XV - Lettre à Toi

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XV - Lettre à Toi

Il est de ces nuits de contemplation où lorsque les lumières des villes révèlent la folle nuit de chacun, où les âmes se libèrent et où le mystère opère, que je suis pris d'une certaine mélancolie et je repense à Toi. Ce soir les violons m'emportent dans une de ces belles tristesses comme celles que tu as pu ressentir. Si j'ai décidé de t'écrire ce soir c'est car j'ai quelque chose à dire, un poids sur le cœur qu'il me reste qu'à laisser s'envoler.

A l'heure où je couche ces maux sur le papier, il fait noir dehors et je repense à nos soirées passées aux terrasses des bistrots et à cette sensation d'éternité. Je n'ai pas su te garder, te préserver, ni même te sauver, et j'en suis désolé. Si ce soir j'écris ces mots, c'est car je veux te dire des choses que je n'ai pas réussi à prononcer et pourtant même si en ce moment tu dois me haïr, mon cœur que j'essaye d'étouffer est brûlant de t'écrire, de te parler, d'un dernier mot en bons termes car vois-tu, ce n'est pas comme ça que les histoires dignes de comptes de fée doivent se terminer.

Je ne te reproche rien, je sais à quel point ta vie était dure, je sais à quel point tu luttais tous les jours pour sortir la tête de l'eau et prendre de l'air frais, rien qu'un instant seulement. Tu luttais pour respirer mais en même temps tu donnais tellement d'oxygène aux autres. Je n'ai pas besoin de citer de noms ou de donner d'exemples concrets car je sais que chacun en lisant ces mots se rappelleront qu'à un instant de leur vie, tu as été présente pour eux et qu'ils ne porteront pas un mauvais souvenir de ton bref passage dans leur vie. Je sais que les choses simples et pourtant si difficile à avoir te tenaient à cœur, la confiance, le respect, l'empathie, l'amour. Toutes ces choses qui te manquaient et que tu continuais sans cesse de donner aux autres, dans tes derniers efforts. Avec toi je me sentais vivant, confiant, fort. Tu m'as permis de me sentir puissant, j'arrivais parfois à t'aider, à te protéger de ces démons qui te hantaient et j'en étais fier. C'est en plongeant dans tes yeux bruns, en lisant tes mots que j'ai su puiser la force qui m'as permis de réaliser tant de choses. Depuis ton départ un vide s'est installé car personne d'autre que toi ne peut le combler. Tu m'écoutais, tu me soutenais, tu étais là pour moi quand je me sentais horriblement seul et j'ai fait des choses avec toi que je n'aurais jamais osé faire plus tôt dans ma vie. Que ce soit une simple sortie au bar, aller au restaurant ou d'autres simples et banales choses. J'étais trop installé dans ma zone de confort pour en sortir et je suis fier d'avoir fait ce pas en avant avec toi. Tu m'as donné le courage d'être cette personne que je rêvais d'être. J'ai toujours chez moi ce livre que tu m'avais prêté. Je le garde précieusement comme un fragment, une relique d'une histoire qui n'arrivera peut-être plus jamais. Je le garde en souvenir de quelqu'un qui m'appréciait à ma juste valeur et qui était sans cesse fière de mes accomplissements, que ce soit l'aboutissement d'un projet, où juste parce que j'arrivais à sortir la tête de l'eau.

Quand tu étais mal tu avais pour habitude de t'enfermer dans ta bulle et ça me faisait tellement de peine de ne pas pouvoir t'aider comme tu le faisais avec moi. J'aurais voulu t'aider à sortir du trou, à sortir la tête de l'eau, mais malheureusement mes outils n'étaient pas adaptés. J'ai tout fait pour combler le vide de tes absences, j'ai bu, j'ai mangé, j'ai fait tout et n'importe quoi, et pourtant il y avait toujours ce mal-être en moi, à savoir que tu souffrais, que tu n'allais pas bien. J'ai toujours voulu t'aider et même si ces mots ont pu être des fois maladroits, je t'ai toujours tout dévoué mais tu sais, compter les jours en attendant qu'un jour tu puisses revenir, ce n'est pas vivre. J'ai été là tous les jours à te parler et pourtant rien n'y faisait, je n'arrivais pas à te faire parler. Tu sais, j'ai essayé de vivre sans toi, j'ai essayé de sortir comme on le faisait mais rien ne marchait... A chaque fois j'étais pris d'un immense mal-être car je pensais à toi, je pensais aux réactions que tu aurais pu avoir, aux mots que tu aurais pu me dire, aux choses que j'aurais pu te faire découvrir et tout ça me faisant vraiment souffrir, alors je rentrais chez moi, discrètement, comme un voleur qui part après son larcin. J'ai déchiré mon cœur, mon âme en deux, à choisir entre t'attendre ou vivre. Je ne pouvais pas t'abandonner à ton sort sans tout essayer, mais j'ai aussi réalisé qu'en essayant de te sortir du trou que tu avais creusé, j'étais moi aussi entrain de tomber dedans, alors j'ai eu peur. J'étais effrayé de te perdre, j'étais apeuré de perdre toutes ces belles choses que nous partagions et le soir les larmes aux yeux, je regardais les messages qu'on s'étaient envoyé, je voyais la légèreté et la joie dans nos mots et cela me manquait cruellement. Malheureusement, ton absence à été à la hauteur de ta présence. Je ne dis pas ça pour t'accabler ou pour te faire sentir coupable, je ne t'accuse de rien. Je laisse juste mon cœur parler.

Je vais brièvement conclure car mon cœur s'emballe et je n'ai pas envie de glisser dans cette spirale vicieuse que j'ai tant de mal à combattre moi aussi. Je ne sais pas où tu es, ni ce que tu fais, mais je sais que tu le fais avec ton cœur et le plus de force et de courage que tu puisses y mettre et c'est pour ça que je t'aimais, que je t'admirais, c'est pour cette force, ce courage, cette détermination qui ont réussi à te faire bousculer des montagnes. Je te souhaite le meilleur pour la suite car tu le mérites, tu es quelqu'un de bien. Ton cœur brille de mille feux et j'ai été très heureux et fier de te connaître, de passer ces moments avec toi. Je t'aimerais toujours.


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⏰ Dernière mise à jour : Jan 30, 2018 ⏰

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