Trois jours après son échange avec la Dame du Fort, Illiana s'apprête à commencer une nouvelle matinée de tâches éreintantes quand Graham se dresse sur son chemin, l'empêchant de rejoindre les autres.
- Pas toi, bougonne-t-il. Tu accompagnes Dame Gwendoline aujourd'hui.
L'elfe met un certain temps a comprendre le sens de ses paroles. Devant son air perdu, le contremaître consent à préciser :
- Notre Dame veut que tu l'accompagnes dans sa promenade du jour, tu as intérêt à bien te comporter. Maintenant, file aux cuisines chercher des provisions et attend-la devant l'écurie.
Illiana ne se le fait pas dire deux fois et s'exécute rapidement. Elle va enfin sortir de ses murailles grises pour aller à l'extérieur ! Arrivée devant l'écurie, elle peine à garder son impassibilité. Un gros panier de nourriture dans les mains, elle observe le va-et-vient de la basse cour.
Une jeune esclave d'une quinzaine d'années la rejoint avec plusieurs gourde d'eau. Elle lui adresse un sourire timide auquel elle répond par un hochement de tête. Enfin, les palefreniers sortent de l'écurie deux chevaux harnachés. Le premier est un solide destrier au poil gris, le second une jeune jument pie à l'allure racée. Sur un geste du contremaître, les deux esclaves répartissent leur charge dans les sacoches de selle des deux animaux. Illiana doit se retenir de caresser la jument tout en exécutant sa tâche.
L'elfe se retourne au moment où la Dame du Fort entre dans la basse cour. Elle porte une jupe fendue d'un rouge vif, brodée d'argent et un bustier assorti. Ses cheveux de jais sont tressés et tombent sur son épaule droite. Une longue cape de fourrure vole au rythme de ses pas. Une cascade de murmures admiratifs et de révérences l'accompagnent et Illiana se plie elle aussi au protocole. Elle doit reconnaître que la jeune femme a une élégance particulière. Sur ses talons, Oriane, dans son éternelle armure, semble surveiller le moindre geste de toutes les personnes présentes.
L'un des palefreniers s'avance et lui tend les rênes de la jument, qu'elle enfourche avec aisance. Oriane fait de même avec le destrier et elles se dirigent au pas vers la sortie, les deux autres dans leur sillage. Illiana adresse un sourire encourageant à la jeune fille qui semble déjà compter les ampoules qu'elle aura aux pieds demain.
La route qui descend de la forteresse vers la plaine les mènent bientôt hors de vue des guetteurs. À peine l'arête de la montagne franchie, la magicienne s'arrête et se retourne en direction des deux esclaves.
- Venez par ici toutes les deux.
Dociles, elles obéissent.
- Comment t'appelles-tu ? demande la Dame à la jeune fille.
- Néomia, maîtresse, bredouille-t-elle.
La noble hoche la tête, puis se tourne vers Oriane. Celle-ci se penche et saisit Néomia sous les bras pour la faire monter devant elle. Un hoquet de stupeur s'échappe des lèvres de la jeune fille avant qu'elle ne jette un regard plein d'interrogations à la femme-soldat.
- Si vous devez nous suivre à pieds, nous n'avancerons jamais, l'éclaira la magicienne.
Se tournant vers Illiana, elle ajoute en lui tendant la main :
- Aller, en selle.
L'elfe jurerait avoir vu une pointe de malice dans les iris dorée de la cavalière. Elle prend appui sur l'étrier, saisit la main tendue et se retrouve assise en travers de la selle, devant la jeune femme.
- Bien, en route ! s'exclame celle-ci en souriant.
D'un coup de talon elle lance sa monture au petit trot.
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Destinées
FantasyElle est seule dans le noir, avec le bruit de ses sanglots et l'odeur de son propre sang. Elle est seule dans la lumière, avec le goût amer de son impuissance et le sol froid sous ses pieds. À l'heure où les épées et la magie écrivent une page de l'...