire n'importe quoi du moment que le temps du voyage elle puisse poser sans ambiguïté ses yeux sur le visage d'Anna. Sa question réponse a flotté un instant mais a fait sourire la jeune femme.
- pourquoi étais tu sur la falaise tout à l'heure ?
Ève fit la moue et soupira, mais elle même ne savait pas. Elle avait juste senti l'appel de la mer. Anna voyant la confusion sur son visage, sentait qu'il devait y avoir un problème.
On dirait un petit oiseau hors du nid pensa Anna qui observe Ève du coin de l'il.
- Alors, tu ne veux pas m'en parler ? Il me semble que tu n'es pas très bien dans ta peau, est ce que je me trompe ?
Ève secoue la tête de façon négative. Elle aurait voulu lui dire mais les mots restaient coincés dans sa tête.
- Alors peut être que je pourrais t'aider à y voir plus clair si tu me racontais ?
Le taxi stoppe sa course, il est arrivé à l'adresse indiquée, Ève eu un soupir de soulagement mais en même temps de regret en voyant la porte de son immeuble.
Elle, la petite fille sage ne pouvait se résoudre à raconter à une inconnue ses états d'âme. Lui dire qu'elle trompe son monde, qu'elle sort avec des hommes alors que depuis l'enfance elle n'a jamais été attirée que par les femmes. Mais elle ne peut se résoudre à quitter son inconnue. Le côté mystérieux de cette rencontre et le fait que dès qu'elle sera sortie du taxi, elle ne reverra sûrement plus jamais Anna. Elle sentis une Horrible sensation dans sa poitrine.
- eh bien, tu es arrivée !!
Ève ne sait comment retenir l'instant, il lui faut quitter Anna. Elle cherche un prétexte pour en savoir plus sur la jeune femme.
- tu habites loin ?
- pourquoi ?
Ève ne s'attendait pas à cette question :
- laisses tomber .. dit elle en posant sa main sur la poignée de la porte. Anna retient la jeune femme par le bras, ses yeux noirs pointés dans ceux d'Eve.
- ne fuis pas, j'habite à deux pas, rue maréchal Foch. Si d'aventure tu avais besoin d'être sauver à nouveau.
Puis elle s'approche de son visage et dépose un baiser chaste sur le nez de la jeune femme.
Ève déstabilisée, ne peut dire qu'un bonsoir presque inaudible avant de sortir de la voiture. Elle marche prestement vers la porte et entendit le taxi s'éloigner. Alors elle se retourne et vit qu'Anna était planté sur le trottoir.