BATIM | Bendy x Boris (FR)

Chapitre I : Retrouvailles

Ai-je toujours été comme ça...?

C'était d'un pas lent que je me dirigeais vers cette merveilleuse machine, celle qui nous avait donné la vie, à nous, les monstres se retrouvant ici. Cette fameuse machine n'était autre que l'extraordinaire machine à encre du Joey Drew Studios. Comme à mon habitude, je tournais autour d'elle, regardant juste l'encre s'évader de l'engin avant de repartir faire le tour de l'atelier, pour la millième fois. C'était devenu ma routine depuis son départ, depuis leur départ, depuis le commencement de cette folie... Une routine ennuyante et désespérante, était-ce ce qui constituait ma chère et précieuse vie de tous les jours. Je ne prenais même plus conscience de ma solitude, c'était devenu complètement normal pour moi, d'être seul...

La folie m'avait englouti tout entier, mais cela n'avait pas l'air de me déranger, après tout, je ne pensais plus, j'agissais juste. Cet endroit était devenu une vraie prison pour nous, les personnages faits d'encre. Les "monstres", étant dans cette prison avec moi, me craignaient grandement, je me demandais bien pourquoi. Mon apparence de "monstre sans sentiments" pouvait bien en être la cause, cependant... Si j'étais réellement fait comme tel, sans sentiments, sans émotions... pourquoi me sentirais-je autant nostalgique en voyant les affiches éparpiller un peu partout sur les murs ? Et pourquoi des prénoms, dont je ne connaissais plus l'existence jusqu'à aujourd'hui, sortiraient de ma bouche, sans mon consentement ?

"B...oris... Ali...ce... Hen...ry... J...oey..."

Ces questions me perturbaient, et m'effrayaient également. Mais une en particulier me revenait le plus souvent parmi toutes les autres ;

Pourquoi le prénom "Boris" me faisait-il autant mal ?

Si j'avais encore mes sentiments d'antan, j'aurais sûrement versé quelques larmes d'encres... Or, je n'en ai plus la possibilité désormais. Je caressais mélancoliquement l'affiche du fameux loup avant de la lâcher à contre-cœur et de poursuivre mon inspection. Je me sentais toujours mal en voyant ce visage si familier... J'avais toujours la même sensation qui venait quand je le voyais, une sensation douloureuse qui ne cessait de m'affaiblir, une sensation qui ne me laissait en aucun cas indifférent. Cependant, bien que cela me fit souffrir, bien que cela me rendit triste, je ne pouvais détacher mon regard de ce loup... de mon tendre ami, Boris. Un bruit de pas vint me sortir de ces malheureuses pensées, si j'étais un humain, je serais sûrement parti me cacher en entendant ces sons suspects, mais ce n'était pas le cas, je n'étais pas considéré comme un "être humain".

À cet instant précis, de l'encre commençait, progressivement, à couler du haut de ma tête, ce qui cachait mon front ainsi que mes yeux, tandis qu'un faible sourire venait assombrir davantage mon visage, et c'était sans réfléchir que je me mis à la poursuite de ces pas, ces pas lourds et bruyants. Mon envie de tuer revenait petit à petit en moi, comme toujours, cela ne changera sans doute jamais. En me voyant dans cet état-là, les monstres commencèrent à réciter cette fameuse phrase qui ne cessait de me mettre hors de moi quand je l'entendais : 

"Quiconque pénétrant cet endroit aura affaire au maître de ces lieux ; Bendy, le démon dansant."

Ces mots m'énervaient fortement, mais je ne disais jamais rien, les laissant à chaque fois dire ce qu'ils voulaient. Mes pas étaient assez lents, l'encre se trouvant un peu partout dans cet atelier me ralentissait énormément, ce qui affectait davantage mon état. Trouvant, finalement, l'origine de ces bruits insupportables, mon corps se figea d'un seul coup, tandis que ma bouche commençait à bouger et à trembler toute seule. Je me frottai aussitôt les yeux, le démon que j'étais ne pouvait croire ce qu'il voyait, juste en face de lui... Je pouvais apercevoir, de mes propres yeux, la personne qui me faisait tant souffrir, depuis une éternité, depuis le tout début de ce chaos. Elle se trouvait juste devant moi, seulement quelques mètres nous séparait... 

À ce moment-là, mon cerveau avait cessé de fonctionner, et mon corps tout entier était piégé par de nombreux frissons et de nombreuses sueurs froides. Sentant un certain malaise s'installer entre nous, un coin de ma tête se mit à réfléchir, peut-être que la personne, se trouvant juste en face de moi, n'était peut-être pas celui dont je voulais voir depuis si longtemps, même si à première vue, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, peut-être que c'était simplement son frère jumeau ? Il fallait vraiment que je sache son identité ! Ne trouvant aucune idée après un court temps de réflexion, je me décidai à y aller sans trop réfléchir, je voulais vraiment savoir si cette personne était la fameuse personne que je voulais tant voir. Je pris, alors, une profonde inspiration, et sans réfléchir, je me mis à prononcer, d'une voix basse et tremblante, le prénom de celui qui me faisait, peut-être, tant souffrir ;

"B...or...is...?"

► Chapitre II : Peur extrême