illegal | 26

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« Ce sentiment.
Ce sentiment d'être une merde, où que vous passiez, quoique vous faisiez. Ce putain de sentiment mélangé à une espèce de fatigue et une lassitude qui fait que la moindre chose allant mal vous donne envie de pleurer. J'suis simplement assise sur le rebord de la fenêtre, une fine cigarette entre les lèvres que j'ai dû chiper à ma mère, je regarde le spectacle qu'offre le ciel, ce mélange magnifique d'or et de rosée, d'éclats saphirs et de rouge flamboyant, et putain, je pense à toi.
Encore.
J'ai l'impression de ne pouvoir faire que ça. Que peu importe ce que pourront faire les autres, tu seras toujours dans un coin de ma tête, à me hanter nuit et jour sans que je ne puisse rien y faire. Je t'en prie, laisse-moi partir, laisse-moi tourner cette page qui refuse que je l'effleure. Je t'en prie Jack, bordel, laisse-moi périr si tu refuses que je vive. »


C'était un mardi soir comme les autres, assise dans la voiture de la mère de Seulgi, une balade de Crush en fond et les lampadaires municipaux en décor. C'était reposant, Irène adorait cette sensation. L'habitacle était sombre et seule la douce musique résonnait, mais c'était absolument tout ce qu'il fallait. Irène repensait à Taehyung. Ses yeux détruits et sa mine pale. Elle avait connu ce sentiment, celui d'être misérable, un moins que rien, impuissant face au décès d'un être cher. Son grand-père paternel avait été un bon entraînement, pourtant, Irène ne pouvait s'empêcher de penser à comment elle réagirait quand cette fois-ci, son second grand-père s'en irait pour de bon. Son AVC l'année précédente n'était qu'un avertissement, mais combien de fois la brune avait pensé amèrement qu'elle préférait le savoir mort qu'à moitié vivant, incapable de redevenir comme avant ? Tout cela la faisait atrocement souffrir, mais elle n'en parlait pas, à quoi bon ? Elle préférait faire rire sa famille et ses amis, que tout se passe bien, pas leur prendre la tête avec ses problèmes.

Sa maman lui avait dit, plusieurs fois, « Tu sais que tu peux venir nous en parler si jamais ça ne va pas. Je sais que c'est une situation difficile, mais papa et moi on est là si tu as besoin », et Irène avait répondu avec le sourire de quelqu'un d'étonné, « Mais tout va bien, t'inquiète ». Tout n'allait pas bien.

Le passé et la mort avaient toujours été des sujets sensibles chez elle. Pourtant, elle ne faisait qu'y penser, comme si elle aimait quand son cœur se serrait, qu'elle aimait se faire souffrir.

La voiture s'arrêta. Irène salua son amie et sa mère et descendit dans la nuit noire de l'hiver.

Jack: on peut parler?

Son cœur fit un bond.

Irène: de quoi?

Jack: une bonne fois pour toute. j'ai besoin de savoir des choses.

Irène: dis-moi

Jack: par messages?

Irène hésita, les doigts tremblants, seule dans le couloir sombre de son immeuble.

Jack: ouais, j'avais oublié que nous deux ça se résumait exclusivement à ça

Irène: arrête

Jack: bref, peu importe, le mal est fait

Jack: dis-moi si tu m'aimes encore

Irène: pardon? ne fais pas ce genre de choses

Jack: tu préfères le passé? je ne crois pas, non, alors réponds simplement

Irène: et toi alors? pourquoi tu ne répondrais pas toi-même à ta question?

Jack: Irène, s'il te plaît, arrête ça

Irène: je n'ai rien commencé

Jack: réponds

Irène soupira, décrochant les yeux de son cellulaire. Que répondre à ce genre de choses ? Comment réagir ? Elle avait peur, elle ne voulait plus de problèmes. Son téléphone vibra une nouvelle fois mais elle refusa dans un premier temps d'y jeter un coup d'œil. Jackson était quelqu'un d'impatient, d'impulsif, qui ne supportait pas qu'on l'ignore, alors quand son portable vibra une nouvelle fois, ça n'étonna pas Irène. Elle s'assit dans les escaliers, attendant le moindre signe. Elle savait qu'il pensait sûrement qu'elle était lâche, à ne pas vouloir répondre, à fuir comme elle en avait l'habitude. Troisième sonnerie.

Quatrième.

Elle avait envie de pleurer, elle se sentait étouffée. La main tremblante, elle alluma son téléphone et son cœur fit un nouveau bond.

Taehyung: salut toi

Taehyung: tu sors avec moi ce soir? j'connais un bar sympa

Comment se faisait-il qu'il apparaissait à chaque fois qu'elle avait besoin de... lui ? Elle souffla un bon coup et évita les deux messages de Jackson, pour répondre à l'autre brun.

Irène: à quelle heure?

Taehyung: je peux passer maintenant?

Irène: je dis à mes parents que je vais dormir chez Seul' et je descends

Taehyung: ça me fait plaisir baby girl (:

Irène: commence pas

Taehyung: je n'ai rien commencé (:

Elle entrouvrit les lèvres, puis bascula immédiatement sur la conversation avec Jackson. « Je n'ai rien commencé ». Taehyung se foutait vraiment de sa gueule sans même le savoir.

Jack: je savais que je n'aurais pas dû revenir vers toi, tout est toujours tellement compliqué

Jack: oublie cette conversation, en fait, oublie moi carrément, ça ira plus vite.

Irène: je t'aime encore, je t'ai toujours aimé, mais je ne peux plus être avec toi, j'ai eu tellement mal, tu ne le voyais pas, tu étais trop content, mais pas moi. j'espère que désormais tu es content, tu as ta réponse. que vas-tu en faire? maintenant laisse-moi, arrête de me hanter.

Jack: ...

Jack: c'est pas de ma faute si tu m'aimes comme ça, c'est pas moi qui ai voulu te hanter de la sorte

Irène: j'en ai bien conscience, laisse-moi juste sortir de là, je suis sûre que je peux y arriver, juste, ne remue pas le couteau dans la plaie et supprime mon numéro

Jack: fais de même

Irène: très bien

Ses doigts tremblants se déplacèrent sur l'écran. Il fallait le faire, comme une sorte de nouveau départ, l'année ne faisait que commencer, il fallait tout oublier. Irène aperçut la silhouette de Taehyung à travers la porte d'entrée vitrée, alors, elle lui sourit même s'il ne pouvait pas encore la voir, et supprima le numéro de Jackson.


Jack: je t'aime aussi tu sais
[non distribué]




Jack: je t'aime aussi tu sais [non distribué]

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𝙄𝙇𝙇𝙀𝙂𝘼𝙇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant