Un regard

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Il avait un regard perçant. Un rire envoutant. On se comprenait. Mais j'accuse la situation, piètre situation.

Je l'ai rencontré grâce à une rencontre passée. Folle rencontre entre une mère et un homme charmant, comme son fils. Un été, un peu de soleil: une situation idéale. Echange de caresses dans un champ. Plaisir partagé dans un lit du haut de nos jeunes âges. Nous étions inexpérimentés, nous aimions ça, nous partagions cela. J'avais envie de sentir son regard sur moi encore et encore. Ces quelques jours teintés d'une ambiance charnelle et mystérieuse se sont terminés. C'était trop tôt. Trop tôt pour mettre fin à quelque chose de puissant. Nous avions besoin de nous serrer encore quelques temps.

Nos études devaient reprendre. Nous étions loin l'un de l'autre. Mais nous avions assez de projets pour mettre de cotés nos pensées bientôt réunies, enneigées.

Décembre arriva. Il faisait froid, mais mon coeur impatient se réchauffait. Il avait peur, il était curieux mais ne voulait pas se cacher: il appelait cela la vie.

Je retrouvais ce regard perçant, apeuré. Il voulait se protéger de l'invivable.

Quelques jours passaient. Mon regard le cherchait impatiemment, le sien me fuyait. Il ne voulait pas s'écorcher. J'étais prête à patienter, sûre de ce que nous partagions. Un réveillon, une grande fête, un peu d'alcool, la conscience de ce bonheur infini nous a permis un baiser, décomplexé, caché par la nuit.

Conscience courte. Lendemain sombre. Peut être avait il trompé sa maitrise. Cette nuit là il ne maitrisait pas. Il n'était pas question d'impossible, son désir avait dominé sa raison.

Il neigeait et nous nous sommes quittés. Il a suffit d'un câlin pressé, acharné, accroché pour que mon coeur bondisse. Son coeur avait parlé. Il me laissait le souvenir de son désir. Le souvenir d'une passion étouffée. Il avait donc suffit d'un geste, d'un signe, d'un égarement pour me maintenir éveillée.

Eveillée je l'étais. Toi tu es loin. C'est une seconde fois que l'on s'éteint pour un temps ou pour longtemps. Cette distance est inspirante. Elle m'incite à t'imaginer, te penser et surement t'idéaliser. Qu'ai je à perdre à te modeler? A te rêver attendris, impatient de moi, de nous.

Je dis là ce que mon esprit s'efforce à contredire. Je vois un autre. Cet autre, je crois l'avoir voulu pour enfin vider ce trop plein trop vide. Trop rejeté, trop négligé.

il me parle et pourtant j'attend tes mots. Tristement, j'ai conscience de t'attendre. Alors je me retire de ces étreintes pour oublier leurs existences. Ainsi, peut être, surement je te laisserai t'envoler.

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⏰ Last updated: Feb 05, 2018 ⏰

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RegardsWhere stories live. Discover now