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Il m'avait amené sur le terrain non loin de son logement. Devant nous se dessinait la vallée et la forêt qui s'étendait à perte de vue. La brise venait frotter nos visages, soulever le pan de nos vêtements et bien que le soleil était présent, j'avais ressenti un frisson – ce genre de frisson qu'il faut éviter si on ne veut pas se retrouver clouer au lit avec de la température. « La première fois que je l'ai vu, ce fut là-bas... » Il avait pointé du doigt un léger sentier qui entrait dans la forêt non loin de celui qui menait au château. « Il était assis et me regarder puis, il est parti. Il ne semblait pas avoir peur de moi alors que les loups sont des créatures craintives. Je ne sais pas ce qui se serait passé si je me serais rapproché, et plus j'y pense, plus je me dis qu'il ne serait pas enfui.

- Et...vous pensez que cet animal était le même que celui que j'ai vu cette nuit. » Il regardait l'horizon l'espoir de sûrement le voir apparaître à nouveau. Contrairement à la plupart des personnes, il ne semblait pas craindre ces canidés et au contraire, il pouvait passer des journées entières à les observer. Son intérêt pour ces bêtes avait attisé ma curiosité. « Je ne le pense pas. J'en suis sûr. » Nous avions entamé la descente vers le sentier dans un silence ponctué par la mélodie du ventre dans les arbres. Même si le village se trouvait devant nos yeux, nous nous sentions très loin de tout ça. Le bruit des voitures n'était que de simples murmures, le vent venait à briser le vacarme avant qu'il nous atteigne. Je n'avais jamais ressenti cela auparavant et Hugo avait qualifié ces instants étant simplement des moments de paix. Il suffisait simplement de prendre une grande inspiration et de se laisser aller.

Je n'avais eu nul besoin de regarder en sa direction. J'avais senti son regard accusateur – et dans un élan de curiosité, j'avais jeté un coup d'œil en sa direction. Il se tenait debout, le vent venait faire onduler son tee-shirt sur sa peau, mais cette violence de la nature ne semblait pas l'atteindre. Il faisait face à cet élément et continuait à nous observer. Il m'avait été difficile de soutenir son regard du à son intensité – il me jugeait alors qu'il ne me connaissait pas et au fond de moi, et sans vraiment comprendre pourquoi, cela me blessait. « Dites-moi...qui est-ce ? » Il n'avait nul eu besoin de suivre mon regard. Il savait de qui je parlais et il n'avait montré aucun signe de mécontentement à sa présence. « Il se prénomme Thomas – et malgré ce que peut dire les gens, il n'est pas méchant.

- Le Maire ne semble pas le porter dans son cœur. » A cette déclaration, Hugo n'avait pu s'empêcher de sourire. « On va dire que...plus jeune...Thomas l'a attaqué d'une manière assez peu commune pour un homme.

- Comment ça ?

- Il l'a mordu. » Hugo avait eu du mal à cacher son rire tandis que j'étais dubitatif face à cela. « Il l'a mordu si fort qu'il a eu des points de sutures. » Quel homme pouvait-il mordre jusqu'à l'os ? Son regard s'était adouci quand nous fîmes quelques pas en sa direction. Cependant, l'expression de son visage changea ; il passa de méfiant à craintif puis à une once de peur quand nous nous retrouvâmes à quelques pas de lui. Alors, il prit peur et se mit à dévaler le reste du terrain pour se perdre dans cette forêt qui n'en finissait plus. Il s'était échapper de la même manière qu'une biche s'éloigne de son prédateur et même si cela m'avait laissé perplexe, Hugo semblait y être habitué. « Ne vous inquiétez pas pour ça. Thomas, il est comme un chiot, il se laissera approcher quand lui le décidera, mais avant. J'ai eu du mal à m'y habituer, mais avec le temps...

- J'ai l'étrange sensation que vous parlez plus d'un animal que d'un homme. » Hugo m'avait souri avec cette franchise dans les yeux. « Depuis que j'ai vu ce qu'il a fait à cet abrutis de Maire, je préfère le considérer comme un animal...croyez-moi. »

TherianthropyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant