Je me souviens du feu qui brûlait dans la nuit ;
Un éclat chaleureux, belle petite étoile
Humaine et éphémère, et, nous, autour du poële,
Chantions, sourions, quand sonnait minuit.Je me souviens du vol, le premier de ma vie ;
Enfant de l'univers, je parcourais la terre,
J'aimais tous les pays, je survolais la mer,
Du Japon au Népal, de France à l'Australie.Je me souviens encor de ces charmants moments,
Oniriques balades au cœur des allées vertes ;
Sous le grand Arbre mort, nous pleurions sa perte
Et nous profitions tant de l'été assommant.Mais aussi de ce jour, où, esprit vagabond,
Je m'étais éclipsé, poète abandonné.
Et ma mélancolie à l'Aube avait sonné ;
Je contemplais la mer du haut de ce grand pont.Et durant ces instants, je vivais, invincible,
Le temps gourmand gouttait et j'en étais heureux,
Je n'étais plus alors un humain trop peureux,
Je vivais l'invivable et disais l'indicible.Souvenir, souvenir, ô ma douce mémoire,
Viens à moi je te prie, et donne-moi le Beau,
Des grands Changements, des plages et des Eaux,
Souvenir, souvenir, j'aimerais te revoir.Je me souviens aussi de cette maisonnée,
Brodée de cent secrets, regorgeant d'une vie
Inconnue pour mes yeux. Et tout ce que je vis
Fut cet ancien salon autant affectionné.Je me souviens : la mort. Le dur et lent sommeil
Qui condamne le cœur de tous ceux qui demeurent,
Et la vie qui s'enfuit, et la voix qui se meurt,
Le monde n'est alors plus qu'un cauchemar vermeil.Mais le miel de l'amour rouvre les cœurs perdus
À ces éclatants soleils, jeunes astres épris,
Qui au milieu des roses espèrent, attendent et prient
Pour satisfaire enfin l'espoir qui leur est dû.Les petits jeux d'enfants, les chemins innocents,
Les sourires et les pleurs, les grands feux de l'hiver,
La fleur du printemps qui inspire des vers,
Et le cœur d'un Octobre aux yeux si apaisants.Je me souviens du jour qui laissa décoller
Le Beau du Souvenir, l'Espoir des grands Mots,
Penché sur mon bureau, je soigne les maux
Soufflés à mon esprit qui aime s'envoler.
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Maux d'or
PoesíaParce que les mots sont d'or et que le silence d'argent, parce que la poésie d'or dort et qu'en elle se mêlent les rêves et les maux, parce qu'il faut bien s'exprimer sur ses maux avec des mots qu'ils soient d'or ou d'argent, le poète qui sommeille...