Chapitre 1 - Amélia

49 5 1
                                    

23 février

Mon alarme sonna pour la vingtième fois. Le Soleil allait se lever et je serais dans de bien beaux draps. Avec mon pied, je frappa pour une énième fois le cadran diabolique. Bon, je le sais, c'est impossible pour moi de dormir, alors, la nuit, je médite (ce qui est tout aussi difficile, mais ça me donne quelque chose à faire). Un rapide coup d'œil à l'heure me confirme que je vais encore être en retard au travail. Pas grave, on ne peut pas me renvoyer. Comment ça? Je suis la co-propriétaire et la co-fondatrice, alors c'est moi qui hurle après les employés qui arrivent encore plus tard que moi, et non le contraire. Rapidement, j'enfile ma plus belle robe, moulante, bourgogne, en dentelle qui m'arrive au-dessus des genoux. Il y a une rencontre officielle avec mon collègue et les gens non-importants en-dessous de lui et moi. Je prends le temps de brosser mes longs cheveux chocolat au lait bouclés, qui sont raides aujourd'hui, car je les ai lissés pour l'occasion, qui retombent librement au milieu de mon dos. J'ai juste besoin d'un petit brossage de dents pour les rendre éclatantes. J'empoigne ma sacoche en cuir noir, ma couleur passe-partout, prend mes talons hauts agencés à mon sac dans mes mains et commence la course de ma vie avant le lever du Soleil.

Le vent frais d'hiver fouette ma chevelure derrière moi, exposant une vieille cicatrice de canines presque guérie. Un vampire fou qui a essayé de m'affaiblir, moi, Amélia de la Lune, qui n'a jamais perdu une bataille de sa vie, quel imbécile. Il est emprisonné en ce moment et se fait entraîner pour se rallier à notre cause. Je l'aurais bien tué, mais ça va à l'encontre du protocole. Mon exercice matinal, si on peut s'y référer de même, continue pendant une bonne minute, jusqu'à ce que je sois arrivée à une cabane en bois à l'allure abandonnée, qui se fond dans le décor, mais qui est complètement à découvert. J'enfile hâtivement mes chaussures noires, complimentant mon habit. La tête bien haute, je marche en haut des escaliers et j'entre dans la petite pièce. Si ce lieu avait l'air rustique d'en-dehors, il est tout neuf et technologique à l'intérieur. Je me penche légèrement pour qu'une petite machine puisse examiner mes yeux, les reconnaître et ouvrir les portes de l'ascenseur, fait d'acier inoxydable, contrastant avec le bois vieilli que l'on peut apercevoir entre des fentes de métal.

Je réfléchis à un moyen d'augmenter les revenus de l'entreprise pendant que je descends à l'étage principal. Comme d'habitude, mon collègue Philip Birchstar, qui est originaire d'Angleterre, m'attend avec cet air sceptique qui te donne envie de lui asséner une bonne claque en plein visage, ce que j'ai fait un moment donné et ça a eu des répercussions négatives pendant un mois, alors je l'évite tout court. Il commença à parler avec son accent effroyable dont il est si fier:

- J'en reviens toujours pas qu'ils te gardent ici, bon sang!
- C'est vrai que quand tu as sauvé l'entreprise plus de fois que tu pourrais possiblement compter, que ça te donne beaucoup de libertés que pas tout le monde a, répondis-je audacieusement.
- C'est la troisième semaine de suite que tu arrives en en retard!, protesta-t-il.
- C'est aussi la troisième fois qu'on a rabaissé ton salaire déjà minable, répliquai-je en le laissant bouche-bée.

Toujours en état de choc, il me regarda m'en aller avec un sourire aux lèvres. Ah, cet Anglais, toujours en train de penser qu'il est mon patron. Il a bien vu ce que ça lui a rapporté! Pas que je le déteste, au contraire, il est un bon homme, mais il choisit toujours les pires moments pour m'embêter. Je me dirige vers une pièce à l'écart de l'espace de travail principal. Cette fois-ci, pour pouvoir y accéder, il faut que je m'entaille le doigt pour y laisser couler une goutte de sang sur une petite machine à la fine pointe de la technologie qui identifie l'identité du vampire, note l'heure à laquelle il ou elle est arrivé, quand il était complètement actif et ce qu'il a mangé au déjeuner. Impressionnant, non? À l'intérieur de la salle de réunion, ils avertissent toutes les personnes présentes des informations soutirées de ton corps. Un des avantages d'être dans les premiers, mais je me fous royalement de ce qu'ils pensent, alors j'arrive quand je veux.

Dès que j'arrive, tout le monde pousse un grand soupir d'exaspération. Je roule mes yeux. Une tasse de café presque tiède m'attend à ma place désignée, au bout de la table, à droite du co-fondateur, Michael Walaric, ainsi qu'un bagel aux graines de sésame froid avec du fromage à la crème. Le seul désavantage, quoi. Mon collègue lève les yeux au plafond quand je m'installe à côté de lui, puisque j'ai failli rater une réunion de plus. Soudainement, on entend un grand CLAC, ce qui signifie que nous sommes enfermés à clé. Nous pouvons commencer.

À la vie, à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant