La place qu'elle prenait toujours surle porche était traître. Lorsqu'elle s'installait là, il lui étaitfacile de croire que tout était comme avant. Ce petit coin étaitcomme une bulle hors du temps d'où elle ne pouvait apercevoir qu'undécor immuable. Ici, elle se sentait comme une enfant. Comme cettefille qui n'avait jamais quitté la maison et n'était pas là qu'ensimple visiteuse. La seule nouveauté aujourd'hui était la présencede Niylah à ses côtés. Depuis leur arrivée, Clarke tentait de laformer à la simplicité du quartier. A ses yeux en tout cas. Pourson amie, c'était une autre paire de moufles. La quantitéd'informations à enregistrer n'était pas rien. Sans parler detoutes les petites bizarreries de la famille en elle-même. Niylahs'adaptait d'ailleurs assez mal aux disputes de voisinage qui n'enétaient pas. Elle avait passé toute sa vie dans de grandes villes,l'aspect rural de ce petit patelin lui échappait donc complètement.Mais Clarke n'en démordrait pas. Elle était bien décidée à luimontrer à quel point cette partie de son monde valait la peinequ'elle se donnait pour s'habituer.
L'arrivée de Lexa ne manqua pourtantpas de lui faire perdre un peu de son focus. Soudainement, ce qui sepassait dans l'allée voisine devenait particulièrement intéressant.Elle écouta le remue-ménage, son sourire grandissant à chaqueréplique du trio. Quand la brunette apparu enfin, lui arrachant unrire, elle se questionna sur la drôle de sensation qui s'était miseà bouillonner doucement dans sa poitrine. Elle étaitjuste...heureuse. Stupidement heureuse. Elle profita sans complexedes quelques instants durant lesquels elle resta insoupçonnée pourl'observer.
Deux années n'avaient pas changéesgrand chose chez Lexa. Elle restait cette fille à la beauté épurée,exsudant d'une prestance que Clarke lui avait toujours jalousé. Elleaurait pu conquérir le monde sans s'en rendre compte juste aveccette énergie. Sa tignasse brune étaient mal contenue par un bonnetvert qui flattait joliment ses yeux. Et, bien sûr, il y avaitl'écharpe rouge nouée étroitement autour de son cou. Clarkel'avait toujours connue comme ça, bien emmitouflée et les jouesrougies par le froid. L'hiver était leur saison. Malgré laproximité de leurs maisons, elles avaient pu passer des mois sansréellement s'adresser la parole, mais dès que la magie de la find'année approchait, il y avait comme un déclic qui les rapprochait.
« - Pas de comité d'accueil ? »
Clarke la trouva drôlement culotté delui voler sa réplique. Elle se leva prestement et se rapprocha alorsque le sapin était posé doucement au pied de la brunette, abandonnélà pour une seconde. Lexa lui avait lancé son demi-sourire, celuiquiremontait seulement un coin de sa bouche, mais atteignait les yeux.Ce même sourire qu'elle avait détesté entre quatorze et seize ansavant de comprendre à dix-sept ans qu'elle ne le détestait pasvraiment. C'était même tout le contraire. Ce sourire avait éveilléen elle un sentiment qu'elle avait mis bien du temps à comprendre,pour sa plus grande frustration. Encore maintenant, elle restaitconfuse devant ce qu'il éveillait tant il était improbable qu'elleressente un tel sentiment après tant d'années sans s'en lasser.
« -Viens me donner mon câlin, Kane !
-Sinon quoi ? »
Lamoquerie était claire dans sa voix, venant titiller un peu safierté. Elle regrettait de ne pas pouvoir lui faire bouffer lapoudreuse, mais la neige restait encore absente. Bientôt, néanmoins.Elle le sentait au fond d'elle. Il neigerait dans les prochainsjours.
Clarken'était pas contraire à l'adaptation. Elle se rapprocha encore unpeu et se pencha un peu avec un sourire mauvais.
« -Je te vole Fish et je m'en sers comme bouillotte. »
SiLexa frémit lorsqu'elle lui murmura ça à l'oreille, elleslaissèrent soigneusement ce détail de côté pour rester du côtéinnocent de la Force.
« -Tu n'oserais pas ! »
Clarkelui effaça son air outré en la prenant enfin dans ses bras pour uncâlin qui s'était trop fait attendre. Deux ans qu'elle voulaitfaire ça. Deux ans ! Une telle attente était totalementintolérable et elle nota mentalement qu'il faudrait qu'elle s'assureque cela ne se produise plus jamais. En attendant, elle comptait bienen profiter. Si seulement...
« -Qui est-ce ? »
Elleretint difficilement ses grommellements quand Lexa s'éloigna, leregard fixé sur la nouvelle venue. Avec tout ça, Clarke en avaitoublié toute sa bonne éducation. Un peu gênée, elle s'empressa defaire les présentations.
« -C'est Niylah, ma coloc'. Elle fête Noël avec nous cette année. EtNiylah, je te présente Lexa, la fille des voisins.
-Et la livreuse de sapins. En parlant de sapin... »
Voilàque tout le monde s'y mettait. Jake avait attendu patiemment unmoment derrière, mais il tenait toujours le tronc de l'arbre. Clarkecomprit le message. Contrairement à sa mère, il avait hâte deretrouver la chaleur de la maison. Les retrouvailles seraient doncpost-posées.
« -Faut que j'y aille. Ravie de faire ta connaissance, Niylah.
-De même.
-Tu restes après ? »
Clarkese sentit stupide à espérer, mais elle avait un goût de trop peusur les lèvres. Lexa ré-apparaissait pour s'envoler quelquesminutes plus tard, c'était trop injuste. Il y avait encore tellementde choses dont elle voulait parler.
« -Non, je dois passer à la maison. Mais je repasserais plus tard,promis. »
Plustard semblait infiniment trop lointain à ses yeux.
« -Ok. Ben, tu sais où me trouver. On a encore des bagages à défaire,de toute façon. »
Cen'était pas un mensonge, en plus. Elle avait beaucoup de linges àabandonner dans la buanderie pour abuser de la merveilleuse machine àlaver familiale.
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So please just fall in love with me this Christmas
FanficClarke n'aura jamais été aussi impatiente de revenir dans sa ville natale pour les fêtes. Chaque année, c'est une routine bien huilée qui l'attends. Boire du chocolat chaud en se faisant battre aux échecs par Wells, cuisiner avec son père, assister...