Dunkerque.

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Dunkerque, terre d'orage.

Lucien se rapproche de sa fenêtre, touche les bords 3 fois, comme tous les matins. Il perd son regard près des vagues, se perd lui même dedans, il ne sent plus son corps, ses pensées arrêtent de peser dans son esprit quelques secondes. Le calme s'empare de tout son être, la mer l'emporte, il respire. Il cesse d'admirer ce tableau, reprend ses esprits même s'il ne le veut pas et enfonce ses écouteurs dans ses oreilles, la musique se déverse et le rempli, il enfonce ses cachets dans sa bouche, ceux qui font moins peser sa tête. Celle-ci bourdonne. Est-ce l'effet du brouhaha incessant qui l'entoure ? Il l'espère, il se le fait croire, pour son bien, se dit-il instinctivement.

Ce soir, il devra affronter le regard de sa psychologue, lui affirmer que tout va bien, que les angoisses glissent sur lui comme les gouttes de pluie sur sa grande fenêtre, que ses TOC diminuent, tout en se grattant le genou 3 fois. Qu'il ne pense pas à se réfugier près de sa fenêtre à chaque tremblement. Sa grande fenêtre, qui le fait cohabiter avec la mer bleue grise. Cette fenêtre qui l'a vu grandir et prendre ses cachets, car il doit se sentir mieux. Ses parents lui disent que tout ira bien depuis qu'il est si petit qu'il ne s'en souvient même pas, quand ses troubles ont commencés. Ce traitement, il s'y raccroche comme si c'était le seul rocher de la côte qui le sauvait d'un tourbillon qui finirait par une noyade, comme si c'était une façon de s'échapper à lui.

Dans un élan habituel, il rejoint la plage, s'assoit sur son sol rugueux, prend le sable entre ses mains et l'écrase, si fort que ses jointures blanchissent, il lâche un souffle de désespoir qui provoque une petite nuée blanche, une expiration de son malheur. Si tout pouvait partir dans ce froid hivernal, si son corps, si chaud, pouvait se transformer en cette nuée bl anche et simple, sans forme, sans lourdeur, sans douleur.

LucienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant